Innovation. Pourquoi trouver ailleurs ce qu'on a chez soi ? C'est la réflexion que s'est faite Claude Mounié, menuisier à Besançon (Doubs).

Il y a un an, il a mis au point un lamellé-collé abouté et collé avec des chutes de hêtre et de chêne issus de sciages de la région.

Et bien lui a pris. Malgré la crise du bâtiment, son produit commence à s'imposer sur le marché. A preuve, il l'a mis en œuvre dans l'hôpital de Metz et suscite l'intérêt des architectes pour son aspect esthétique et sa solidité.

Baptisé Xylotramé, le produit se présente sous forme de carrelets pouvant atteindre jusqu'à 6 mètres de long, comme le lamellé-collé connu depuis longtemps pour les charpentes.

Avec, l'entrepreneur fabrique des huisseries, des châssis, des plans de travail. «Il s'adapte à toutes sortes d'agencements intérieurs», précise le dirigeant de cette PME de 42 salariés (4,7 millions d'€ de chiffre d'affaires en 2010).

Sa résistance au feu en fait aussi un produit alternatif aux bois exotiques souvent choisis pour les pièces techniques réglementaires, comme les cloisons ou les châssis coupe-feu.

La production satisfait pour l'instant les chantiers de l'entreprise qui s'est fait une réputation sur les marchés des hôpitaux. Mais Claude Mounié commence à le vendre à ses collègues menuisiers, convaincu de ses vertus.

Techniques d'abord : «Indéformable, résistant au feu et aux chocs, il présente l'avantage de pouvoir être fabriqué sur mesure, aux dimensions prescrites par le bureau d'études en fonction des projets», indique t-il.

Esthétique aussi : «Son procédé de fabrication constitue un vrai renouveau pour le bois ; il peut donner lieu à des mélanges d’essences, même les plus osés».

Comme les industriels de l'aluminium

L'élaboration de ce produit résulte en fait d'une réflexion sur l'optimisation de la matière première, tant au niveau de l'approvisionnement que du process de fabrication. «Nous travaillons les profils en bois comme les industriels de l'aluminium, en évitant le maximum de perte de matière», assure le dirigeant.

Le bureau d'études renforcé à 6 personnes optimise cette démarche appliquée à l'ensemble des fabrications de l'atelier de menuiserie.

Le patron met fièrement en avant son organisation le plus en amont possible des projets. En plus d'une répartition de la production sur toute l'année, elle permet d'être fin prêt, le jour du démarrage du chantier.

Un investissement d'un million d'€ a accompagné ces dernières années la réorganisation de la fabrication avec des postes automatisés pour le perçage et l'usinage et une ligne dédiée au lamellé-collé capable d'absorber 1200 m3 à l'année.

La motivation technique conforte une sensibilité citoyenne qui a point avec l'arrivée massive des bois exotiques que l'entrepreneur utilisait lui-même pour certaines pièces techniques.

Le bilan carbone de ces derniers ne souffre aucune comparaison avec le Xylotramé, son concurrent direct.

La matière première est fournie par les entreprises francs-comtoises Les Avivés de l'Est et la scierie Genet (Luxeuil), qui s'approvisionnent dans des forêts gérées durablement.

Crédit photo: Mounié

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