ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR. L’Institut Supérieur de l’Automobile et des Transports, implanté à Nevers (Nièvre) et qui forme des promotions de 150 ingénieurs par an, attire et séduit de plus en plus.

En témoigne les quatre à cinq offres d’emploi fermes adressées aux étudiants de dernière année avant l’obtention du diplôme.

Le chemin a toutefois été long depuis sa création en 1991, sur décision politique.

Portrait de la seule école publique d’ingénieurs, spécialisée en automobile, en compagnie de Luis Le Moyne (*), son directeur.

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En visitant les entreprises du Pôle de la Performance de Nevers-Magny-Cours, on tombe presque toujours sur des ISAT, soit en stage, soit salariés. Est-ce un signe de la qualité de vos formations et de votre ancrage territorial ?

Depuis deux ans, 30% de nos promotions intègrent le tissu local. J’y vois la réponse à un besoin sans doute ponctuel de recrutement mais surtout la marque que l’école a su séduire son environnement immédiat. Cela n’a pas toujours été évident. L’ISAT est née en 1991 avec le nouveau circuit de Nevers Magny-Cours de la seule décision politique. Cette localisation imposée se révèle maintenant avoir été une bonne vision stratégique. Mais il a fallu convaincre. Sachez en outre que 10% de nos diplômés - 850 à ce jour - trouvent un travail à l’étranger et que plus du tiers intègre un constructeur ou un équipementier d’importance, principalement en Île-de-France. La filière automobile propose à tout étudiant de dernière année quatre à cinq offres d’emploi fermes et ce, même avant l’obtention du diplôme.

La séduction qu’opère l’ISAT auprès des employeurs découle t-elle de critères bien particuliers ?

Rattachée à l’Université de Bourgogne, l’ISAT est déjà la seule école publique d’enseignement supérieure typée automobile et, en ce sens, nos frais d’inscription et de scolarisation demeurent très accessibles. Ce qui veut dire que nous accueillons des étudiants de tous les milieux et qu’en outre, près de 50% d’entre eux sont boursiers. Ce brassage social favorise une très bonne émulation dans le suivi du cursus. On entre chez nous pour cinq ans sur concours national ou pour trois ans après avoir intégré une classe préparatoire durant deux années. Tout étudiant doit passer au moins un semestre à l’étranger, soit en stage, soit dans l’une des 30 universités avec lesquelles nous avons signé une convention de partenariat. Nos élèves possèdent une forte expérience de la vie en entreprise à l’occasion des nombreux stages effectués. Ce qui veut dire qu’ils sont opérationnels immédiatement en cas d’embauche. Le revers de la médaille est qu’ils ingèrent peut-être moins de théorie qu’ailleurs, mais est-ce vraiment un réel handicap…

La recherche tient-elle une place prépondérante à l’ISAT ?

Pas assez à mes yeux car nous travaillons sur des programmes très regardés pour ne pas dire très attendus grâce à des plateformes internes dotées d’équipements de pointe : matériaux composites, vibrations et acoustiques, énergétique moteur et informatique embarquée. L’école co-dirige également deux laboratoires avec les sociétés locales Danielson Engineering et Anvis. Je vous signale par ailleurs que pour la Noao (**), seul véhicule hybride série de compétition à propulsion électrique, issu d’un projet collaboratif du Pôle de Performance de Nevers-Magny-Cours, nous avons été le conseil en hybridation et que nous pilotons maintenant une seconde phase de R&D beaucoup plus poussée.

Quels projets d’importance allez-vous engager à court terme ?

L’ISAT, trop à l’étroit, s’agrandit  de 2000 m2 pour étoffer ses locaux de recherche. L’investissement s’élève à 3,7 millions d’€ et sera opérationnel dans le courant 2014. À l’heure ou tout le monde semble souscrire au développement de l’alternance, nous venons d’ouvrir une filière  d’ingénieurs en trois ans par la voie de l'apprentissage dédiée aux achats et à l’ergonomie. Les cours se déroulent à l’ISAT, toute l’organisation et le suivi pédagogique relevant de l’ITTI d’Auxerre, dans l’Yonne (***).

(*) Nommé directeur de l’ISAT (4 millions d’€ de budget global, 70 salariés) il y a un an, Luis Le Moyne, 42 ans est Mexicain d’origine. Ingénieur de formation et docteur, il conduit de nombreux travaux de recherche. Sa spécialité : la motorisation.

(**) L’autonomie en conditions de course atteint les 100 km/h et la vitesse maximale les 200.

(***) Premier établissement habilité par la Commission des Titres d'Ingénieur à former des ingénieurs par l'apprentissage puis par la formation continue en alternance, l'ITII Bourgogne, dont le siège est à la Maison de l'Entreprise de l'Yonne, est né en 1990 d'un accord de partenariat entre les chambres syndicales de la métallurgie des quatre départements de Bourgogne et l'Université.

Crédit photo: ISAT et ISAT/C.Boulicault/Groupe Archimède

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