La grêle à ravagé 3124 hectares de vignes de Nuits-Saint-Georges à Mâcon en seulement 9 minutes.
La grêle à ravagé 3124 hectares de vignes de Nuits-Saint-Georges à Mâcon en seulement 9 minutes.

VIN. Pas moins de 3124 hectares de vignes viennent d’être affectés par un épisode de grêle violent et fulgurant.

Ce qui risque d’amplifier la chute des stocks au plus bas depuis trois petites récoltes en quatre ans.

Les ventes à l’international commencent d’ailleurs à baisser faute de vin disponible.

Mais les négociants contiennent la hausse des prix entre professionnels pour ne pas détourner les acheteurs vers d’autres vignobles.

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Décidément le vin de Bourgogne n’est plus béni des Dieux, comme le vantait il y a quelques années un slogan du Bureau Interprofessionnelle des Vins de Bourgogne (BIVB).

Le 28 juin dernier, un épisode de grêle fulgurant de neuf minutes a dévasté 3124 hectares de vignes, de Nuits-Saint-Georges à Mâcon, après qu’un phénomène climatique identique en a ravagé près de 2000 fin juillet 2013.

La Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne évalue une perte d'environ 100 000 hectolitres, soit un manque à gagner de 75 millions d’€.

Selon les premières estimations, des appellations réputées dans le monde entier comme Volnay, Pommard, Beaune ou en encore des parcelles de Meursault 1er cru ont été détruites entre 50 et 100 %.

D’autres, tout aussi prestigieuses, comme une partie des crus de Corton, Puligny-Montrachet et Auxey-Duresses, vont souffrir d’un manque de récolte entre 20 et 50%.

« C’est un drame humain avant d’être un drame économique », alerte Frédéric Drouhin, président de l’Union des Maisons de Vins de Bourgogne, qui regroupe les principaux négociants metteurs en marché pour plus de 50% de la production viticole bourguignonne.

Lui-même à la tête de la société qui porte son nom (34 millions d’€ de chiffre d’affaires, dont 80% d’exportation) a vu son célèbre Clos des Mouches très affecté par les grêlons.

Eric Delzant, nouveau préfet de Côte-d’Or et de Bourgogne, constate les dégâts auprès de viticulteurs à Meursault.
Eric Delzant, nouveau préfet de Côte-d’Or et de Bourgogne, constate les dégâts auprès de viticulteurs à Meursault.

La demande reste soutenue

Face à cette nouvelle catastrophe naturelle, la profession se serre les coudes et vient en aide aux vignerons touchés. Une réunion de crise s’est tenue ce mardi en présence d’Eric Delzant, le nouveau préfet de Côte-d’Or et de Bourgogne.

Plusieurs actions sont envisagées comme l’intervention du médiateur de la République sur les problèmes de trésorerie, le report sans pénalité des cotisations MSA et de la taxe sur le foncier non bâti ou encore la création d’un fonds de garantie avec la Banque de France pour l’octroi de prêts à taux zéro.

Car en Bourgogne, seulement 30% des viticulteurs possèdent une assurance contre la grêle. « Elles sont très chères, ne couvrent pas la perte d’exploitation et les indemnisations sont calculées sur les rendements », indique Anne Parent, viticultrice à Pommard.

Or, ces derniers, très faibles sur trois des quatre derniers millésimes du fait d’une météorologie chahutée (gel, sécheresse, pluies abondantes...), provoquent une chute drastique des stocks en raison d’une demande très soutenue en vins de Bourgogne.

Ce qui a pour conséquence d’entraîner une baisse globale des ventes sur les quatre premiers mois de l’année de 13% à l’exportation et une hausse des cours de 11%.

Certains marchés, très importateurs de bourgogne, comme les États-Unis et le Royaume-Uni subissent respectivement un recul des ventes en volume de 18% et 22,5%.

La profession viticole bourguignonne entend se serrer les coudes en faveur des vignerons sinistrés.
La profession viticole bourguignonne entend se serrer les coudes en faveur des vignerons sinistrés.

« Pour faire face à ce problème de l’amont, nous soutenons le cours des transactions entre professionnels et ne les répercutons pas auprès de nos acheteurs étrangers pour éviter qu’ils se reportent sur d’autres vignobles », explique Frédéric Drouhin.

La plupart des maisons de négoce bourguignonnes peuvent se le permettent avec une commercialisation record ces dernières années, laissant des trésoreries plus saines, moins d’endettement et des fonds propres reconstitués.

Mais pour combien de temps encore si le ciel continue de leur tomber sur la tête.

Retrouvez aussi cet article du même auteur dans le journal Les Echos du jour.

Crédit photos : Traces Ecrites

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