Au printemps 2023, la brasserie Perle doit aménager dans ses nouveaux locaux au marché-gare de Strasbourg. Elle pourra ainsi produire davantage, dans de meilleures conditions de travail et créer plus de convivialité avec le public.


Perle, c’est une histoire de famille, et celle d’une renaissance. En 1882, l’arrière-arrière-grand-père de Christian Artzner fonde une brasserie sous ce nom au centre-ville de Strasbourg (Bas-Rhin). Pourquoi cette appellation ? Un rapport aux jolies bulles qui remontaient le long du verre de l’« ancêtre », comme l’appelle Christian Artzner.

La brasserie déménage à Schiltigheim début 1900. En 1969, elle entre dans le groupe l’Alsacienne de Brasserie (Albra), puis le géant Heineken rachète cette société trois ans plus tard… pour signer la fin de l’activité de Perle.

Mais ce terme ne sera que provisoire : en 2009, auréolé d’un diplôme de maître brasseur en Écosse et de plusieurs expériences dans la brasserie, Christian Artzner (Lire encadré) fait renaître la bière Perle. Il décide de sortir une pils brillante à basse fermentation. Dans un premier temps, il produit par l’intermédiaire d’un prestataire, puis il investit environ un million d'€ dans des cuves et des machines et installe l’activité dans le quartier périphérique de la Meinau à Strasbourg, en 2015.

 

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Aujourd’hui, Perle produit 5.000 hectolitres sur une année, emploie 8 salariés et réalise un chiffre d’affaires d’un peu plus d’1 million d’€. Son pari est devenu un succès, au point qu’elle se sent à l’étroit dans ses locaux actuels. Aussi en 2023, Perle va déménager, au marché gare de Strasbourg, à l’entrée du faubourg de… Cronenbourg. Elle passera de 1.200 à 1.500 m2 pour une capacité de production qui sera portée à 10.000 hectolitres par an.


« Une bière à l’édifice »

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La production actuelle de Perle atteint 5.000 hectolitres par an et son extension dans son nouveau site doit porter la capacité à 10.000.


Fidèle à ses valeurs, Christian Artzner a souhaité construire un bâtiment passif en utilisant des matériaux durables et des partenaires et artisans locaux. La paille sera utilisée pour l’isolation, le mélèze des Vosges pour la façade et la chaleur générée par la fabrication viendra chauffer le bâtiment.
Les travaux ont démarré en mars dernier. Pour en partager les coulisses avec le public, la brasserie a lancé une gamme de bières éphémères baptisée « Une bière à l’édifice ». Six temps forts – le terrassement, le dallage, la charpente, la salle de brassage, les lots techniques, et enfin, l’ouverture – seront accompagnés par la sortie d’autant de bières créées pour l’occasion et dont l’étiquette mettra en avant les entreprises participant au projet.

Avec ce nouveau bâtiment, Christian Artzner souhaite renouer avec « l’esprit brasserie ». « Nous avions envie de montrer notre métier et d’accueillir le public dans un lieu adapté », explique-t-il. Le bâtiment prévoit un espace bar et restauration et un « Biergarten » (« jardin de la bière ») à l’extérieur et des événements réguliers seront organisés. « L’idée est de varier les propositions : cela peut être la retransmission d’un match, le vernissage d’une exposition, un concert… »

 

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Le gérant ne manque pas d’idées et il souhaite aussi mettre en avant les accords mets-bières.  « Le confinement a eu un effet bénéfique sur notre marché car les personnes seules ou en couple ouvraient une bouteille de bière plutôt que de vin. Cela a amené certains consommateurs à découvrir la boisson », poursuit Christian Artzner. Et depuis que les bars et restaurants ont rouvert, les ventes sont à la hausse, d’autant plus que la société strasbourgeoise écoule plus des deux tiers de ses volumes auprès du circuit CHR (cafés, hôtels, restaurants) et de l’événementiel.

La multiplication des microbrasseries n’est pas problématique pour Perle. « En 12 ans, nous sommes passés de 300 à 3.000 brasseries en France. Mais il y a encore du potentiel car les Français consomment peu de bières par rapport à leurs voisins : 32 litres par an et par habitant contre 110 litres en Allemagne ou 90 litres en Angleterre », fait remarquer le brasseur. Et selon le baromètre 2022 Sowine/Dynata, les bières sont devenues la nouvelle boisson alcoolisée préférée des Français (51% des votes) devant le vin (49%) qui occupe désormais la deuxième place. De quoi conforter l'optimisme du petit brasseur strasbourgeois.

Qui est Christian Artzner ?

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Passionné de bière depuis son adolescence, Christian Artzner obtient son diplôme de maître brasseur à Édimbourg en 1999. Pendant cinq ans, il travaille dans des brasseries industrielles en Ecosse puis au Nigeria, puis il expérimente le métier dans des brasseries artisanales en Belgique, en Allemagne et aux Etats-Unis. Il revient en France en 2009 pour faire renaître la marque Perle, en produisant chez un prestataire. En 2015, il installe la brasserie Perle à la Meinau à Strasbourg.


Photos fournies par l'entreprise.

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