La jeune société basée à Joigny (Yonne), a mené cet hiver une levée de fonds de 1 million d'€ pour accélérer son développement et mener son internationalisation. PapyHappy, une sorte de TripAdvisor des maisons de retraite, entend se positionner sur un marché qui explose : l’accompagnement et le conseil des personnes âgées et de leurs proches en matière d’hébergement.
Un livre d’enquête du journaliste Victor Castanet publié en février suivi d’une enquête administrative menée par l’Inspection générale des finances en mars pointent les irrégularités d’un grand groupe d’établissements d’hébergement de personnes âgées, relançant un phénomène d’« Ehpad bashing » (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes).
Pendant la crise sanitaire déjà, le manque de personnel dans ces établissements avait suscité la polémique. Les conditions d’accueil et d’hébergement des séniors constituent un vrai sujet que Joachim Tavares avait pressenti quand, en juillet 2016, il avait créé PapyHappy. « L’idée, au départ, était de proposer un guide de l’ensemble des solutions d’hébergement pour les personnes âgées », résume le fondateur de cette start-up basée à Joigny.
Mission accomplie : sur son site Internet, PapyHappy propose environ 13.000 adresses dans toute la France – de la résidence services pour personnes autonomes à l’établissement pour personnes dépendantes en passant par des offres de location originales ou innovantes. Les adresses proposées sont évaluées par les résidents, leurs proches, des salariés, et des visiteurs mystère qui, à ce jour, ont déjà joué les faux clients dans pas moins de 4.000 établissements. L’ambiance, la restauration ou les services sont notés. Une sorte de TripAdvisor des maisons de retraite, avec déjà 8.000 avis en ligne, vérifiés par l’équipe de PapyHappy !
Deux levées de fonds de 2,5 millions d’€ au total

La jeune société avait mené, dès 2018, une première levée de fonds de 1,5 million d’€. Pour asseoir son positionnement « éthique et transparent », elle avait obtenu, dès cette année-là, la note maximale (4 macarons) du label HS2 (Haute Sécurité Santé) délivré par l’Apave. Elle avait enfin pris sa place parmi les 31 sociétés membres de la Silver Alliance, groupement de marques spécialisées dans le service aux séniors. Autant de gages de qualité qui ont permis à PapyHappy de mener à bien une seconde levée de fonds en novembre dernier, cette fois pour un montant de 1 million d’€.
À son actionnaire historique Groupama Val-de-Loire se sont ajoutés des business angels. « Nous avons connu un coup d’arrêt dans notre développement à cause de la crise sanitaire car beaucoup d’établissements ont été inaccessibles pendant presque deux ans », regrette Joachim Tavares. « Mais aujourd'hui, nous entendons reprendre une forte croissance, notamment en développant des services .»
PapyHappy s’engage dans une nouvelle étape : une offre auprès des particuliers (conseil et accompagnement dans la recherche d’un hébergement) et un système d’abonnement pour les établissements, afin de leur permettre de diffuser des informations via le site. Ce nouveau modèle économique reposant sur des services payants, alors que l’accès au site est gratuit pour les utilisateurs, laisse espérer à Joachim Tavares un chiffre d’affaires de 800.000 € dès cette année.
Parmi les pistes, des partenariats avec des communes – à l’instar de la ville de Joigny – ou des conseils départementaux permettraient de positionner PapyHappy comme un prestataire intervenant en délégation de service public. Quant aux établissements, « ils voient désormais l’intérêt d’être référencés sur notre site, visité par 60.000 internautes chaque mois : ils jouent la carte de la visibilité et de la transparence ».
L’Espagne pour commencer
L’autre ambition de PapyHappy, c’est de se déployer à l’international. « Nous sommes seuls pour l’instant sur notre marché, en France mais aussi en Europe, et nous voulons nous positionner fortement, avant l’émergence d’une éventuelle concurrence », résume le dirigeant. Pour commencer, direction l’Espagne.
La levée de fonds de 2021 a notamment permis de financer la création d’un bureau à León, en Espagne, près de Saint-Jacques-de-Compostelle, avec deux collaborateurs. « Le marché espagnol est intéressant pour nous », confie Joachim Tavares. « C’est un pays de taille moyenne où les problématiques d’hébergement des séniors commencent à monter fortement. » Une étude menée avec Business France confirme l’intérêt de mailler l’Europe de plateformes numériques reprenant le modèle du PapyHappy français.
Basée au sein de la pépinière d’entreprise du Jovinien, où elle emploie désormais 12 personnes, la PME continue de gagner des galons dans l’univers du digital : elle vient d’être intégrée dans la communauté French IoT du groupe La Poste valorisant le « numérique éthique » et a été identifiée dans le mapping Bpifrance des entreprises digitales innovantes.

Avant de créer PapyHappy à l’âge de 39 ans, Joachim Tavares, diplômé d’une maîtrise en sciences économiques de l’Université de Bourgogne et d’un master audit et contrôle de gestion, a débuté au sein d’un grand groupe de travaux publics avant de se réinstaller dans l’Yonne d’où il est originaire.
C’est là qu’il découvre l’univers médico-social, assurant notamment, pendant quatre ans, au sein d’un grand groupe du secteur, la direction d’un Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et d’un service de soins de suite. « Cette expérience m’a donné l’envie de créer un outil qui manquait vraiment sur le marché, aussi bien aux particuliers en quête d’une solution qu’aux professionnels ».
Photos fournies par l’entreprise.