PORTRAIT/BOURGOGNE. Le nouvel homme fort de ce groupe de dix-huit PME, dont onze sont industrielles, pourrait passer pour Monsieur Tout-le-Monde.

Reste que beaucoup d’entreprises rêveraient de débaucher le directeur général de Galilé, beaucoup de collaborateurs de l’avoir comme patron et beaucoup d’envieux de l'imiter.

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Jean-Claude Boyer, chez CLM Industrie, dans l'agglomération de Dijon, l'une des onze entreprises industrielles du groupe Galilé. © Traces Ecrites.

Un trait fort du caractère de Jean-Claude Boyer ne trompe pas. Le nouveau directeur général de Galilé par promotion interne – il était auparavant directeur du pôle industriel – a récemment sanctionné l’un des commerciaux de ce petit groupe bourguignon de PME, fondé à partir de 2000 par Éric Michoux.

« Il a fait une erreur que je ne pouvais pas laisser passer car un cadre pour moi se doit d’être exemplaire », indique-t-il. N’allez pas pour autant croire que cet homme de 59 ans est un personnage austère, doublé d’un rigoriste pur jus.

Tout au contraire, son management se veut humaniste, soit directif, participatif, ou paternaliste selon les circonstances. « Une entreprise doit avoir la capacité de faire bien vivre les personnels qu’elle emploie, d’un point de vue financier comme en épanouissement personnel. »

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Lorrain d’origine, sa légère pointe d’accent ne trompant pas, Jean-Claude Boyer est de formation ingénieur mécanicien diplômé de l’École Nationale d'Ingénieurs de Metz (ENIM). Élève plutôt brillant, il sort de ce cursus avec de nombreuses opportunités professionnelles et joue d’entrée les cadors.

Embauché chez Vulcanic, à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), spécialiste en chauffage et refroidissement électriques pour l’industrie, le jeune ingénieur pétri de certitudes théoriques se retrouve à diriger une équipe de six personnes, dont trois ont plus de 60 ans. « Ils m’ont bien vite ramené à la réalité, appris mon métier, et fait en sorte que je n’oublie jamais une valeur fondamentale : l’humilité. »

 

Comprendre la génération Z

Jean-Claude Boyer est aussi un fidèle à la ville - marié depuis sa 22ème année -, comme au bureau. Ce papa de trois enfants, maintenant établis, demeure dix ans chez Vulcanic en occupant de nombreux postes, avant de prendre pour une autre décennie la direction industrielle d’une filiale de l’entreprise, baptisée Spiroflux, et située non loin de Marseille.

boyer« A force d’être approché par des chasseurs de tête, j’ai accepté un rendez-vous avec l’un des plus grands groupes français pour un poste en Belgique rémunéré à l’époque 200.000 € », explique-t-il. A l'une de ses questions sur les perspectives l’évolution de carrière, on lui donne une grille à échelons selon le nombre d’années passées. Ce mode de fonctionnement l’invite à préférer à jamais les PME.

Une divergence stratégique avec le directeur de Spiroflux l’expatrie ensuite, à sa demande, comme commercial de haut vol à Auxerre (Yonne). C’est là que, par une connaissance commune lié au Centre des jeunes dirigeants d’entreprise (CJD), il rencontre Éric Michoux, membre de ce réseau en Bourgogne. Ce dernier l’embauche tout de suite car les deux hommes se complètent à merveille.

Autant Éric Michoux excelle  en finances et stratégie, autant lui pilote l’opérationnel avec un pragmatisme forcené. « Je suis un ayatollah du bons sens dans les PME », décrète le directeur général. Alors gare aux coach et conseils de tout poil venant lui apprendre à « enfoncer des portes ouvertes ». Quant aux normes dont certains font des gorges chaudes, il assure qu’en matière de qualité le plus important est de toujours les dépasser.

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S’il dirige avec fermeté mais bienveillance, un groupe de dix-huit sociétés, dont onze industrielles principalement dans la mécanique, qui réalise un chiffre d’affaires consolidé de 67,5 millions d’€ avec un effectif total de 460 personnes, Jean-Claude Boyer confesse un talon d’Achille. « Je réfléchis à convaincre la génération Z de venir exercer ses talents dans l’industrie, mais je suis parfois perdu dans leurs réactions. »

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Éric Michoux, PDG de Galilé.

Tenace, obstiné même, il pense que c’est très tôt qu’il faut pouvoir les convaincre. C’est pourquoi, une classe de seconde est ainsi venue étudier une semaine entière chez Escofier (*), l’une des entreprises de Galilé spécialisée dans les équipements de formage à froid de pièces en métal.

Il participe également très activement à Galilé 360, un incubateur maison domicilié au siège du groupe à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) et dont le troisième concours vient de s’achever. Tout comme à l’école interne de soudage qui perfectionne les 63 professionnels intégrés.

Chez lui un problème équivaut toujours à une solution. « Eric Michoux m’a même baptisé son couteau suisse car je suis multifonctionnel. » Longtemps sportifs de haut niveau : football et judo (deuxième dan), le nouveau directeur général de Galilé aime également se détendre par la lecture de policiers, de livres d’histoire, voire d’ouvrages de physique quantique. Il voyage peu pour le plaisir, sauf en Roumanie. « Chez des gens qui n’ont rien mais ne se plaignent jamais. »

(*) L’entreprise va injecter ces prochains mois 800.000 € dans deux rectifieuses cylindriques pour la fabrication des outils adaptés à ses équipements de formage à froid de pièces en métal.

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Arnaud Pelletier, 35 ans (au centre), dirigeant de l’entreprise chalonnaise CMPhy (3 salariés), décroche le troisième prix du concours annuel Galilé 360, l’incubateur du groupe éponyme, soit 5.000 € de prêts d’honneur (24 mois de différé de remboursement) et un mentorat de trois personnes parmi lesquelles Jean-Claude Boyer. Ce spécialiste des équipements de contrôle non destructif (CND) et d’analyse non destructive (AND), c'est-à-dire la recherche des variations de matière, qui imagine d’intégrer à des pièces de haute valeur ajoutée des capteurs miniaturisés, est un ingénieur en matériaux, passé par l’IUT de Chalon-sur-Saône, puis l’École supérieure d'ingénieurs de recherche en matériaux et en infotronique (ESIREM) de Dijon. Demain, il va concevoir des capteurs tellement miniaturisés qu'ils pourront être intégrés dans des supports souples en composite ou élastomère. Ce développement propre vise les 200.000 à 300.000 € à terme.

 

Les entreprises industrielles du groupe Galilé  

 

CLM Industrie (Dijon, Côte-d’Or), équipements pour le nucléaire ; Corvaisier (Joué-lès-Tours, Indre-et-Loire), mouliste et prototypiste ; Escofier (Chalon-sur-Saône, Saône-et-Loire), machines de roulage ou formage à froid ; Farman (Tours), ilôts de soudage robotisés ; Car (Château-Renault, Indre-et-Loire), chaudronnerie spécialisée filiale de RD Technologies ; MA Industrie (Saint-Étienne-lès-Remiremont, Vosges), machines spéciales de production ; Manusystems (Venarey-les-Laumes, Côte-d’Or), fabricant de convoyeurs et matériels de stockage dynamique ; Peinta (Creuzier-le-Vieux, Allier), intégrateur industriel ; PI System Automation (Romagnat, Puy-de-Dôme), transitique et robotique ; Provéa (Venarey-les-Laumes, Côte-d’or),  équipements pour tubiste, sous-traitance industrielle ; RD Technologies (Veynes, Hautes-Alpes), pièces en alliages réfractaires pour fours industriels de traitement thermique, Ysebaert (Frépillon, Val-d’Oise), matériels de confinement.

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