INGENIERIE/FRANCHE-COMTÉ. Pour une société d'ingénierie spécialisée dans l'automobile, dont le coût de la matière grise et le prix de l'immobilier pèsent fortement sur la rentabilité, une installation en région, en l'occurence dans l'aire urbaine Belfort Montbéliard, peut être préférable à une délocalisation à l'étranger.
HTI estime que le site de Montbéliard installé en début d'année, lui reviendra 30% moins cher qu'en région parisienne. Les effectifs devraient passer de 10 à 80 personnes d'ici fin 2016.

Pour l'instant, l'équipe de HTI à Montbéliard est seulement constituée d'une dizaine de personnes : sept sont en mission au sein d'entreprises, trois occupent de vastes bureaux à Numérica, la pépinière d'entreprises de Montbéliard (Doubs). Des bureaux tellement grands qu'ils pourront accueillir des dizaines de forts en maths.
D'ici fin 2016, Sophie Carisey, la directrice générale, espère gonfler les effectifs jusqu’à 80 salariés.
Créée en 1987, HTI comptait un peu plus de 20 salariés quand elle a été rachetée par le groupe Apside en 2002. Cette filiale spécialisée dans l’expertise automobile en compte aujourd'hui 310 et a réalisé un chiffre d'affaires de 16 millions d'€ en 2014 qui devrait dépasser les 20 millions cette année.
Le groupe Apside, créé en 1976 avec l'informatique comme domaine de prédilection, compte quant à lui environ 1850 salariés et vise les 2000 salariés dans les prochains mois, pour un chiffre d’affaires de 130 millions en 2014.
« Les sociétés de service sont aujourd’hui les premiers recruteurs en France, affirme Sophie Carisey, ingénieure d'affaires de formation et originaire de la région de Montbéliard. Nous offrons aux entreprises de la souplesse et de la réactivité. Nous sommes capables de monter une équipe en huit jours. »
L’industrie automobile est la première cliente de ce prestataire de service en ingénierie mécanique et industrielle qui propose les compétences de ses ingénieurs et techniciens, soit sur site (donc chez le client) soit en service externalisé.
HTI intervient du début à la fin de la recherche et développement d’un projet : contrôle des moteurs ; ingénierie de projet, achats, génie industriel. Aussi, la société subit-elle les difficultés conjoncturelles cycliques inhérentes à l’industrie automobile.
Rester en France et créer des emplois

Pour être prête dès que la reprise arrive, HTI fait le pari de la stabilité de ses effectifs. « 99% du personnel est embauché en CDI », affirme la directrice générale. Un choix managerial qu’elle explique par la structure familiale de l’entreprise.
« Notre groupe n'est pas côté en bourse et est toujours dirigé par son fondateur, Michel Klar. Nous sommes donc totalement indépendants, et cela a une influence sur la façon de gérer l'entreprise. »
La concurrence est en effet vive dans le secteur. « Nos concurrents délocalisent à l’étranger pour répondre à l'exigence de baisse des prix des donneurs d’ordre. Ce n'est pas la vision que l'on a », explique la directrice générale.
« Nous pensons que nous pouvons rester en France, créer des emplois et rester compétitifs. »
L’implantation à Montbéliard correspond à une politique de développement de plateaux externalisés : un premier a été installé à Colombes, à côté du site de PSA Peugeot-Citroën. Montbéliard est le deuxième, mais la proximité de PSA Sochaux n’est pas la motivation principale.

L'objectif est d’abord de répondre des donneurs d'ordres parisiens !
HTI a jeté son dévolu sur Montbéliard pour plusieurs raisons : un taux de chômage élevé, donc un réservoir de main d’œuvre, et qui plus est, qualifiée. Pour s’en assurer, HTI a pris la précaution de lancer des offres d'emplois via l'Apec (association pour l'emploi des cadres). Les dispositifs de formation du bassin d’emploi ont également pesé sur le choix du lieu d'implantation.
« Les formations proposées dans la région répondent à nos besoins » confirme Sophie Carisey. Et de citer l'UTBM (université technologique Belfort-Montbéliard), le BTS automobile du lycée Viette ou le BTS AVA (après-vente), l’école nationale supérieure de mécanique et des microtechniques (Ensmm) de Besançon ou l’institut technique (ITII) arts et industries de Mulhouse, dépendant de l’Ensais de Strasbourg. D'ailleurs, parmi les trois personnes présentes à Numérica figure un ingénieur stagiaire de l'UTBM.
La société d’ingénierie met en avant deux autres avantages de son implantation dans la région.
Les salaires sont environ 10% plus bas qu'à Paris tout comme les prix de l'immobilier, environ 30% inférieurs à l’Ile-de-France, pour des conditions de travail égales, voire supérieures à Paris et sa région (surface, haut-débit, etc.)
Enfin, HTI, agréée pour le crédit impôt recherche, vise les aides potentielles qu’elle pourrait obtenir en s'installant dans le Pays de Montbéliard. Là, rien n'est encore acquis : les dossiers sont en cours.
Calculs faits, Sophie Carisey estime que le site de Montbéliard lui reviendra 30% moins cher qu'en région parisienne. Pour autant, il demeure 20 à 25% plus cher qu'au Maroc. « Mais on saura être plus productifs » assure t-elle. Grâce aux compétences disponibles, la directrice générale espère rattraper la différence de coûts sur les délais : « Ce qui nécessiterait 100 jours au Maroc devrait être fait ici en 80 jours » estime-t-elle.
De quoi faire réfléchir les responsables de l'aménagement du territoire.