PRODUITS D'HYGIÈNE. Au bord du précipice il y a trois ans, Hydra s’est redressé au point d’afficher des ambitions nouvelles.
Le fabricant de produits d’hygiène en coton de Moosch (Haut-Rhin) souhaite investir pas moins de 9 millions d’€ pour se doter d’un outil industriel performant.

Ce n’est pas faire injure à ses augustes locaux actuels que de dire qu’ils sont loin de répondre au qualificatif de performants. Les traces de coton les parcourent des planchers aux plafonds, au fur et à mesure de la transformation des 4 100 tonnes annuelles de matière venue du Pakistan et d’ailleurs.
Ce processus commence par le blanchissage, que la PME est seule encore à réaliser en Europe de l’ouest.
Hydra ne compte pas quitter ses lieux actuels au milieu de la vallée sous-vosgienne de la Thur, mais souhaite entreprendre une vaste reconfiguration qui devrait combiner rénovation et construction neuve.
Le maître-mot en sera le compactage.
« Nous occupons 27 000 m2 couverts aujourd’hui, or nous ne créons de la valeur que sur un tiers de cette surface », souligne le P-DG Philippe Legrand.
Le dirigeant souhaite mettre en œuvre les concepts de rationalisation et de « marche en avant », qu’il connaît bien : il vient de l’automobile qui s’en fait le principal porte-drapeau. Hydra fabrique des produits d'hygiène en coton : cotons à démaquiller, de soin, pour bébé...
Equilibre financier

Le P-DG ne se montre pas excessivement pressé : il se donne deux à trois ans pour mener à bien ce chantier historique : « le genre de rendez-vous à ne pas rater », reconnaît-il.
Il a pris date auprès des élus locaux, rencontrés en juin en délégation conduite par le député Michel Sordi. Car il compte bien sur des subventions ou autres formes de concours publics.
Mais Hydra s’est donné les moyens en fonds propres pour que cette marche des 9 millions d’€, infiniment plus haute que son million d’€ d’investissements annuels, ne soit pas inaccessible.
Il s’agit là d’une vraie performance pour une société que Philippe Legrand a reprise en septembre 2011 en redressement judiciaire.
« Depuis le premier jour de la reprise, nous sommes à l’équilibre financier », souligne le dirigeant qui salue le soutien renouvelé du CIC et de la Société générale, aujourd’hui approchées pour entrer au capital.
Quant au chiffre d’affaires situé à 17,8 millions d’€ l’an dernier, il traduit une progression de 24 % depuis la reprise. Les effectifs sont également repartis à la hausse.
Tombés à 87 salariés à la suite des 68 licenciements ayant accompagné le changement de propriétaire, ils sont remontés à 117, intérimaires compris.
« Nous avons créé quelques postes qui expriment bien nos priorités pour ne pas être un simple suiveur sur notre marché : marketing, recherche-développement et gestion de progrès permanent ».
Que cache ce dernier terme un brin ronflant ? « Le besoin d’accompagner aussi dans le changement le personnel, à l’ancienneté moyenne de 25 ans. Un défi réside par exemple dans la pratique des langues étrangères : nos fournisseurs de machines sont italiens et néerlandais », poursuit le P-DG.
L'export, une priorité

La résurrection d’Hydra résulte surtout d’un retour à une stratégie bien définie pour l’entreprise qui s’était effilochée du temps du précédent propriétaire, le groupe rhônalpin Tetra Medical.
Hydra consomme 4 100 tonnes par an de coton, qu’il blanchit et transforme.
Son marché est âpre : 70 % de ses ventes - cotons à démaquiller, de soin...- s’opèrent en grande distribution, principalement sous marque distributeur, le solde venant de réseaux spécialisés (pharmacies, parapharmacie, cosmétique…).
Pour se démarquer, la PME de Moosch privilégie quelques axes forts comme les bébés et les mamans. Par contre, elle a quasiment abandonné son emblématique bâtonnet de coton-tige, « parce qu’on ne pouvait plus lutter face à la concurrence ».
« Nous avons réorganisé l’offre en quatre gammes comprenant chacune quatre familles de produits, que nous enrichissons avec des lancements de nouveautés, nous en avons trois dans les cartons en ce moment », poursuit Philippe Legrand.

Le nouvel Hydra entend également franchir de plus en plus les frontières : l’export vers une cinquantaine de pays gagne en poids pour représenter 38 % du chiffre d’affaires.
« C’est clairement une de nos priorités », confirme l'industriel.
Photos : Christian Robischon.
Et 3 ans plus tard !!!! Liquidation judiciaire !
Enfin la reprise, après la faillite de Gilles Bernot !
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