L’Alsacien Fortal prend de la hauteur grâce au mouvement de relocalisation en France

Concepteur et fabricant de solutions d’accès en hauteur sécurisées à Barr (Bas-Rhin), le groupe familial Fortal a connu en 2022 une croissance à deux chiffres, boosté par la volonté de ses clients d’acheter du made in France et par une acquisition réalisée l’année précédente en région parisienne.

En 40 ans, Fortal est passé d’un statut de petite entreprise familiale à celui d’une presque ETI. L’année 2022 a consolidé cette mutation. La société d’environ 200 salariés, qui développe des solutions d’accès en hauteur avec des produits standards (échelles, escabeaux, échafaudages) ou sur-mesure, a réalisé un chiffre d’affaires de 52 millions d’€ l'an dernier, contre 42 millions en 2021.

Une belle performance, « attribuable à 50 % à l’inflation », précise toutefois Nicolas Ruffenach, le président-directeur général qui pilote avec son frère Fabrice l’entreprise fondée par leur père en 1981. « Mais nous bénéficions aussi de la politique de relocalisation et de la volonté d’acheter français de la part de beaucoup d’entreprises », complète le dirigeant.

C’est ainsi qu’une relocalisation est à l’origine de la dernière acquisition du groupe, celle de la société ACBI dans l’Essonne. Client historique de Fortal, cet installateur d’équipements de protection collective et d’accès pour les toitures avait fait le choix de déplacer ses achats dans des pays low cost, dans les années 200. Mais avec les problématiques de transport et de géopolitique, il a finalement fait le choix de revenir en Europe.

 

 

« C’est à ce moment que nous avons rediscuté. Et nous avons trouvé des intérêts communs : eux désiraient se rapprocher d’une entreprise plus grande pour sécuriser leur activité et nous cherchions à nous développer en région parisienne », raconte Nicolas Ruffenach. Les contacts ont finalement abouti à une ouverture du capital et une prise de participation, par laquelle Fortal est devenu majoritaire en septembre 2021. Désormais, ACBI réalise tous ses achats auprès de sa nouvelle maison-mère.

Le fabricant alsacien cherchait à se rapprocher de l’Île-de-France afin de capter les marchés liés au chantier du Grand Paris Express, le nouveau réseau de transport de quatre nouvelles lignes de métro autour de Paris. Sa mise en service progressive, entre 2024 et 2030, va entraîner la construction de 68 nouvelles gares.

Autant d’opportunités à saisir pour Fortal. « Quand ce type de chantier démarre, les entreprises, souvent, n’anticipent pas et demandent nos équipements en urgence. Il est donc impératif pour nous d’être présents sur place pour répondre rapidement », précise le dirigeant. Une partie du stock de Fortal a déjà été transférée dans les bâtiments d’ACBI qui dispose de 1.200 m² dans la commune du Plessis-Pâté, au sud de Paris. L’entreprise alsacienne songe également à utiliser cette plateforme logistique pour livrer une partie de la France, notamment le Sud-Ouest.

 

Se développer à l’export et rester compétitif 

ACBI vient rejoindre un groupe  déjà composé d’une filiale de distribution, Echamat-Kernst à Saint-Pierre (Bas-Rhin), et d’une autre de commercialisation à Zurich, en Suisse. Le siège et le site de production se situent à Barr (Bas-Rhin), où ils emploient 150 salariés.

Via ses réseaux de distributeurs ou en direct, Fortal est présente dans toute la France et à l’étranger, surtout en Europe et en Afrique du Nord. Elle répond aux besoins d’entreprises de secteurs très variés, qui vont de l’artisan à la multinationale, dans l’industrie, le bâtiment, l’énergie, les transports… Elle a par exemple conçu et fabriqué l’ensemble des moyens d’accès sur les chaînes de productions du TGV M (le TGV du futur qui sera mis en service en 2024) pour l’usine d’Alstom à La Rochelle.

 

 

Le groupe bas-rhinois qui réalise aujourd’hui 15 % de son chiffre d’affaires à l’export, a pour ambition d’augmenter cette part à 30 % d’ici à trois ans. Il cible notamment l’Europe du Nord et le Moyen-Orient.

Les autres challenges, selon Nicolas Ruffenach, consistent à chercher les solutions face à l’inflation, à la hausse des tarifs de l’énergie et au manque de main-d’œuvre. « Trouver des ressources humaines est devenu un cauchemar. Aujourd’hui, c’est un frein à notre développement », déplore-t-il. Le groupe cherche en permanence 5 à 10 nouveaux collaborateurs. Face aux contraintes énergétiques, il a investi dans l’énergie solaire. Depuis 2022, le parking du site de Barr est équipé d’ombrières, avec plus de 1.000 m² de panneaux photovoltaïques qui permettent au site de produire directement 20 % de sa consommation. En 2023, les toits des halls de production seront également équipés, faisant passer la surface de panneaux solaires à 1.500 m2. 

 

Photos fournies par l'entreprise.