
MÉTALLURGIE/ FRANCHE-COMTÉ. Sous-traitant de rang 1 d'industriels de l'énergie, en particulier GE et Alstom, le groupe M-Plus à Lachapelle-sous-Rougemont (Territoire de Belfort) poursuit un double développement.
Ses usines du Territoire de Belfort fabriquent des pièces de plus en plus complexes qui requièrent un surcroît de technologie et de compétences.
Les produits à moins forte valeur ajoutée ont gagné la Hongrie où le groupe vient de créer une seconde structure.
« Lorsqu'on a été s'installer en Hongrie, cela a été mal vu », se souvient François Didier, président du groupe M-Plus, sous-traitant de rang 1, spécialisé dans la production de pièces complexes et de sous-ensembles en superalliages, métaux durs et aciers inoxydables.
« En fait, cela nous a permis à la fois de développer une activité là-bas, mais aussi de consolider et de développer notre implantation à Lachapelle-sous-Rougemont. Nous avons acquis Toolstyle en 2001, pour accompagner GE qui créait une usine près de Budapest, et demandait à ses sous-traitants de l'accompagner. »
Il n'y a pas eu de délocalisation d'emplois, selon le dirigeant. L'usine hongroise a en fait intégré des productions qui n'étaient plus rentables en France : les "produits érodés". D'autres à plus forte valeur ajoutée les ont remplacés dans le Territoire de Belfort. Fabriqués avec des "super alliages", des matériaux plus exigeants, ils requièrent un surcroît de technologie et de compétences.
Le même mouvement de transfert d'autres produits devenus moins rentables devrait se produire à nouveau : M-Plus vient de créer une nouvelle structure Macplus Hongrie, qui devrait être opérationnelle en milieu d'année, avec une perspective de 20 à 25 emplois d'ici trois ans.
« Si nous n'avions pas été en Hongrie, ce sont des marchés que nous aurions perdus. L'international nous permet de consolider le groupe, voire de trouver de nouveaux clients qui ne seraient peut-être pas venus ici, en France », insiste François Didier. Pour preuve : le groupe a recruté une vingtaine de personnes durant les deux dernières années pour ses sites français.
Quatre entités

Le groupe est donc désormais composé de quatre entités : à Lachapelle-sous-Rougemont, Macplus, plus spécialement ancré dans le domaine de la chaudronnerie et Mecaplus, dans les produits usinés. En Hongrie, Toolstyle et désormais Macplus Hongrie.
Soixante personnes sont employées dans chacune des deux entités du Territoire de Belfort ; 70 en Hongrie, soit pratiquement 200 salariés. L'ambition est de porter les effectifs à 250 personnes. Le chiffre d'affaires consolidé du groupe, de 22 millions d'€ en 2014, est en progression de 26% sur deux ans. 80% de l'activité est réalisée à l'exportation, ce qui est peu fréquent dans le paysage économique franc-comtois.
François Didier et François Cortinovis, directeur général, espèrent bien poursuivre sur cette lancée avec une progression à deux chiffres. Pour y parvenir, ils entendent continuer leur politique d'investissements et d'innovations. « Nous produisons aujourd'hui des pièces que nous n'étions pas capables de faire voici trois ans.»
La maîtrise des matériaux est une des clés du développement de l'entreprise. La fabrication de pièces aux rendements plus élevés, résistant à des températures de plus en plus fortes, correspond à la volonté du groupe de faire des produits complexes jusqu'à livrer des sous-ensembles aux donneurs d'ordre.
Gérer la croissance
Des investissements constants en sont l'autre clé. Environ 10 % du chiffre d'affaires sont consacrés à la modernisation des équipements.
En 2014, M-Plus a fait l'acquisition d'une presse hydraulique de 950 tonnes, d'une cellule constituée de deux centres d’usinage cinq axes alimentés par trente-deux palettes et deux machines automatiques de soudage. En ce début 2015, l'entreprise va acquérir un tour CN 6 axes et un centre de découpe laser doté des dernières évolutions technologiques.
Le groupe affiche aussi un certain nombre de certifications : ISO 9001, AS/EN 9100, EN 3834-2 et possède également des habilitations pour concevoir, fabriquer et contrôler des appareils sous pression selon les directives européennes 97/23/CE (PED) et 2009/105/CEE.
« On a la chance de gérer de la croissance, relèvent François Didier et François Cortinovis. Pour suivre, il faut trouver les bonnes personnes, les compétences, et les former. Il faut gérer les risques de retards. Ne pas se précipiter et être capable de prendre du recul. Et nous n'avons pas le droit de nous tromper lorsque nous faisons un investissement. »
Les dirigeants n'excluent pas, à terme, d'implanter le groupe M-Plus à Toulouse, voire aux États-Unis, pour être plus proches des donneurs d'ordre de l'aéronautique. « Mais le jour où on le fera, ce sera avec le bon partenaire, qui aura la même culture d'entreprise que nous, les mêmes valeurs. Nous n'avons pas le droit de nous tromper. »
Certes, la croissance, mais à un rythme raisonné et raisonnable.
Qui est François Didier ?
Originaire du pays de Montbéliard, François Didier, président du groupe M-Plus, a achevé ses études à l'école centrale de Lyon en 1979. Il a travaillé à Alstom Belfort, en production, pendant six ans, mais souhaitait intégré une entreprise de plus petite taille. Il rejoint Baraal, un sous-traitant d'Alstom, comme responsable de production.
L'entreprise se porte mal. Avec d'autres salariés, il la rachète en 1987 : Barall devient Mécaplus, déjà à Lachapelle-sous-Rougemont. En 2003, il rachète Rust à Offemont, qui devient Macplus et qui rejoint Lachapelle en 2010.
François Didier est aussi vice-président de La Vallée de l'Energie.
Photos Pierre-Yves Ratti.