MÉDICAL/AUBE. Spécialiste de la stérilisation à froid du matériel médical et chirurgical par rayonnements ionisants bêta, Ionisos vient de clore un investissement de plus de 2 millions d’€.

Le site aubois de cette PME rhônalpine a remplacé son accélérateur d’électrons et son robot de manutention.
Totalement automatisée et informatisée, l’usine de Chaumesnil n’emploie que treize personnes, bien qu’elle tourne 24h/24, 7j/7, par équipes de deux. Visite.

 

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Totalement automatisée, l’usine emploie peu de main-d’œuvre. ©Frédéric Marais / Agence Info

 

Un marché de niche réservé aux professionnels ; une usine implantée à l’écart du petit village de Chaumesnil, lui-même situé sur un axe secondaire : voilà qui est de nature à entretenir le mystère autour de l’activité d’Ionisos, dont le nom intrigue aussi.

 

L’entreprise revient pourtant périodiquement sous les feux de l’actualité, puisqu’elle a changé quatre fois de mains ces quinze dernières années : en 2000, 2003, 2007 et 2014.

 

Cette instabilité n’est pas un signe de mauvaise santé financière : elle prouve au contraire la rentabilité de son activité, comme en attestent les trois LBO (leverage buy out) successifs qui ont vu l’arrivée de nouveaux actionnaires majoritaires. Le dernier en date étant la société britannique de capital-investissement Agilitas.

 

Ionisos dispose il est vrai d’un savoir-faire qu’un seul concurrent lui dispute en France. « Nous sommes un prestataire de service en stérilisation, résume Michel Plantier, le responsable d’exploitation de l’usine de Chaumesnil (Aube). Nos clients sont exclusivement des fabricants. »

 

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L’unité auboise est spécialisée dans le rayonnement bêta, quand d’autres sites du groupe (quatre en France, un en Espagne et un en Chine) utilisent le rayonnement gamma ou l’oxyde d’éthylène, soit les trois technologies de stérilisation à froid existantes.

 

« Le matériel médical et chirurgical représente 70 % de notre chiffre d’affaires, indique Michel Plantier. Il s’agit de matériels jetables, à usage unique : pansements, poches de transfusion, composants de seringues, sets de dialyse, boîtes de Petri, champs opératoires (l’étoffe entourant la partie opérée), etc. »

 

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L'entrée de l'accélérateur d'électrons. © Frédéric Marais/Agence Info.

Des murs en béton de 2,80 m d’épaisseur

 

Le matériel à stériliser est enfourné avec son carton d’origine, prêt à la vente, dans une sorte de tunnel, où il est acheminé par un convoyeur jusqu’à l’accélérateur d’électrons.

 

Parvenu au générateur électrique, le produit est balayé sur ses deux faces par un faisceau d’électrons pendant quelques secondes, sans s’arrêter. « C’est la vitesse de défilement qui détermine la dose de rayonnements, explique le responsable d’exploitation. En règle générale, on laisse l’accélérateur à pleine puissance. »

 

Le faisceau d’électrons casse la chaîne ADN du produit tout en provoquant une réaction d’oxydation qui génère de l’eau oxygénée. L’opération induit aussi un faible pourcentage de rayons X, contre lesquels il faut se protéger.

 

C’est pourquoi des murs en béton de 2,80 m d’épaisseur isolent le tunnel, lui-même dessiné tout en coudes et en chicanes pour briser la course des rayons X (qui se déplacent en ligne droite). L’accès à la casemate abritant l’accélérateur est « strictement interdit » pour cause de « danger de mort » (c’est écrit à l’entrée).

 

Les opérations sont surveillées depuis une petite salle de contrôle et les interventions humaines réduites au minimum. C’est un robot qui palettise et dépalettise. Totalement automatisée et informatisée, l’usine de Chaumesnil n’emploie que treize personnes, bien qu’elle tourne 24h/24, 7j/7, par équipes de deux.

 

30.000 palettes par an dont une partie en provenance de l’étranger

 

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La salle de contrôle des opérations. ©Frédéric Marais / Agence Info

 

Le site aubois ne génère en revanche aucune radioactivité et n’a rien à voir avec les centres de stockage de l’Andra situés à quelques kilomètres de là. Ionisos s’est implanté ici en 1990 uniquement parce qu’il bénéficiait d’aides à l’installation et d’une usine-relais.

 

L’usine traite plus de 30.000 palettes par an, l’équivalent de 60.000 m3, dont une partie en provenance de l’étranger. Ces chiffres englobent les trois autres activités du site : « La réticulation polymérisation de matières plastiques pour les rendre résistantes à la chaleur. Le dopage de semi-conducteurs afin d’améliorer leurs performances. Et enfin la décontamination d’emballages alimentaires. » L’unité auboise ne stérilise plus d’épices comme à ses débuts.

 

Celle-ci a d’ailleurs beaucoup changé depuis l’origine, même si cela n’est guère perceptible. L’accélérateur d’électrons vient en effet d’être remplacé en deux fois, et l’usine a reçu un robot de manutention flambant neuf. « Un investissement de plus de 2 millions d’€ » qui ravit Michel Plantier, responsable du site depuis son ouverture.

 

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L’entreprise est installée dans un secteur marqué par la campagne de France de 1814 au terme de laquelle Napoléon 1er partit en exil. ©Frédéric Marais / Agence Info

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