L’entreprise de BTP des Vosges utilise la stratoconception, une technologie de fabrication additive, pour donner au béton des formes complexes. Avec des résultats suffisamment satisfaisants pour engranger la création d’un atelier dans les locaux de sa filiale Peduzzi. L’investissement s’élève à 830.000 €.


Livio fait entrer la technologie de la stratoconception dans le bâtiment. Cette première nationale est en fait une affaire de Vosgiens. Le groupe familial établi à Fresse-sur-Moselle s’est rapproché de la structure de référence de la stratoconception qui se trouve œuvrer à Saint-Dié-des-Vosges : Cirtes, centre de R&D devenu une société privée dont la tête est toujours vaillamment occupée par Claude Barlier. C’est lui qui a inventé il y a plus de 30 ans la stratoconception et l’a brevetée.

Le principe fait partie de la famille de l’impression 3D et repose sur la fabrication additive : une suite de strates est déterminée par un logiciel qui calcule leur meilleur positionnement possible sur une plaque de matériau. Les informations sont ensuite envoyées par ordinateur à une machine à commande numérique qui va venir découper les strates dans une plaque par des techniques de fraisage, découpe laser, découpe jet d’eau… en fonction du matériau. Les strates sont ensuite imbriquées les unes aux autres pour reconstituer l’objet final.



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Claude Barlier souligne une particularité notoire par rapport à l’impression 3D classique : « Nous, nous évoluons dans un univers de fabrication par voie solide, il n’y a pas de besoin de partir d’une phase liquide ou d’une poudre. »

La technologie qu’il a inventée a conquis de nombreux secteurs d’activité : automobile, aéronautique, médical, industrie ferroviaire, industrie du luxe, plasturgie, et récemment l’emballage grâce à l’application spécifique « Pack & Strat ». Création de prototypes, outillages, pièces de maintenance en découlent.


Un atelier de stratoconception de petite et moyenne série

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La machine de mise en oeuvre de la stratoconception.


La stratoconception ouvre de nouveaux horizons par la capacité à réaliser, et en peu de temps, des formes de pièces les plus diverses, « et ce dans tous les matériaux : bois, plastique, surtout métal », décrit Claude Barlier. A cette liste, l’entreprise de BTP ajoute à présent le béton. Les contacts avec Cirtes ne datent pas d’hier : ils remontent à 2003. Les temps sont mûrs à présent.

La société historique du groupe, Peduzzi Bâtiment à Fresse-sur-Moselle, a acquis depuis quelques mois un outil de mise en œuvre du procédé à titre de test, et les premiers résultats sont spectaculaires : des pièces en béton prennent des formes courbes  ou géométriquement surprenantes qui les feraient confondre avec du mobilier intérieur en bois ou en plastique. Les premiers essais ont porté sur des moules pour le carottage du béton ou des gabarits de radiers.

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Dès lors, Livio vise plus loin, à savoir l’aménagement d’un atelier de stratoconception de petite et moyenne série, dans les locaux de Peduzzi. L’investissement s’élève à 830.000 € et bénéficie de soutiens publics à hauteur d’environ 40 %  : le plan France Relance via le Fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires, et la Région au titre du programme Grand Est compétitivité « Parcours industrie du futur ». 

L’unité devrait être opérationnelle dans quelques mois. Elle devrait créer 12 emplois d’ici à trois ans au sein de l’entreprise Peduzzi qui compte 170 salariés, pour un effectif du groupe Livio de 400 collaborateurs.

« Avec cette technologie, nous pouvons répondre aux demandes les plus variées des architectes », apprécie Laurent Viry, directeur général de Peduzzi. Les formes complexes sont obtenues en coulant le béton dans un outillage préalable, en bois, en résine ou en polystyrène « en somme une coque qui crée comme un moule qu’on retire ensuite », compare Claude Barlier.


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Le rendu de la stratoconception avec du béton le ferait confondre avec du bois, comme ici avec cette chaise.


D’autres avantages s’ajoutent : gain de temps de fabrication, augmentation de la part de la pré-fabrication rendant l’application sur chantier moins pénible, moindres pertes de matière inutile. « Cette innovation est éco-responsable, améliore la qualité de vie au travail, ouvre des perspectives très variées, s’inscrit complètement dans la numérisation du métier autour du BIM et elle va stimuler l’inventivité des collaborateurs sur le terrain », expose Anne-Claire Goulon, cogérante du groupe Livio. La « Strato-Livio », comme elle est nommée, apparaît ainsi pleine de promesses.

Toutes les photos ont été fournies par l'entreprise

Profil nouveau

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Denis Angelot à gauche, responsable de l'atelier de stratoconception chez Pedduzi et Laurent Viry, dirigeant de Peruzzi.

Confronté aux grosses difficultés de recrutement dans le BTP, Livio voit aussi l’innovation technologique comme un moyen d’attirer des candidats, surtout les jeunes diplômés. La stratoconception en fournit un exemple : au quotidien, son développement chez Peduzzi est assuré depuis le 20 septembre par Denis Angelot.
Diplômé de l’InSIC (Institut Supérieur d’Ingénierie de la Conception) de Saint-Dié-des-Vosges – dont Cirtes est un des initiateurs - le jeune homme ne visait pas le BTP, dont il avoue qu’il ne connaissait pas grand-chose. « J’ai commencé par un stage qui m’a fait découvrir les palettes de ce secteur et j’ai enchaîné par un CDI », témoigne-t-il.

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