La banque régionale quitte provisoirement son siège en face de la gare de Strasbourg pour installer les quelque 400 salariés concernés dans le quartier d'affaires périphérique Archipel-Wacken, le temps - long de trois ans - de se reconstruire un édifice à l'emplacement historique. Le projet de 60 millions d'euros dépasse le cadre immobilier pour se concevoir comme un vecteur de transformation interne.


C’est une opération à tiroirs à coups de milliers de mètres carrés que le Crédit Agricole Alsace-Vosges a lancée à Strasbourg. La banque (*) a déménagé en juillet dernier dans le quartier d’affaires périphérique Archipel les 370 collaborateurs de son siège situé en face de la gare centrale, le temps que celui-ci se reconstruise.

Le curage de la construction actuelle a commencé cet automne, prélude à une démolition de haute technicité par l’entreprise Lingenheld qui se prolongera jusqu’en octobre 2023. Ensuite, les fondations se poseront pour un nouvel ensemble de 14.000 m2 à ériger pour fin 2025, moyennant un investissement total de 60 millions d’€. Le Crédit Agricole lui-même en occupera environ 8.000 m2. Il proposera le solde, en location, à des utilisateurs extérieurs pour de l’activité tertiaire qui trouvera ainsi un emplacement de choix, au pied de la gare. 

Entretemps, son personnel concerné se regroupe sur un périmètre plus réduit (4.000 m2) dont chaque portion a, par conséquent, été étudiée au plus près. « Nous trouvons des marges de manœuvre par la modularité », souligne Pascal Maire, directeur immobilier du Crédit Agricole Alsace-Vosges. La banque a conçu l’aménagement avec la PME spécialisée Korus de Nordhouse (Bas-Rhin) de façon à rendre la plus conviviale la période transitoire, longue quand même de trois ans.

 

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Les espaces communs du siège provisoire se veulent conviviaux. © Crédit Agricole Alsace-Vosges.


Une « place du village » s’installe au huitième étage, l’avant-dernier de l’immeuble développé par les promoteurs Demathieu Bard Immobilier et Adim et propriété d’Amundi, la filiale de gestion d’immobilier du groupe Crédit Agricole. Le restaurant au même étage présente incontestablement les atouts de la luminosité et d’espaces généreux. On peut notamment y croiser un être en général invisible, voire inaccessible : le technicien support informatique, capable de vous débloquer le bug de l’ordinateur qui vous désespère. « Nous avons voulu que les titulaires de fonction aillent à la rencontre des collaborateurs et non l’inverse qui les enfermeraient comme dans une tour d’ivoire », commente Pascal Maire.

 

Réemploi du mobilier

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Le Crédit Agricole Alsace-Vosges reconstruira son siège à côté de la gare de Strasbourg. © Denu & Paradon


Comme d’autres parties de ce siège provisoire, le mobilier y assure le lien avec l’ancien bâtiment bientôt détruit : près de 2.000 éléments de celui-ci (chaises, etc.) sont réutilisés au total sur le site Archipel, tandis que les 3.000 autres font l'objet de donations à des associations. Aux grandes salles de réunion, la caisse régionale a préféré, dans ses bâtiments provisoires, des espaces de plus petite dimension, mais plus nombreux (70), en adaptation aux nouvelles organisations du travail mélangeant présence et distance héritées de la crise sanitaire.

Le nouveau siège, quant à lui, sera donc prêt fin 2025. Il est conçu par l’agence d’architectes strasbourgeoise Denu & Paradon. « Nous avons cherché à insérer au mieux ce geste contemporain dans son environnement architectural remarquable hérité de la période allemande (1870-1918) de Strasbourg », souligne l’architecte Christian Paradon.

 

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Pour la filiale régionale du Crédit Agricole, le projet de nouveau siège dépasse le stade immobilier. « C’est un élément-clé d’un projet de transformation d’entreprise », relève son directeur général Gérald Grégoire. « Nous lui avons assigné quatre buts : être une vitrine pour nos collaborateurs et nos clients ; créer un environnement d’espaces collaboratifs adapté aux nouvelles organisations ; être modulaire et évolutif ; ériger une construction écoresponsable qui vise une triple labellisation, l’anglo-saxonne Breeam Very Good, l’allemande Passivhaus (bâtiment passif) et la française Bâtiment bas carbone (BBCA) » énonce Vincent Strasser, responsable de la logistique et du patrimoine.

Pour les collaborateurs, cette ambition doit s'incarner par exemple dans la grande agora lumineuse qui les accueillera à leur entrée sur leur nouveau lieu de travail.

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Ce bâtiment est aménagé pour contribuer à un projet général de transformation d'entreprise. © Denu & Paradon

 

De l’ambition dans l’immobilier 

Le nouveau siège de 14.000 m2 - surface équivalente à l'actuel - porte également une partie de l'ambition immobilière pour le Crédit Agricole Alsace-Vosges : hisser sa foncière parmi les acteurs de poids de ce secteur dans le Grand Est. Cette filiale « Foncière Alsace-Vosges », jusqu’alors assez discrète, compte détenir 300 millions d’€ d’actifs dans cinq ans, en premier lieu (45 %) en bureaux, ainsi qu’en commerces, logements collectifs et hôtellerie. Elle sort d’ailleurs de l’ombre par ce dernier domaine : elle co-investit 50 millions d'€ avec la Banque des Territoires à Vittel (Vosges) pour racheter et moderniser trois des hôtels de la station thermale et apporter ainsi une contribution majeure à l’entreprise de redynamisation du site. « Notre critère d’investissement peut se résumer aisément : tout ce qui concourt au développement du territoire Alsace-Vosges de compétence de la caisse régionale », expose Pascal Maire.

 (*) chiffres-clés 2021 : 247,6 millions d'€ de revenus, résultat net de 52,4 millions d'€, fonds propres de 2,2 milliards d'€, 471.000 clients (dont 27.000 nouveaux), 11,1 milliards d'€ de crédits accordés, 1.437 salariés.

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