START-UP. L’impression 3D a sa pépite alsacienne : BeAM investit ce champ depuis sa création il y a deux ans en essaimage d’un Critt (centre régional d'innnovation et de transfert de technologie) strasbourgeois.
Son approche : cibler une technologie pour en devenir un leader mondial. Une seconde levée de fonds va prochainement suivre celle qui vient d'être bouclée avec des personnalités du monde industriel.
Emmanuel Laubriat identifie deux écueils à la très prometteuse filière de l’impression 3D : « la voir comme la baguette magique et chercher à tout faire avec elle ». Venu du numérique et plus généralement du monde des affaires, le président de la jeune société a reçu la mission de provoquer la rencontre entre le marché et les innovations de la structure de R&D dont BeAM est depuis fin 2012 l’essaimage et le locataire des locaux : le Critt (centre régional d'innnovation et de transfert de technologie) Irepa-Laser d’Illkirch, près de Strasbourg.
Concrètement, BeAM a fait un choix d'un segment précis : la fabrication de machines d’impression 3D métallique par fusion au laser, pour la production de petites séries.
« Nous permettons la fabrication en 5 à 6 heures de pièces en petites quantités. Au-delà, la fonderie classique garde tout son sens. A l’autre bout de l’échelle, nous ne sortons pas des prototypes, mais bien des pièces destinées à être mises sur le marché. Rien à voir donc avec le prototypage rapide, qui est la marque d’identité des matières plastiques », explique le dirigeant.

Impression 3D métallique
Dans sa niche, BeAM vise tout simplement le leadership mondial. Elle estime disposer des atouts technologiques à la hauteur de son ambition.
« Nous sommes les seuls au monde à pouvoir réunir plusieurs fonctions en impression 3D métallique, par exemple l’usinage et la fonderie, et à pouvoir ajouter un matériau métallique à la composition principale de l’objet, de façon à en multiplier les propriétés magnétiques ou mécaniques ». Par exemple, ajouter une couche de titane, de nickel, ou d’autres métaux onéreux.
Autre point fort propre à la société alsacienne, elle ne fait pas que fabriquer des pièces neuves, elle sait travailler les pièces existantes : les transformer (rajouter une patte de fixation…), mais aussi et surtout les réparer.
Ce qui lui ouvre un immense champ potentiel. « Nous allons ainsi le cycle de vie de pièces métalliques à forte valeur ajoutée », souligne Emmanuel Laubriat.
Et cela ne concerne pas que la vis de 3 millimètres ! Comme première référence majeure, la start-up a participé à la réparation de 700 pièces turbines d’avion dites d’importance « critique » (elles tournent à 30 000 tours/minute) de marque Pratt & Whitney, dans le cadre d’un développement innovant réalisé par la société Chromalloy et le Critt Irepa-Laser.
Les modèles de valeur ajoutée constituent donc clairement le créneau principal. Conséquence logique, l’aéronautique, le spatial, la défense ou l’énergie composent la liste de secteurs de débouchés. « Nous ne nous situons pas dans les gammes grand public. L’automobile, nous y sommes… mais pour des Formules 1 ! ».
« Nous accompagnons les clients dans la réalisation et la réparation des pièces afin qu’ils s’approprient la technologie et l’usage avant d’adopter définitivement notre machine. Cette approche les rassure », poursuit le président.
Levée de fonds d'un million d'€
Avec les 8 personnes qui composent ses effectifs directs ou sont mis à disposition par le Critt, BeAM ne peut pas prétendre assurer toute la chaîne de fabrication. Elle est l’intégratrice, qui assemble les composants sur une « machine de base » produite par le groupe Fives.
Le président de cette belle ETI française, Frédéric Sanchez, est entré au capital, dans le cadre d’un montage financier qui sort lui aussi un peu des sentiers battus, explique Emmanuel Laubriat.
« Nous venons de boucler une levée de fonds d’1 million d’€ que nous aurions pu réaliser par le capital-investissement classique, les candidats ne manquaient pas. Mais nous avons fait le choix de nous faire financer par quelques personnalités du monde industriel qui apportent ainsi aussi leur regard en intégrant notre conseil d’administration. Ils seront un peu nos parrains ».
C’est ainsi que, outre le patron de Fives, la PME s’entoure depuis début décembre, d’Hervé Guillou, PDG de DCNS (industrie navale militaire), de Philippe Varin, l’ancien patron de PSA, d’Emeric d’Arcimoles, cadre dirigeant de Safran et de Maurice Berenger, P-DG de Protip Médical, start-up strasbourgeoise.

10 recrutements dans l'année
Ce quintette accompagne BeAM dans une phase que la start-up espère de croissance : selon l’ampleur du succès, son chiffre d’affaires devrait se situer entre 2 et 5 millions d’€ en 2015, contre 300 000 € en 2014.
Les effectifs ont déjà doublé à l’automne et le recrutement d’une dizaine de personnes supplémentaires est en cours dans les prochains mois pour parvenir à 20 salariés dans les fonctions de R&D, de développement technique en milieu industriel, et de commercial.
Une nouvelle levée de fonds ne devrait pas tarder. Elle pourra prendre une forme plus classique, mais pas celle d’une introduction en Bourse. Cette hypothèse n’est pas à l’ordre du jour pour l’heure.
Photos ©C. Robischon et BeAM.

Avec Le Groupe Gorgé c'est le seul fabricant de machines de fabrication additive en France, c'est dire le manque de compétitivité de notre pays... Une autre interview très intéressante d'Emmanuel Laubriat qui apporte également son analyse du phénomène : http://www.priximprimante3d.com/clad/
Félicitations Emmanuel. Je m'intéresse toujours à l'évolution de la fusion laser 3D et je confirme que BeAM est dans le groupe des leaders de fabricants proposant des machines très performantes pour appliquer cette technologie. Dans le monde de la Fabrication Additive BeAM a une place primordiale encore sous estimée par certaines parties de l'industrie plus attirée par les procédés SLS. Bonne chance à BeAM et pourquoi ne pas devenir bientôt le leader mondial de la fusion laser 3D.!!
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