INNOVATION/NIEVRE et MOSELLE. Le spécialiste nivernais du siège et mobilier de bureau invente un siège chauffé et ventilé. Cette innovation signée Eurosit est dans la droite ligne des tendances de consommation pour ce type de mobilier professionnel, de plus en plus confortable et ergonomique.
Une station de rechargement des véhicules roulant à l’hydrogène capable de produire son carburant de manière autonome ? C’est que ce teste l’agglomération de Sarreguemines en Moselle. L’expérience sert de laboratoire à la règlementation des installations classées (ICPE) relative aux stations de production d’hydrogène.
MOBILIER PROFESSIONNEL. Eurosit, spécialiste de la conception et fabrication de sièges et mobilier de bureau, a imaginé un siège - encore au stade du démonstrateur ou pilote - chauffé au niveau du dossier et ventilé sur l’assise et le dossier. L’entreprise, implantée à Nevers (Nièvre) et numéro trois français de son secteur, réalise là une première nationale en terme d’innovation de confort.
D’autant que, bonus, ces deux fonctions sont télécommandables à distance, suivant l’heure d’arrivée au travail, via une application smartphone. Le service R&D de l’entreprise (10 ingénieurs et techniciens) dirigé par Thierry Lorron a rencontré nombre de difficultés avant la mise au point final. Classique, la première a été le choix de la batterie pour éviter tout fil électrique qui traîne et capable de stocker l’énergie au moins sept heures durant.

Autre problème de taille : comment loger ce double système dans un format adapté à un dossier qui autorise différents mouvements ?
« Tous nos sièges intègrent depuis longtemps des réglages favorisant une adaptation à la morphologie des utilisateurs et la liberté de bouger, aussi fallait-il trouver une nappe chauffante, sorte de composite souple doté de résistances, également souples, pour que l’ensemble puisse se déformer », explique Thierry Lorron.
Enfin, le produit final se devait d’intégrer deux capteurs compatibles, le premier pour gérer la montée en température, le second pour faire office de détecteur de présence afin de couper l’énergie dépensée lorsque le siège n’est plus utilisé. « Mais nous n’en sommes qu’à une première étape », souligne le responsable R&D qui bénéficie d'un budget d'un million d'€ par an.
Un nouveau modèle à naître
L’innovation prendra place dans un nouveau modèle de siège, produit en 2019. « Sur un prévisionnel de 10.000 unités annuelles vendues, nous espérons en commercialiser 10% avec cette option de confort », indique Jean-Pierre Alaux, directeur général d'Eurosit. Entre-temps, les ingénieurs et techniciens de l’entreprise auront encore fait évoluer l’innovation en l’équipant de boutons de commande intégrés au siège.
« Notre objectif final est de connecter à terme tous les sièges chauffés et ventilés au système de gestion énergétique du bâtiment pour mieux réguler la consommation », assure Thierry Lorron.
Filiale du Basque Sokoa, Eurosit réalise 33 millions d’€ de chiffre d’affaires avec 145 personnes. L’industriel s’est offert, il y a un an, à la barre du tribunal de commerce de Nevers, les spécialistes du mobilier commercial, Sorec et Sorec Metal de l’ancien groupe éponyme de la Charité-sur-Loire, autre ville nivernaise. « Nos clients grands comptes souhaitent très souvent une offre globale : mobilier plus sièges, c’est ce qui nous a décidé à conclure ces rachats », rappelle Jean-Pierre Alaux.
Didier Arnaud Boréa, directeur général délégué d’Eurosit, se voit confier la relance des deux sociétés, achetées fin décembre pour 500.000 € et placées sous la bannière commune de Sorec Solutions, forte des 58 salariés, soit l’ensemble de l’effectif, intégralement repris. DIDIER HUGUE
ENERGIE. L’agglomération de Sarreguemines (Moselle) compte depuis quelques mois une station de rechargement des véhicules roulant à l’hydrogène capable de produire son carburant de manière autonome. Ses deux électrolyseurs fabriquent 40 Kg d’hydrogène par jour à partir d’eau, d’oxygène de l’air et d’électricité “verte”.

« Approvisionner une station de rechargement hydrogène classique n’est pas neutre sur le plan environnemental. Il faut 1,7 tonne d’acier [Le poids des réservoirs à déplacer de leur lieu de remplissage à la station de rechargement, Ndlr] pour transporter 10 Kg d’hydrogène ! », éclaire Christian Hector, directeur général des services techniques de la communauté d’agglomération Sarreguemines Confluences (CASC), labellisée “Territoire à énergie positive pour la croissance verte” en 2015.
Baptisé FaHyence en référence au savoir-faire historique du territoire dans la faïencerie (Hy faisant allusion à l’hydrogène), le projet est porté par la collectivité qui a travaillé en partenariat avec EDF, le français Mc Phy, fournisseur des électrolyseurs et un laboratoire allemand du Karlsruhe Institute of Technology.
Pour mener à bien cette expérimentation sur 5 ans inédite en France, il fallut convaincre des partenaires publics et privés de monter une flotte “test” de 10 véhicules hybrides électrique-hydrogène.
Coût du véhicule et de l'électricité encore élevé
La pile à combustible et le réservoir à hydrogène de 1,7 Kg capables de se recharger en 3 à 5 minutes ont été conçus par Symbio FCell (Isère) et assemblés sur des véhicules de type Kangoo ZE Maxi au Technocentre de Renault à Guyancourt (Yvelines). La pile à combustible transforme l’hydrogène en électricité pour alimenter une batterie lithium-ion rechargeable de 22 kW (300 km d’autonomie).
« Le véhicule convient parfaitement aux déplacements nécessitant de nombreux arrêts, ces derniers permettant de recharger la batterie », livre Arnaud Schmitt, chargé de mission à la Communauté d’agglomération Sarreguemines Confluences. Demeure quelques verrous à lever comme le coût du véhicule, deux fois plus élevé que la version standard et la consommation électrique du procédé d’électrolyse de l’eau.
Les données du projet FaHyence seront scrutés attentivement par le consortium européen autour de la mobilité hydrogène H2ME auquel il est associé. Pour le conduire, la collectivité a pu limiter son investissement à 160.000 € sur les 1,6 million d’€ d’investissement grâce au soutien du partenariat public-privé européen FCH-JU (Fuel Cells and Hydrogen Joint Undertaking) orienté R&D dans le domaine des technologies énergétiques, des piles à combustible et de l'hydrogène en Europe. Parallèlement, le poste du chargé de mission est financé pour trois ans dans le cadre de ce projet par l’Ademe.
Après avoir servi de laboratoire à la règlementation ICPE sur les stations de production d’hydrogène, les porteurs du projet mosellan souhaiteraient à terme adapter la station aux véhicules hydrogène de plus grande autonomie qui circulent déjà côté allemand.
La collectivité évoque également les extensions techniques possibles : « Nous consommons déjà des énergies intermittentes (éolien, solaire, etc.) et nous pourrions aller encore plus loin en équipant la station d’une pile à combustible pour réinjecter de l’électricité sur le réseau lors des pics de consommation.» PHILIPPE BOHLINGER.