La réouverture de l’hôtel-restaurant que possède en propre ce viticulteur et négociant de Puligny-Montrachet (Côte-d’Or) lui permet de décliner une stratégie longuement mûrie, pour compenser la perte de sa clientèle à 80% étrangère. Une offre d’un mariage quasi-parfait entre vin et gastronomie, à l'instar d'une agence réceptive, devrait, espère t-il, séduire les amateurs français d’oenotourisme.

 

« Enfin, cela rouvre (*) », soupire haut et fort Jean Soubeyrand, président de la maison de vin Olivier Leflaive située à Puligny-Montrachet (Côte-d’Or). Car posséder en propre, au cœur de ce village viticole, un hôtel de 17 chambres, dont quatre suites, doublé d’un restaurant bistrot de 21 couverts et d’un restaurant gastronomique de 25 couverts, en panne d’activité depuis des mois, le laissait très impatient.

 

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Confessons aussi que l’établissement, imaginé en 1997 comme table d’hôtes, la première de Bourgogne à avoir reçu le premier Prix National de l’Œnotourisme, souffrait de ne plus accueillir. Rénové entièrement l’an dernier, mais aussi agrandi durant neuf mois de travaux pour un montant confidentiel, il révise sa stratégie dans le but d’accueillir une clientèle plus nationale et plus locale.

Une petite « agence de voyage réceptive »

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L'établissement possède deux restaurants, en formule bistrot et carte gastronomique, qui souhaitent mieux marier mets et vins.

 
« Notre clientèle d’avant la crise sanitaire se composait à près de 80% de touristes étrangers, nous voulons rééquilibrer en séduisant les amateurs français d’oenotourisme », précise le dirigeant. Il entend déjà, pour la table, orchestrer un judicieux mariage entre mets et vins. Les quatre sommeliers et la brigade en cuisine devront travailler de concert pour une harmonie quasi-parfaite. « Je pense que c’est une tendance forte et pérenne de ce type de tourisme gourmand », ajoute-t-il.

 

Une maison de négoce en Champagne

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C’est en 2015 sur la commune d’Oger, ou plutôt maintenant Blancs-Coteaux (*), dans la Marne, qu’Olivier Leflaive choisit de faire atterrir des bulles. Au départ comme pure négociant. Et puis, cinq ans plus tard avec un site d’élaboration comme négociant manipulant.
Baptisée Valentin Leflaive, du prénom d’un des quatre enfants du fondateur, la maison produit un peu moins de 100.000 bouteilles avec une approche très bourguignonne : de lieu-dit, de millésime et de cru. Par exemple : Avize Grand Cru ou encore Le Mesnil Sur Oger Grand Cru.

(*) Commune du département de la Marne en région Grand-Est. Créée le 1er janvier 2018 avec le statut de commune nouvelle, elle est issue de la fusion des quatre communes : Vertus, Oger, Gionges et Voipreux.

 
Les 150 références en cave devraient faciliter la tâche, d’autant qu’on n’y trouve pas uniquement les vins de la maison ou même de la région. Ouvert aux séminaires (jusqu’à 14 personnes) ou aux groupes constitués de cette taille, l‘établissement souhaite aussi à terme proposer des animations avec visites de cave, ponctuées de dégustations, et découvertes de vignobles. A l'instar d'une petite agence de voyage réceptive.

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Olivier Leflaive, côté viticole, n’a pas trop souffert de la crise sanitaire. Le chiffre d’affaires qui tourne autour des 13 millions d’€, dont 85% à l’international, enregistre une baisse de seulement 5%. En cause, la perte en France des ventes auprès du réseau CHR de l’ordre de 20% et quelques marchés à l'export en berne comme l’Espagne, le Japon et le Royaume-Uni, du fait de la défection d’un des cinq importateurs.

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Une des lignes d'embouteillage du négociant qui, les années normales, produit 650.000 bouteilles. © Traces Ecrites


Olivier Leflaive exploite un vignoble de plus d’une centaine d’hectares, dont 20 hectares en pleine propriété sur trois communes Meursault, Puligny-Montrachet et Chassagne-Montrachet. La société produit environ 650.000 bouteilles par an - 90% en blanc - et emploie 45 personnes, dont 18 pour l’hôtel 4 étoiles et restaurant gastronomique. Niveau investissements, Jean Soubeyrand confesse du bout des lèvres que, depuis une décennie, la moyenne annuelle avoisine les 2 millions d’€.

(*) L'hôtel est ouvert depuis le 8 mai avec service de restauration en chambre. Le 19 mai, l'établissement pourra servir en terrasse des tablées limitées à 6 convives et le 9 juin en salle, à condition de limiter l'accès à la moitié de la capacité globale.

Toutes les photos ont été fournies par l'entreprise sauf mention contraire.

 

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Qui est Jean Soubeyrand ?

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© Traces Ecrites

Niveau chiffres, il faut vraiment lui tirer les vers du nez. Et pourtant, le président d’Olivier Leflaive, les a maniés pendant près d’une génération. Déjà en étudiant la finance durant cinq années pour atteindre le plus haut niveau théorique de l’expertise-comptable et puis après, Jean Soubeyrand jongle avec 12 ans en banque d’affaires. Ses pas l’ont conduit à exercer au Luxembourg, en Belgique, en Suisse.
Un peu à Paris aussi, qu’il n’a guère apprécié au niveau de la mentalité. A ses yeux, ce monde-là est «  globalement cynique et presque toujours dans l’excès », en raison de l’argent très ou trop vite, bien ou mal gagné. Marié à une fille d’Olivier Leflaive (*) et aujourd'hui ex-gendre, il relève le défi de succéder à ce dernier à la direction opérationnelle de l’entreprise viticole bourguignonne après trois années d’apprentissage à ses côtés.
Ce qui fut fait en 2010. Depuis lors, cet homme de 48 ans, épicurien avec maîtrise, n’a de cesse d’œuvrer pour asseoir une marque, celle de cette maison de vin, synonyme de « très grands vins blancs ».

(*) Âgé aujourd’hui le 76 ans, le fondateur en 1984 de l’entreprise viticole qui porte son nom a déjà versé dans la culture musicale. De 1972-1981, Olivier Leflaive enchaîne les plateaux télé et radio avec le Petit Conservatoire de Mireille, devient ensuite imprésario pour Dick Annegarn, Hervé Cristiani et différents groupes de folk puis, programmateur à France Inter dans les émissions de Jean-Louis Foulquier et José Arthur.

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