TRANSPORT/BOURGOGNE. Le leader français des remorques et semi-remorques est cédé progressivement au Polonais Wielton sur deux ans pour 16,1 millions d’€.
Les deux entreprises présentent de judicieuses complémentarités.
La nouvelle entité ambitionne de devenir le numéro trois européen du secteur.
« Une solution pas idéale, mais la moins pire. » Sans être enthousiaste à ce changement d’actionnaire qui voit le Polonais Wielton prendre le contrôle dans un premier temps à 65,31%, pour 9,5 millions d’€, de la société Fruehauf, implantée à Auxerre (Yonne), les représentants du personnel se sentent toutefois un peu rassurés.
« Nous sommes rachetés par un industriel de notre métier et cela peut être un gage de pérennité et de maintien de l’emploi pour notre site à condition de rester vigilant », souligne Antonio Alves, secrétaire de la CGT et membre du comité d’entreprise. Le numéro un français des remorques et semi-remorques, qui va réaliser au 30 juin, 120 millions d’€ de chiffre d’affaires annuel et dégager 4 millions de marge opérationnelle, revient pourtant de loin.
Au plus fort de la crise de 2008, Fruehauf a vu ses effectifs fondre en quelques mois de 700 à 280 personnes. Aujourd’hui, l'entreprise emploie plus de 330 salariés et 200 intérimaires. « Nous recrutons à hauteur de 50 postes jusqu’en août et investissons en moyenne chaque année jusqu'à 2 millions d'€ dans notre outil de production », se félicite Gérard Buard, le directeur commercial.
Ce rebond, l’entreprise bourguignonne le doit à Francis Doblin, son président qui, associé depuis 8 ans au fonds MBO Capital majoritaire, a conduit une stratégie d’innovation et d’extension des gammes.
« Les raisons du succès actuel, avec un plan de charge qui devrait nous amener à 5000, voire 5500 unités annuelles, tiennent aussi à la disparition de nos principaux concurrents », tempère d’une même voix Gérard Buard et Antonio Alves.
Contrôle total en 2018
Un projet de cession totale, envisagé en juillet dernier, avait été refusé par le personnel. « Le nouveau prévoit que Francis Doblin reste aux commandes jusqu’à sa retraite en 2018 et cela nous semble plus sécurisant pour marier progressivement les deux entreprises », indique Antonio Alves.
Car Wielton est un poids lourd, sans mauvais jeu de mots, dans son domaine. Familial et coté à la bourse de Varsovie, le groupe atteint près de 140 millions d’€ de chiffre d’affaires avec un résultat net de 6,8 millions d’€.
Le Polonais rayonne sur toute l’Europe de l’Est et jusqu’en Russie et propose des fabrications en partie complémentaires à celles de Fruehauf. Wielton produit par exemple des bennes en aluminium et des porte-engins absents du catalogue de la société française, qui, en revanche, commercialise des fourgons que ne produit pas le Polonais.
« Il y a d’importantes synergies à trouver en termes de R&D, d’industrialisation respectives, d’élargissement de l’offre et de services étendus à la clientèle », pointe Gérard Buard. « Notre objectif est de développer la marque Fruehauf, en préservant l'outil de production et le modèle actuel d'emploi en France », déclare Andrzej Szczepek, P-DG de Wielton, dans un communiqué du 29 mai officialisant la cession.
Sauf retournement de situation, ce dernier rachètera le solde du capital pour 6,6 millions d’€ après 2017, majoré éventuellement d’une prime liée aux futurs résultats, et ambitionne de passer rapidement troisième opérateur sur le marché européen.
Lisez aussi du même auteur l'article sur Fruehauf dans le journal Les Echos du jour.
Crédits photos : Fruehauf.