IMPRIMERIE/LORRAINE. Cette PME de 43 personnes à Saint-Dié-des-Vosges a investi 3 millions d’€ pour s’équiper d’une nouvelle presse offset à plat.
L’Ormont Imprimeur double ainsi ses capacités de production et s’ouvre davantage le marché du packaging.
L'imprimeur des Vosges doit trouver 20% de chiffre d'affaires supplémentaires d’ici trois ans pour couvrir son investissement.

L’imprimerie qui tire son nom du massif de l’Ormont au-dessus de Saint-Dié-des-Vosges (Vosges), a dû pousser ses murs pour accueillir l’été dernier la « machine du futur » : une presse offset à plat Heidelberg 8 poses (l’équivalent de huit formats A4).
Un investissement global de 3 millions d’€ qui dénote dans un secteur en crise à l’échelle nationale (moins 23 000 emplois entre 2007 et 2013).
Cette presse numérique d’un coût de 2 million d’€ a nécessité un million supplémentaire pour porter la surface de production de 1000 à 2000 m², doter l’imprimerie d’un massicot et d’une plieuse plus grands et acquérir un CTP (outil pour graver les plaques offset) lui-aussi plus important.
« Le passage du 4 poses au 8 poses n’est pas une étape simple à surmonter. Mais il fallait franchir ce cap si nous ne voulions pas nous paupériser », affirme Nicolas Hesse, troisième génération à diriger L’Ormont Imprimeur (4,8 millions d’€ de chiffre d'affaires en 2014), une des 3500 imprimeries encore en activité France (source : Bilan et perspectives 2015, Maison des industries des papiers et cartons).
« Seules les imprimeries qui vont investir et se mettre constamment au goût du jour vont s’en sortir, car c’est un métier où les technologies évoluent extrêmement vite et où les prix restent très bagarrés », estime le jeune dirigeant.
Grâce à la nouvelle presse associant les technologies LE (low energy) et UV (ultra-violet), il compte augmenter sa production dans la communication graphique (dépliants, affiches, brochures, etc.) et booster son activité dans le packaging, un secteur qui représente 25% de son chiffre d'affaires.
Un accompagnement financier pour l'investissement et le recrutement

« Grâce à la technologie UV, l’encre sèche immédiatement, ce qui permet de façonner dans la foulée, mais aussi de réaliser des opérations d’ennoblissement UV et vernis acrylique. Par ailleurs, elle permet d’imprimer sur des supports synthétiques et des papiers non-couchés avec un rendu des couleurs exceptionnel », résume le chef d'entreprise dont les équipes travaillent en 3x8.
Pour gagner des parts de marché, il a complété son équipe de cinq commerciaux sédentaires par un commercial itinérant dédié aux grands comptes. Leur mission : trouver 20% de chiffre d'affaires supplémentaires en moins de trois ans.
Pour ce faire, l’entreprise recherche des affaires plus techniques et de plus gros volumes en PLV, packaging, emballage, finition noble (vernis UV, impression sur support synthétique). Dans un secteur manquant de culture à l’international, L’Ormont Imprimeur qui travaille essentiellement sur le quart Nord-Est et l’Ile-de-France, va également tenter de se développer en Suisse.
La société a pu compter sur la CCI des Vosges pour l’accompagner dans le montage des dossiers de subvention : 240 000 € de la Région, un montant non encore défini du Département, des prêts à taux zéro pour un total de 60 000 d’€ et le dispositif Ardan - un soutien aux PME et artisans porté par le Conservatoire national des Arts et Métiers et son Centre national de l’entrepreneuriat et financé par le conseil régional de Lorraine - pour le recrutement d’un commercial itinérant.
« Nous avons également eu le soutien de Bpifrance qui nous suit et qui fait office d’organisme de caution. Par ailleurs, nous n’avons peu eu besoin de recourir un à pool bancaire, puisque la Caisse d’Epargne Lorraine Champagne-Ardenne, ultra compétitive, nous a suivi. » En effet, cet établissement poursuit actuellement une stratégie assez offensive en vue d'étoffer son portefeuille d'entreprises-clientes.
Cependant, rester dans la course a un prix pour l’entreprise qui a décroché en 2009 la précieuse norme de colorimétrie iso 12647.
L’acquisition de la presse offset à plat Heidelberg 8 poses va entraîner le doublement du budget papier et le contraindre à acquérir des encres trois fois plus chères. Sans parler de l’augmentation de son travail de pré-presse (traitement des fichiers), les entreprises cherchant de plus en plus à collaborer en direct avec les imprimeurs.
Qui est Nicolas Hesse ?
Passionné d’ULM, Nicolas Hesse aime prendre de la hauteur pour affronter les défis de l’imprimerie du XXIe siècle.
Après un BTS Productique à Nancy et deux années sur les bancs de l’Ecole de spécialisation à la vente de la CCI de Mulhouse, l’entrepreneur de 40 ans a fait ses premiers pas en 2000 dans l’entreprise familiale. Créée en 1947 par son grand-père, l’entreprise est à l’époque dirigée par son père.
Né à Saint-Dié-des-Vosges, Nicolas Hesse est passé par plusieurs postes : chargé de veille technologique, responsable des investissements informatiques, puis technologiques.
C’est en 2010, qu’il a repris les rênes de l’entreprise avec toujours la même volonté « avoir du matériel à la pointe de la technologie et intégrer les savoir-faire en interne »