Après une histoire mouvementée, Hydra Beauty & Clean, fabricant de coton à démaquiller et de carrés bébé, a reçu une aide du Plan de relance pour relocaliser une ligne de fabrication de rouleaux de coton de Pologne. Ce coup de pouce à un investissement de 5 millions d’€ permet à cette filiale du groupe polonais EcoWipes d’envisager un avenir plus serein.
Installée en fond de vallée alsacienne, à Moosch (Haut-Rhin), près des Vosges, Hydra Beauty & Clean reste économiquement fragile. L’entreprise qui, en deux ans, a regonflé ses effectifs à 75 salariés, et son chiffre d’affaires à 19 millions d’€, est encore en convalescence après un redressement judiciaire en 2011, puis un dépôt de bilan en 2017. Lorsque Gabriel Kermiche, actionnaire majoritaire du groupe polonais EcoWipes, la reprend dans la foulée, à la barre du tribunal, l’activité redémarre avec une quarantaine de salariés générant 8 millions d’€ de chiffre d’affaires.
Mais sans les équipements qui lui permettaient de traiter le coton brut et de le transformer en nappes pour la fabrication des cotons à démaquiller et carrés pour bébé. Vétustes, les machines avaient été insuffisamment entretenues et comme l’usine polonaise du groupe disposait d’un parc suffisant pour la production de rouleaux de coton, elle était devenue le fournisseur de l’entreprise alsacienne.
Embauché comme président d’Hydra Beauty & Clean en 2018, Jean-Luc Thiery défend l’idée d’un retour de la fabrication des nappes de coton à Moosch. « Hydra sans cette ligne de production est une coquille vide sans aucun avenir », affirme-t-il. Un avis partagé par Gabriel Kermiche, le PDG du groupe, mais pas forcément par ses associés…
L’aide du Plan France Relance a été un élément déterminant pour les convaincre. L’entreprise alsacienne a fait en effet partie des 29 premiers lauréats du Grand Est au « fonds de soutien aux investissements industriels dans les territoires » en décembre dernier.
A la clé : une subvention de 650.000 € pour un investissement total de 5 millions d’€. Hydra a également un dossier en cours d’instruction à la Région Grand Est pour percevoir une aide d’environ 300.000 €. Le reste sera financé par la maison mère EcoWipes et des banques polonaises. « Ce soutien de l’Etat français a permis de rassurer les banques en Pologne, qui ont vu qu’on était accompagné. En revanche, en France, les banques n’ont pas voulu suivre… », souligne Jean-Luc Thiery.
20 emplois créés d’ici cet été

La nouvelle ligne de production doit démarrer entre juillet et septembre 2021. Hydra Beauty & Clean pourra de nouveau blanchir le coton brut et fabriquer les nappes de coton, avec une capacité de 15 tonnes de coton par jour. « Cela correspond à notre besoin, avec une organisation en 3-8 », précise le dirigeant alsacien. Une vingtaine d’embauches sont prévues pour faire fonctionner cette ligne de fabrication.
Jean-Luc Thiery a gagné en confiance : « Cet investissement va nous aider à devenir rentable et viable. » Le dirigeant espère aussi gagner en légitimité sur le volet du made in France, pouvant justifier non seulement la découpe, mais aussi la fabrication française des rouleaux de coton. Car, assure t-il, certains acteurs de la grande distribution sont de plus en plus sensibles au made in France, de même que des clients que la société a conservés à l’étranger : en Corée, au Vietnam, en Ukraine…
Principal client d’Hydra Beauty & Clean, surtout en marques de distributeurs, la grande distribution assure de gros volumes, mais avec des prix très faibles. « Nous souhaiterions nous développer davantage auprès des réseaux spécialisés : distributeurs de marques bio, groupements et laboratoires pharmaceutiques, etc », précise le dirigeant qui parie sur propre marque Bocoton. En 2020, l’usine alsacienne a doublé sa production de coton bio par rapport à 2019, mais cette gamme ne représente encore que 15% de la production totale.

Après un DUT en génie mécanique, Jean-Luc Thiery démarre sa carrière dans l’entreprise Von Roll, fabricant d’isolants électriques, puis chez Alstom. A partir de 2001, il intègre le monde de l’automobile et occupe des postes à responsabilité (directeur général, directeur de site) pour diverses sociétés : Hope Global, Protoform Bourgogne, Delfingen, et il obtient un master en management des entreprises à l’EM Strasbourg en 2010.
Lassé par le secteur automobile, il devient directeur général d’Aluconcept, une entreprise dijonnaise qui fabrique des garde-corps en aluminium en 2016. Puis en 2018, il reprend les rênes de l’usine Hydra Beauty & Clean à Moosch.
Photos fournies par l'entreprise.