L’établissement mutualiste de Bourgogne-Franche-Comté entend poursuivre une croissance soutenue après une année 2021 qualifiée d’historique et compte, dans les deux ans, séduire 720.000 clients, soit 6 points d’augmentation. La Banque Populaire d’Alsace Lorraine Champagne, en bonne santé, joue toutefois la prudence et provisionne, sur fond de désorganisation mondiale de la production industrielle.

 

Jean-Paul Julia ne s’est pas installé à Dijon pour faire du tourisme. Depuis un an, le successeur de Bruno Duchesne à la direction générale de la Banque Populaire de Bourgogne- Franche-Comté (BP BF-C), que préside Michel Grass, élabore un projet qui porte de fortes ambitions. Comme le gain annoncé de 40.000 clients à l’horizon 2024. Très discret depuis son arrivée, l’assemblée générale de l’établissement mutualiste, organisée jeudi 12 mai à Vesoul (Haute-Saône), lui offrait l’occasion rêvée de sortir de l’ombre en dressant un premier bilan et d’expliquer devant 450 sociétaires une stratégie en cinq axes.

 

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D’entrée de jeu, ce dirigeant de 50 ans qualifie d’historique l’année 2021, tant en termes de performance que de résultats. Sans distiller une litanie de chiffres, tous les indicateurs clignotent au vert, avec une activité en hausse de 3,6%, à 395 millions d'€, un résultat net de 86 millions, en progression de 19%, et un coût du risque en baisse de 13% (54 millions).

Ces bonnes performances financières découlent en partie des 4,4 milliards de prêts octroyés et du 1,8 milliard d'€ collecté auprès de 96.627 entreprises et 583.778 particuliers. Tout comme son prédécesseur, Jean-Paul Julia se lance ensuite dans une analyse plus macro-économique. « »

Création de nouvelles agences

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L'assemblée générale annuelle de la BP BF-C a réuni 450 peronnes à Vesoul, le 12 mai dernier. © BP BF-C


La critique devient plus acerbe quant à certains comportements établis de longue date. Les acheteurs industriels français qui grattent encore et toujours le sou, le dernier petit sou, pour valoriser leur action et privilégier les produits à bas coûts en provenance de pays étrangers, ne sont à ses yeux que des « fossoyeurs économiques. »

De même, convient-il de ne pas aider les entreprises sans aucun avenir. « Il est vertueux qu’elles tombent car, à durer pour durer en cassant les prix, elles abîment les concurrents et faussent leur secteur », argumente Jean-Paul Julia qui assure vouloir épauler toutes celles victimes de causes exceptionnelles, crise sanitaire oblige, et qui se battent pour s’en sortir.

 

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Pour autant, le banquier se dessine un avenir plus serein à l’aune d’un fort développement et la conquête de 40.000 clients supplémentaires dans les deux ans. Son projet passe par la satisfaction des anciens, « souvent trop oubliés au nom de la conquête de nouveaux », un engagement RSE très fort où « la BP BF-C se doit d’épauler les entreprises avec des experts compétents. »

En terme de management, le directeur général fera l’inverse de la promotion à la mobilité.  « Nous allons valoriser ceux de nos personnels qui veulent rester aux côtés de leur clientèle. » Toujours en décalage vis-à-vis de ses concurrents, Jean-Paul Julia conservera, non seulement, les agences existantes et mais en créera de nouvelles (*) où 30 à 50% d’alternants supplémentaires pourront faire leurs armes parmi les 1.835 collaborateurs actuels.

(*) Au nombre de deux nouvelles agences, dont les projets demeurent en étude de faisabilité.


Qui est Jean-Paul Julia ?

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Jean-Paul Julia. © Traces Ecrites


A la direction générale de la Banque Populaire Bourgogne-Franche-Comté depuis le 3 mai 2021, cet énarque tout juste quinquagénaire commence sa carrière comme haut fonctionnaire à la direction régionale de l’industrie en région lyonnaise. Il occupe ensuite des fonctions à la direction du Budget, du Trésor et au Comité Interministériel de Restructuration Industrielle (CIRI).
Puis, ses pas professionnels le conduisent au FMI, à la Banque Mondiale et au cabinet du ministre des Finances. Il entre en 2015 au comité exécutif de la BRED (group BPCE), en charge des grandes comptes, avant de plonger au cœur d’une réalité plus régionale.

64 millions de provision de précaution pour la Banque Populaire d’Alsace Lorraine Champagne

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L'agence de La Bresse (Vosges), en ossature bois, utilise très peu de chauffage. © BPALC

La prudence est mère de sûreté. La Banque Populaire d’Alsace Lorraine Champagne (BPALC) a fait sienne cette expression proverbiale, ainsi qu’en témoignent les résultats 2021 présentés à l’occasion de son assemblée générale le 17 mai à Colmar (Haut-Rhin). La banque coopérative dont le siège se trouve à Metz, en Moselle, explique faire preuve de vigilance face à la conjoncture économique et géopolitique. « Nous abordons une période délicate qui va connaître des problématiques de croissance en raison du confit ukrainien ou encore de la fermeture du port de Shanghai. L’inflation tout comme le relèvement progressif des taux d’intérêt incitent également à la prudence. Heureusement, les banques se portent bien », a introduit Thierry Cahn, président du conseil d’administration de la BPALC.

Dans cette situation mouvante, l’établissement (2.600 salariés, 330.000 sociétaires) se félicite de pouvoir compter sur un nouveau capitaine en la personne de Dominique Garnier, nommé directeur général il y a un an en remplacement de Dominique Wein. Sur l’année 2021, le nouveau directeur général évoque un résultat net de 122 millions d’€ stable par rapport à l’exercice précédent. « Nous aurions pu atteindre 150 millions d’€ de résultat net, mais nous avons préféré mettre à profit cet exercice plutôt favorable pour conduire deux opérations : amortir une migration informatique de notre filiale BCP Luxembourg et réaliser des provisions de précaution. Ainsi, sur 64 millions d’€ de provisions, la moitié porte sur du risque avéré, l’autre moitié sur des provisions de précaution, afin d’aborder sereinement les années à venir », détaille
Dominique Garnier.

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Thierry Cahn, président du conseil d'Administration (à gauche) et Dominique Garnier, directeur général de la BPALC.

L’exercice 2021 s'est montré plutôt dynamique du point de vue de l’épargne comme du crédit, avec notamment une hausse de 11% des crédits d’équipement pour les entreprises et une distribution « très faible » du prêt garanti par l’Etat (PGE) mis en place au début de la crise sanitaire. « Ce sont des preuves que 2021 a permis de reprendre confiance. Les entreprises ont retrouvé un certain confort en matière de trésorerie », se félicite-t-on à la BPALC.

La banque affiche cependant des ambitions moins fortes en 2022 en terme de crédit, notamment sur le deuxième semestre. Dominique Garnier évoque la désorganisation mondiale de la production industrielle, « avec des délais de livraison des équipements de nature à ralentir les besoins en financement. Nous avons eu le cas d’une société contrainte d’attendre dix-huit mois la livraison d’une machine de recyclage des plastiques PET. » « Pour un bilan de 38 milliards d’€, nous disposons de 2,5 milliards d’€ de fonds propres, soit 7%, ce qui est conséquent. Mais nous avons connu un accroissement de l’encours de crédit équivalent à nos fonds propres. Dans ce contexte, notre obligation demeure la sécurité », conclut Thierry Cahn. P.Bohlinger

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