Le chocolatier et confiseur Klaus à Morteau (Doubs) entame une cure de jouvence. Pour le gérant Hubert Decreuse, la modernisation passe par un relookage des locaux et la création d'une marque bio.


Hubert Decreuse, gérant de la Société Nouvelle Klaus s’est lancé un défi : « rajeunir une vieille dame de 165 ans tout en conservant ses fondamentaux. » Il y a tout juste deux semaines, la PME d’une vingtaine de salariés (une trentaine lors des pics saisonniers de Pâques et Noël) a rejoint le cercle envié des Entreprises du Patrimoine Vivant (EPV), une marque de reconnaissance de l’État qui distingue les savoir-faire artisanaux et très souvent ancestraux.

Le projet de modernisation a été amorcé l’an dernier contre vents et Covid. Le gérant entend bien faire évoluer la PME (un peu plus de 2,7 millions d'€ de chiffre d'affaires en 2019) en s’attachant à « dépoussiérer » l’image des lieux. Il va injecter « quelques centaines de milliers d’€ »  sur son site de production de Morteau (Doubs) qui accueille le seul point de vente « étiqueté » Klaus.


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Le bâtiment de 4000 m² a certes le charme désuet de la confiserie version années 1960, mais il ne répond plus aux conditions d’accueil de la clientèle d’aujourd’hui. Les façades seront ravalées, les huisseries remplacées et l’accueil modernisé, dans l’esprit du style voulu par le fondateur en 1896, au moment de son implantation en France dans la capitale du Pays horloger (Lire encadré).
« Le bâtiment étant classé, pas question d’en révolutionner l’aspect, nous voulons juste le ramener dans le 21è siècle ! », souligne Hubert Decreuse. La date du chantier bien que prochaine reste encore indéterminée.

 

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Esquisse du projet de rénovation de l’atelier-boutique, un bâtiment de 4000 m² classé. © Klaus



Le renouveau passe également par l’actualisation de l’offre commerciale.
Tablettes et chocolats individuels, caramels et boules pralinées sont les produits historiques de la chocolaterie, qui fabrique aussi depuis 30 ans, la ration de combat en barres chocolatées des forces armées françaises. Hormis la boutique de Morteau, ses produits sont disponibles dans les grandes surfaces et dans un réseau de commerces traditionnels de Bourgogne-Franche-Comté, de la fruitière fromagère à la jardinerie, en passant par les enseignes « sucrées ».

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Les tablettes de chocolat font partie de la gamme historique de Klaus. © Laurent Cheviet
Une histoire franco-suisse

Quand à 21 ans, après son compagnonnage en Suisse et en France, Jacques Klaus s’établit au Locle, dans le Jura suisse, comme confiseur en 1856, il est sans doute loin de s’imaginer que 165 ans après, son nom serait toujours la bouche des Franc-comtois. L’élevage laitier de Suisse garantissant une matière première de premier choix, il étend sa production au chocolat (au lait). En 1884, il fait bâtir une première usine, introduisant en pionnier la mécanisation à vapeur dans les procédés de fabrication.
De l’autre côté de la frontière aussi, il y a une belle filière laitière : alors il fait construire une seconde usine à Morteau en 1896. Objectif : conquérir le marché français. Il faut attendre 1985 pour que Klaus se sépare de la maison-mère suisse et devienne indépendante. Cent ans après sa création, Klaus a vendu quelque 70.000 tonnes de caramels en France et dans le monde.

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Le magasin Klaus Chocolatier Confiseur à Morteau, situé dans l’enceinte de l’atelier, est devenu le seul à l’enseigne Klaus. © Laurent Cheviet

Cette belle histoire connaît des chaos dans les années 2000, et finit en 2012 par être mise en redressement judiciaire. Hubert Decreuse la rachète alors. Les boutiques à l’enseigne Klaus qui avaient été développées en nombre un peu partout en France sont ramenées à six. « Il y deux ans, nous avons décidé de ne conserver que celle de Morteau », rapporte François-Manuel Ruiz, responsable administratif et financier.

 

Une marque bio en 2022

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 Mathieu, maître-chocolatier, en pleine fabrication d'escargots de Bourgogne. © Laurent Cheviet


L’entrée dans 2022 s’annonce pleine de nouveautés. Festives d’abord. Klaus intègre pour la première fois à son catalogue des grands classiques, escargots de Bourgogne, papillotes pralinées, ballotins et autres coffrets de Napolitains. Aux saveurs originelles de la marque (vanille, framboise et orange) s’ajoutent maintenant des propositions inédites élaborées par Mathieu, maître-chocolatier, avec des parfums tels que la fève de tonka, le yuzu ou la menthe poivrée.



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Au deuxième semestre 2022, la PME mettra sur le marché courant une toute nouvelle marque intégralement bio baptisée « ChoKobio ». Elle destinée à être vendue sur place, dans la boutique de Morteau et ailleurs, en magasins spécialisés dans un premier temps. « Nous confectionnons de longue date des produits bio, agrémentés de quinoa, de sésame ou de gingembre par exemple », rappelle Hubert Decreuse. « Mais avec ChoKobio, nous voulons aller encore plus loin et toucher une clientèle concernée, comme nous, par l’écologie. Cela devrait représenter une hausse de 25% de nos ventes bio. »

Qui est Hubert Decreuse ?

Hubert Decreuse est un entrepreneur pontissalien (De Pontarlier) qui fait de l’agroalimentaire son terrain de prédilection. Après les salaisons, il se tourne en 2012 vers une tout autre spécialité : le chocolat et les caramels en reprenant Klaus à la barre du tribunal de commerce, « séduit par une marque mythique, surtout pour moi qui suis natif du Haut-Doubs. »

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Hubert Decreuse a repris Klaus à la barre du tribunal de commerce en 2012. © Laurent Cheviet

Son ambition ? « Dans une filière prise entre les grands noms suisses et la grosse cavalerie industrielle, rendre la place qui doit être la sienne à une chocolaterie-confiserie certes mécanisée mais toujours artisanale, qui a de l’histoire et porte dans ses gènes l’exigence de la qualité, de l’authenticité. »

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