
AUTOMOBILE. L’enquête de performance industrielle de la filière automobile en Alsace et en Franche-Comté, restituée récemment par le Pôle Véhicule du futur, fait penser aux clubs de foot français une fois engagés dans les compétitions européennes : bons en soi, mais pas assez pour rivaliser avec les ténors de la Champions’League.
Témoignages de chefs d'entreprises à la veille des rencontres Mobilis, les 13 et 14 novembre à Mulhouse.
Dirigé par l’association d’entreprises PerfoEst devenue la représentante locale de la jeune et nationale PFA (Plateforme de la filière automobile), ce travail suit annuellement 17 indicateurs chiffrés de performance.
La récente restitution a porté sur l’année 2011, elle se fonde sur la réponse de 63 entreprises soit 10 % -seulement - de la filière représentant 14 000 salariés.

Au global, 16 indicateurs se sont améliorés et encore la dégradation du 17ème, sur la performance environnementale, est-elle minime. Mais seuls deux critères (la rotation des stocks et le chiffre d’affaires par personne) atteignent le niveau «bon» et aucun n’approche les valeurs qui permettent de jouer en «classe mondial ».
Exemples : la qualité s’améliore d’année en année et elle a même fait un grand saut l’an dernier en divisant les rebuts par près de quatre. Mais à 63,24 pièces par million (ppm), elle reste inférieure au seuil de référence de 50 et loin du top mondial de moins de 10.
Le temps de changement de fabrication s’affiche à 101 minutes, loin du quart d’heure «bon». Considérée comme le juge de paix, la valeur ajoutée par personne remonte après une stagnation de 2005 à 2009. Elle approche désormais la référence de 75 000 € (66 860 € en 2011), mais passer le cap mondial supposerait d’arriver à 115 000 €.
Stocks tirés vers le bas
Les moyennes cachent bien sûr des disparités. Pour cette valeur ajoutée (VA), un quart des répondants a atteint le seuil de 75 000 €. Pour la rotation des stocks, indicateur à effet induit sur la trésorerie, 13 sites sont au niveau mondial (soit 33 tours et plus), mais la moyenne (19,6 tours) est tirée vers le bas par 29 scores inférieurs à 14 tours.

A quelques nuances près, le constat régional d’un gap avec le top niveau international vaut à l’échelle du pays. «Les fournisseurs français doivent avoir ceci à l’esprit quand elles se lancent à l’international. Ils se frotteront à des concurrents de haut niveau, il leur faut s’améliorer », a relevé Bernard Million-Rousseau, directeur général de la PFA.
Messieurs-dames encore des efforts, c’est aussi le message qu’a véhiculé Georges Lammoglia, le président du Pôle Véhicule du futur.
Un discours mêlant exigence et encouragement - les deux critères jugés prioritaires en 2011 de la VA unitaire et de la rotation des stocks ont atteint l’objectif fixé –, mais aussi prévenance pour le prochain bilan : 2012 ne sera pas mirobolant, on s’en doute.
Deux trophées de la performance sont décernés cette année à l'usine Lisi de Delle (Territoire de Belfort) -voir photo- et à la fonderie de la Bruche à Schirmeck (Bas-Rhin), société coopérative de 150 salariés qui a amélioré 11 indicateurs sur 17 et multiplié les chantiers 5S.

Les véhicules communicants aux rencontres Mobilis
La filière se donne rendez-vous à présent mardi 13 et mercredi 14 novembre à Mulhouse (Parc des expositions) pour les annuelles Rencontres Mobilis. L’édition 2012, 9ème du genre, sera placée sous le signe dominant du «véhicule communicant».
Elle fera le point des technologies dans cette matière en insistant sur ses impacts pour l’amélioration de la sécurité, du confort et de l’information sur la fluidité… ou non du trafic.
La recharge électrique ainsi que l’avancement de deux programmes européens sur l’allègement des véhicules électriques et le recyclage des VHU (véhicules hors d’usage, les voitures envoyées à la casse) compléteront parmi d’autres le programme des conférences.
Les expositions permettront de découvrir notamment les dernières nouveautés Sbarro, des innovations Michelin et un projet de recharge de véhicules hydrogènes.
Photos : Christian Robischon