
TONNELLERIE. Le premier fabricant mondial de tonneaux poursuit sa stratégie de croissance externe engagée depuis 2008.
Ce qui lui permet de gagner des parts de marché dans une conjoncture viticole chahutée par les aléas climatiques.
Cotée en bourse, l’entreprise de Saint-Romain (Côte-d’Or) publie aujourd’hui des résultats en hausse grâce à une forte poussée de ses productions de fûts à alcool, notamment à whisky.
Cliquez sur les photos pour les agrandir.
Nécessité fait loi. Avec un marché viticole en dents-de-scie, le groupe François Frères (TFF group), premier tonnelier mondial coté à la bourse de Paris, poursuit sa stratégie de croissance externe engagée depuis 2008.
L’entreprise de Saint-Romain (Côte-d’Or) vient de signer coup sur coup le rachat pour 9 millions d’€ de deux tonnelleries bordelaises : Maury & Fils et Berger & Fils.
La première (1 million d’€ de chiffre d’affaires) a pour clients de grands châteaux bordelais. La seconde (3,5 millions d’€ de chiffre d’affaires) rayonne dans le Médoc, tout spécialement sur le vignoble de Saint-Estèphe.
Découlant d’une conjoncture viticole très hiératique, faite de nombreux aléas climatiques et d’arrachage de vignes en Europe, ces deux acquisitions permettent au fabricant de gagner des parts de marché.
« Rien qu’en France, la faiblesse des vendanges successives nous a fait perdre 4 millions d’euros de facturation ces deux dernières années », explique Jérôme François, le président du directoire.
Avec dorénavant 23 sites de production et 44 filiales répartis dans les deux hémisphères, le dirigeant est devenu un expert réputé et un oracle entendu pour analyser le marché du vin.
« Si les récoltes du nouveau monde ont été particulièrement généreuses en 2013, ce n’est plus le cas pour ce millésime et pour les principaux pays producteurs européens, seule l’Espagne affiche une insolente croissance de 45%, lié à un replantage de ceps plus qualitatifs et généreux », commente-t-il.

Progression de 32% dans les alcools
Quant aux États-Unis, les progressions à deux chiffres depuis trois ans, laisseront logiquement place, selon lui, à un développement plus modéré de la production.
Conscient depuis 2004 d’une réduction mondiale des rendements viticoles - 250 millions d’hectolitres aujourd’hui, contre 290 millions -, le groupe François Frères, qui publie aujourd’hui des résultats en hausse de 6,1% (173,1 millions d’€ de chiffre d’affaires), mais seulement de + 0,9% dans le vin, diversifie ses fabrications dans les alcools.
L’acquisition successive de quatre tonnelleries à whisky en Écosse et l’exploitation d’un site outre-Atlantique dans Kentucky, où 2 millions d’€ d’investissement vont doubler la capacité, contribuent à son excellente santé financière.
Cette activité, en hausse de 32%, pèse dorénavant un tiers du chiffre d’affaires global. L’émergence d’une classe moyenne en Asie, dans les pays de l’Est, en Amérique du Sud et aussi en Afrique, explique l’explosion des ventes de cet alcool.
« Les capacités de production des whiskies de grain et de malt dans le monde vont respectivement augmenter de 4% et 15% jusqu’en 2015 », assure Jérôme François qui ne manquera aucune occasion de croissance externe dans ce secteur.

Son groupe peut multiplier ce type d’opération. Le niveau d’endettement (16 millions d’euros) a diminue de façon drastique et il possède un véritable trésor de guerre.
Son stock de bois, grumes et merrains, ces pièces de bois de chêne fendues servant à faire la paroi des tonneaux, atteint les 130 millions d’€, soit plus de trois années de production.
Retrouvez aussi cet article du même auteur dans le journal Les Echos du jour.
Photos fournies par le groupe François Frères.