SANTE/MOSELLE. Le fabricant de produits homéopathiques et phytothérapiques a inauguré vendredi une extension de son usine de Sainte-Barbe (Moselle), près de Metz, couplée à un parc solaire.
Le débat ouvert sur l’efficacité de l’homéopathie laisse les dirigeants de la PME familiale sereins. Laboratoires Lehning continue toutefois sa diversification avec les compléments alimentaires.

Laboratoires Lehning a inauguré vendredi 14 septembre 2018 à Sainte-Barbe (Moselle), près de Metz, son usine « augmentée » selon les mots de Stéphane Lehning, le représentant de la troisième génération de dirigeants familiaux. Près de 400 personnes avaient été conviées pour l’occasion à découvrir les procédés du groupe lorrain, spécialiste en phytothérapie et homéopathie pour la santé humaine et animale.
L’entreprise de 320 salariés (chiffre d’affaires de 55 millions d’€ en 2017), connue pour son médicament homéopathique antigrippal L52, a injecté 12,4 millions d’€ ces quatre dernières années sur son site de Sainte-Barbe. L’enveloppe lui a permis de moderniser ses procédés, d’agrandir ses ateliers de 2.800 m² et d’aménager un parc solaire photovoltaïque capable de couvrir 35% de ses besoins en électricité.
« Notre challenge consiste à mettre à profit cette usine modernisée pour décliner notre savoir-faire sur un nouveau marché, celui des compléments alimentaires, en misant sur des labels comme Agriculture biologique (AB) ou Écocert », a déclaré Stéphane Lehning, le président de Laboratoires Lehning.
L’entreprise s’est donnée l’horizon de l’année 2019 pour attaquer ce marché moins contraignant que celui du médicament, en ciblant les réseaux de distribution spécialisés en France, en Italie et en Espagne. Il s’agit d’une diversification supplémentaire pour l’entreprise qui a acquis Phytosynthèse, en 2012 près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) pour produire des formules destinées à la nutrition animale en élevage industriel.
La partie la plus importante de l’investissement, l’extension de l’usine pour 8,2 millions d’€, a été étudiée et mise en œuvre par le français Pharmadec (Loir-et-Cher). Opérationnelle depuis mars 2018, « cette extension a permis d’étendre le stockage de plantes fraîches et de teintures mères (*), mais aussi de rationaliser les flux », a précisé le responsable travaux de Pharmadec.
En marge du débat sur le remboursement par la Sécurité Sociale

Lehning transforme chaque année 35 tonnes de plantes fraîches. Réceptionnées moins de 48 heures après la cueillette, elles sont d’abord broyées, puis mises à macérer dans un mélange d’eau et d’alcool sous température et luminosité contrôlées. Le passage de cette solution hydroalcoolique en centrifugeuse, puis dans un filtre-cloche permet d’obtenir la fameuse « teinture mère » : Vaccinium myrtillus (myrtilles), Ribes nigrum (cassis), Crataegus (aubépines), etc.
Stockées dans des cuves ou dans des bonbonnes, ces teintures mères peuvent ensuite emprunter trois circuits : elles imprègnent les fameux granules homéopathiques, elles sont utilisées pour fabriquer des solutions buvables en gouttes (flacons de 30 à 250 millilitres) ou encore des crèmes cosmétiques.
« Certaines de nos teintures mères, parce qu’elles rares, sont commercialisées directement auprès de laboratoires dans le monde entier », glisse le président de Laboratoires Lehning.
Interrogé sur la saisine par le ministère de la Santé de la Haute autorité de santé (HAS) pour évaluer d'ici fin février l'efficacité de l'homéopathie et le bien-fondé de son remboursement, Stéphane Lehning se déclare serein.
« Le débat porte surtout sur l’homéopathie à très haute dilution pour lesquelles il est difficile de démontrer le lien entre la guérison et le principe actif. Or, Lehning travaille essentiellement sur des basses dilutions, autrement dit les principes actifs sont présents en doses pondérales [ la teinture mère est moins diluée - ce sont les granules qui portent la mention DH ] dans le médicament. »
D’ailleurs, le produit « vedette » de Lehning, le L52, et quelques autres de la même famille, ne sont pas remboursés par la Sécurité Sociale.
(*) L’appellation teinture mère désigne une forme galénique, autrement dit, un mode de préparation et de conditionnement pharmaceutique.

Qui est Stéphane Lehning ?
Stéphane Lehning, 43 ans, est le petit-fils de René Lehning fondateur de l’entreprise en 1935 à Metz et le fils de Gérard Lehning dont il a pris la succession à l’aube des années 2000.
Le jeune patron est aujourd’hui aux commandes de quatre sites de production : Sainte-Barbe (siège de la société), Clermont-Ferrand, ainsi qu’une usine au Brésil et la société Rocal (Paris).
Stéphane Lehning se dit ouvert à des opérations de croissance externe pour se développer en Europe et en Amérique du Nord. Ses produits sont actuellement disponibles dans 40 pays.
A noter que le président de Laboratoires Lehning a été élu premier vice-président de l’Union des Entreprises 57 (ex. Medef Moselle) le 19 juin dernier, une institution présidée par Jean Poulallion, dirigeant de Metzger.