PORTRAIT/BTP. On croit souvent qu’il joue les gros bras, des muscles plein les manches, le verbe haut et le torse bombé. A tort. Ne l’écoutez pas non plus lorsqu’il s’affirme : « un maniaque casse-couille maladif (*)». Francis Pennequin, gérant de l’entreprise de travaux publics qui porte son nom près de Dijon, joue finement de son image sur un miroir très déformant. Explications.
On voit régulièrement à Dijon et parfois bien plus loin ses engins orange et bleus : pelles en tout genre, chargeuses, niveleuses, compacteurs, dumpers, chariots…, œuvrer tant pour démolir des bâtiments comme des ouvrages que construire des routes et autres voiries. La couleur orange, Francis Pennequin la doit à son grand-père Fernand. Ce dernier achète au surplus américain, après la seconde guerre mondiale, des camions GMC de couleur kaki qu’il décide de repeindre. Comme la première tâche consiste en l’application d’une couche d’antirouille - le fameux minium de couleur orange - et que l’argent manque, les camions restent en l’état.
Tout est écrit et de longue date sur le site Internet de l’entreprise, pas peu fière de son histoire et de sa généalogie. L’aventure commence en 1900, mais dans le bâtiment, avec l’arrière-grand-père Henri qui monte une entreprise de maçonnerie à Mirebeau-sur-Bèze (Côte-d’Or). Ses trois fils créent ensuite chacun leur propre affaire, toujours comme maçons, dont Fernand qui ajoute une activité de terrassement.

Passionné de motocross
A l’époque, on fait beaucoup d’enfants et Fernand en a six. L’une de ses filles, Michèle, devient gérante de l’entreprise, un des fils, Bernard, s’occupe des travaux publics et Roland, le père de Francis, du bâtiment. En 1950, l’entreprise démolit, signe prémonitoire, la gare de Dijon. Les deux activités de BTP cohabitent ainsi jusqu’au début des années 80, après un déménagement à Dijon en 1955. Mais une crise terrible lamine le secteur et c’est à ce moment-là que Francis Pennequin arrive dans l’entreprise - qui opère une reconversion dans les seuls travaux publics - du haut de ses vingt ans à peine dépassés et d’études non achevées. Pourquoi ?
Future quatrième génération aux commandes, titulaire d’un bac F4 de génie civil, Francis poursuit dans cette voie pour décrocher un diplôme universitaire de technologie (DUT). Mais il doit arrêter pour cause d’accident de motocross plus que sérieux. Il est l’ami des frères Joineau, dont Philippe, spécialiste moto du Dakar, aujourd’hui disparu, qui travailla chez Pennequin pendant plus de 20 ans. « Mon arrivée dans l’entreprise familiale n’a pas été une sinécure car de 80 salariés, nous sommes passés à une quarantaine et, regarder quelqu’un dans les yeux pour lui dire bonjour le matin, alors que le soir il est licencié est une épreuve que je ne souhaite à personne », explique le dirigeant.
Une mémoire des chiffres

Tout le caractère complexe de cet homme est ici résumé : un peu rentre dedans de prime abord - il suffit de se rappeler certaines de ses prises de positions tonitruantes lors de sa présidence de la Fédération Régionale des Travaux Publics de Bourgogne de 2009 à 2014 – mais, avenant, généreux, charitable, bienveillant et qui pardonne l’erreur humaine, à condition de ne pas la répéter. Il confesse toutefois avoir mis beaucoup d’eau dans son vin en corrigeant le management trop directif de ses débuts. « A ma décharge, quand vous portez un nom, il n’est pas toujours simple de se faire un prénom respecté et, on n’apprend pas à être chef d’entreprise à l’école. »
Aujourd’hui, lorsque Francis Pennequin veut dire quelque chose d’important, il l’écrit au préalable. Ce qui étonne chez lui est cette mémoire impressionnante des chiffres, vous indiquant le prix du moindre de ses engins depuis des décennies, mais également des situations. En outre, l’entrepreneur de travaux publics n’est pas avare de mots. Loquace, prolixe, éloquent même, mais jamais verbeux, il peut tenir la jambe à une élue de Dijon pour défendre son point de vue autant de temps que nécessaire sans avoir à reprendre son souffle.
L’ancien président national du club « action » La Table Ronde (1998-1999), aujourd’hui au Rotary, est aussi un père attentif au devenir de ses trois enfants aux côtés de Marie-Hélène, son épouse qui l’a rejoint professionnellement et a pris à son compte les ressources humaines. Si Marguerite (18 ans) est encore trop jeune, Pierre-Alexandre (23 ans) et Jean-Baptiste (25 ans) pourraient bien lui succéder.
Jean-Baptiste est titulaire d’un DUT en génie civil développement durable, d’une licence en conduite de travaux publics et termine une école de commerce. Quant à Pierre-Alexandre, il est élève-ingénieur en alternance au CNAM Lorraine et a préalablement décroché le même DUT que son frère en spécialités démantèlement et éco-conception.

Il reste toutefois à Francis Pennequin (57 ans) encore de belles années professionnelles et de nombreux projets à réaliser avant de passer la main. S’il avait un propos politique à exprimer par les temps agités qui courent, il aimerait que : « les gens qui nous dirigent s’imposent à eux-mêmes ce qu’ils décrètent pour les autres. » Tout un programme qui devrait bien inspirer…., et du Pennequin tout craché.
(*) Publié dans l’Echo des Communes.

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Un confrère, une référence, et un Ami....avec un grand A. Mais avant tout un exemple d'entrepreneur.
Une superbe entreprise Française sérieuse et gérée de main de Maître...Bravo a Vous Mr Pennequin.
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