Une levée de fonds de 900.000 euros dans l’été consolide le développement de Holy Owly, application d’apprentissage de l’anglais pour les 3-12 ans, que la start-up Kids MBA a créé avec le renfort de chercheurs de l’Université de Franche-Comté. Pixee Medical, qui vient de s’installer à Besançon, n’attend plus que le marquage CE, d’ici fin 2019, pour commercialiser sa solution de guidage par lunettes connectées destinée à assister les chirurgiens lors de la pose de prothèses de genoux.
• Holy Owly accélère dans l’apprentissage de l’anglais dès trois ans
Pour mettre au point Holy Owly, une méthode d’apprentissage de l’anglais pour les enfants de 3 à 12 ans, Stéphanie Bourgeois et Julie Boucon, fondatrices de Kids MBA, avaient besoin d’expérimentation. La première avait eu l’idée de créer l’outil qu’elle ne trouvait pas pour maintenir le bon niveau d’anglais acquis par ses enfants dans un lycée français de Shanghai, où elle avait vécu. La seconde, sa sœur, diplômée comme elle d’une école de commerce, l’avait rejoint dans ce projet qui avait démarré en septembre 2015.
Une première levée de fonds de 900.000 €, dans l’été, leur a enfin permis d’envisager l’avenir plus sereinement. « Un binôme de femmes sur un sujet très parisien… On a mis un an de plus qu’une levée de fonds sollicitée par des hommes », estime Stéphanie Bourgeois. « Suite à deux échecs consécutifs proche du closing [ vente, ndlr ] et grâce au passage dans l’émission de Stéphane Soumier, sur BFM Business, nous avons enfin trouvé deux partenaires et un business angel, Chantal Baudron, prêts à prendre 25% du capital et surtout à nous faire confiance ! »
Créée en septembre 2015 avec l’aide de professeurs d’anglais natifs, l’application Holy Owly – « chouette sacrée » en français, une expression courante chez les Anglo-saxons et un bon test de prononciation pour les francophones – avait été expérimentée pendant trois ans par une cinquantaine d’enfants, sur tablettes, dans une école périscolaire bisontine baptisée Kids MBA, comme la start-up. « Cela nous permettait d’ajuster l’application en temps réel », explique Stéphanie Bourgeois. « Nous nous adressons aux 3 à 12 ans avec neuf niveaux en fonction de l’âge. »
Car dans un second temps, Kids MBA avait fait appel à des chercheurs de l’université de Franche-Comté, des spécialistes des mécanismes cérébraux et de l’apprentissage linguistique des enfants qui avaient conforté les deux fondatrices sur la nécessité d’un apprentissage précoce : à sept ans, les mécanismes d’imitation s’éteignent, et à huit ans, le larynx est définitivement fermé à d’autres accents, rendant très difficile l’acquisition de nouveaux phonèmes.
La commercialisation dans les « app store » a été lancée en 2017, à l’issue de l’expérimentation et parallèlement à son utilisation en milieu scolaire – environ 60 classes en cette rentrée 2019. Le principe est celui d’un abonnement mensuel ou annuel pour un apprentissage de cinq minutes par jour, en toute autonomie, avec trois mots et trois phrases et, en option, la possibilité d’une conversation hebdomadaire, par Skype, avec un anglais natif.
Avec la levée de fonds, l’équipe peut maintenant s’agrandir : un spécialiste de marketing digital avait été recruté en janvier, une graphiste est arrivée fin août et un développeur était attendu début octobre. Ils sont six, désormais, qui planchent sur la suite : un système d’évaluation de progrès des enfants et une version pour apprendre le français aux jeunes Américains et Canadiens en janvier 2020.
• Pixee applique la réalité augmentée à la chirurgie orthopédique

Des lunettes Google, Hololens ou Vuzix, pour positionner au tout petit degré près la prothèse de genou, grâce à une solution logicielle qui guide le chirurgien ? C’est le dispositif intelligent et ultra-prometteur que Sébastien Henry, qui avait déjà créé Onefit Medical, en 2011, à Besançon (Doubs), est revenu lancer dans les locaux de Temis Innovation.
Pixee Medical avait été créée en 2017 à Annecy, pour des raisons pratiques, mais la start-up s’est finalement installée début septembre au pays des microtechniques où l’ENSMM, l’Université de Franche-Comté et l’ISIFC forment des compétences précieuses pour la conception, l’homologation et la commercialisation de dispositifs médicaux.
« Nous sommes passés de 5 à 15 en un mois en recrutant dans le bassin local », confirme l’entrepreneur qui, outre le déménagement et ce recrutement intensif, vient aussi de lever 2 millions d’€ auprès du groupe Turenne Capital, Invest PME et CAFC Investissement. Un pool auquel il faut ajouter Alain Tornier, pionnier des prothèses high tech, notamment de l’épaule, qui a lui aussi investi dans Pixee. « Surtout, il apporte du conseil, puisque nous démarrons justement un projet pour la pose de prothèses d’épaules », confie Sébastien Henry.
La levée de fonds va permettre de lancer la commercialisation, début 2020, de la solution pour la pose de prothèse du genou et de démarrer ces travaux sur la prothèse d’épaule, dont la solution affichera, cette fois, un hologramme. Une chirurgie qui ne concerne encore que 400.000 à 500.000 cas par an dans le monde, « mais 1 sur 47 seulement est réalisé dans une position optimale », poursuit Sébastien Henry.
Pour la prothèse du genou, dont 100.000 sont posées en France chaque année, une sur quatre seulement le serait parfaitement, dans l’alignement optimal, selon lui. Sur ces 100.000, environ 15% sont guidées par des robots, et Pixee compte bien partir à l’assaut des 85% restants par le biais des fabricants de prothèse, très alléchés par la solution. Dès lors qu’elle aura obtenu le marquage CE, attendu avant fin 2019, espère l’équipe bisontine.
La solution Pixee est un dispositif de navigation chirurgicale en réalité augmentée mis au point à partir d’algorithmes propriétaires et s’intégrant à des lunettes connectées. Une solution nourrie d’intelligence artificielle, facile d’utilisation et économique, qui se pose en concurrente des robots de chirurgie, beaucoup plus coûteux, « mais pas meilleurs en qualité », assure Sébastien Henry.
L’idée lui en était venue lors d’une année sabatique prise après avoir vendu Onefit Medical, qui proposait déjà des guides chirurgicaux par imagerie 3D (30 salariés aujourd’hui à Besançon). Elle lui a déjà valu visites et appels de gros acteurs de la prothèse qui seraient prêts à investir dans le projet. A suivre.