Le désormais incontournable salon de l’emploi d’outre Rhin Warum nicht, le 25 septembre à Mulhouse, confirme l’actualité de l’emploi frontalier de l’Alsace, en Allemagne et en Suisse. Mais employeurs et employés doivent plus que jamais prendre en compte la culture de leurs voisins et l’évolution des pratiques liées à la digitalisation, estime Marc Sarwatka, président de Pro Evolution. Ce cabinet RH à Mulhouse et Strasbourg lance le 17 septembre une « start’up RH » qui a vocation à accompagner les entreprises à identifier les besoins de compétence et de recrutement.


• Pro Evolution prévoit de créer l’an prochain un bureau à Karlsruhe pour le marché allemand de l’emploi frontalier de l’Alsace. Que souhaitez-vous apporter dans un panel d’offres déjà consistant sur le sujet ?

Cette offre existante répond à des besoins multiples, dans le contexte d’un taux de chômage très bas dans le Pays de Bade  [ taux de chômage de 4,1 % à 4,7 % entre Lörrach et Karlsruhe en août 2019, NDLR ] qui génère d’importantes attentes RH, en quantité, et en diversité : le recrutement bien sûr, mais aussi l’outplacement, la transition de carrière, l’activité de chasseur de tête pour des postes de top management. Dans ces domaines, notamment le dernier nommé, Pro Evolution lui-même peut se prévaloir d’une expérience transfrontalière depuis ses bases alsaciennes. 

Mais l’aspect qui a sans doute été le moins travaillé, par les employeurs comme les employés, alors qu’il est d’importance, c’est celui de l’interculturalité : quelles habitudes de travail en Allemagne et en Suisse ? Quels « codes » adopter en matière d’attitudes au poste de travail, de « vente » de son CV, de relation avec la hiérarchie, de respect de règles comme bien sûr la ponctualité ? On constate qu’un monde sépare encore les deux rives du Rhin sur ces points.

 

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• Une autre évolution qui va impacter les ressources humaines de l’autre côté de la frontière, c’est la digitalisation, estimez-vous…

... Je vois ce que vous voulez dire. Oui, incontestablement. Les données de départ diffèrent quelque peu selon qu’on parle de l’Allemagne ou de la Suisse. La première peut s’appuyer sur la force de son tissu productif qui devient la référence européenne de l’industrie 4.0. La seconde possède de tels atouts aussi, mais elle peut surtout capitaliser sur sa culture d’innovation.

Toutefois, les deux pays vont être confrontés aux mêmes enjeux que nous : acculturation de la digitalisation par le dirigeant, problématique à gérer pour la TPE et la PME. Pour leurs entreprises, il s’agit de poser un nouveau regard sur les jeunes, assez fondamentalement différente de leur habitude historique de les former, pour ne pas dire, les formater à leur culture d’entreprise : il leur faudra admettre que ces jeunes vont bousculer ces cultures et savoir reconnaître… et exploiter le potentiel que peut leur apporter cette génération « nourrie » aux jeux vidéos, par rapport aux enjeux de la digitalisation.

 

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• Développez-vous également ce créneau de ce côté-ci de la frontière ?

Le 17 septembre prochain, nous créerons une « start’up RH », appelée KonexUp. Elle a vocation à accompagner les entreprises du digital et toutes les structures, en premier lieu les industries de tous secteurs d’activité, qui sont engagées dans une démarche de digitalisation, afin d’identifier leurs besoins de compétences et de recrutement : savoir embaucher à ces postes aux noms nouveaux et intrigants de chief digital officer, de data scientist, de traffic manager… 
Et savoir conserver ensuite ces profils, tant ils  sont courtisés, au besoin en sachant faire évoluer le mode de management, pour fidéliser ces talents. 
Nous constatons que la digitalisation revêt une définition très disparate d’un secteur d’activités et d’une entreprise à l’autre en fonction de la culture historique et de la nature de sa confrontation à cet enjeu au quotidien. Mais le point commun, ce sera le changement dans le management qu’elle va impliquer. Pour bien marquer le message, nous installons cette nouvelle société dans le KM0, le bâtiment à Mulhouse qui devient le vecteur de la transition numérique en Sud-Alsace.

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Le salon Warum Nicht organisé tous les ans par la Maison de l'Emploi et de la Formation de Mulhouse Sud Alsace (en 2019, le 25 septembre) propose des offres d'emploi en Allemagne et toutes sortes de conseil pour déposer sa candidature. © MEF Mulhouse Sud Alsace.

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