START-UP/DOUBS. Le drône grappin présenté par la société bisontine au salon international de la défense et de la sécurité, Eurosatory, en juin, pourrait bien la faire décoller plus vite que prévu.
Passionné par l’aviation, l’électronique et les questions de sécurité, le fondateur de CM Drones vient de boucler une première levée de fonds et s’apprête déjà à en lancer une seconde.
De quoi financer la mise en production des appareils que la start-up conçoit, ainsi que son développement international. En fin d’année, elle comptera 18 salariés fin 2016 et disposera de ses propres locaux à l’été 2017.

 

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Le prototype du drone qui contrôlera les lignes EDF de 20.000 volts

 

En cette rentrée, CM Drones est en pleine croissance. Quatre personnes ont été embauchées depuis début septembre, portant l’effectif à onze et, si tout se passe comme prévu, il montera à 18 salariés à la fin de l’année.


Début 2015, Jean-Philippe Culas, son fondateur, avait choisi de s’implanter sur Temis pour l’environnement technologique et l’accompagnement de BGE, mais sans passer par la case incubateur.

 

« Mon projet était déjà bien avancé, il me restait seulement à trouver des financements et des investisseurs. » Une première levée de fonds de 600.000 € a d’ailleurs été bouclée en juin, et le dirigeant vient de signer avec la SedD (Société d’équipement du Doubs) pour des locaux propres à l’été 2017, sur Temis.

 

En attendant, dans les étages de Temis Innovation, cette start-up plutôt bien positionnée sur le marché émergent des drones est éclatée sur trois lieux très sécurisés. L’un est dédié à la R&D et à l’électronique embarquée. L’autre au prototypage, avec réalisation de maquettes ou impression 3D en résine, avec la technologie de stéréo-lithographie ou celle, plus classique, du filament ABS.


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La société possède une machine pour chacune des deux technologies, et la première apporte pas mal d’avantages : en fonction du type de résine utilisée (qui se solidifie au passage d’un rayon laser), elle permet de fabriquer des pièces plus ou moins molles, plus ou moins dures, plus ou moins flexibles ou résistantes. En rez-de-jardin enfin, CM Drones dispose d’un laboratoire de fabrication de pièces électroniques.


La start-up s’apprête à livrer à Enedis (ex-ERDF) le premier prototype de Droide, un drone destiné à contrôler les lignes EDF de 20.000 volts. Le produit a remporté un prix à l’innovation et pourrait déboucher sur un marché d’une trentaine d’appareils.

 

« Il s’agit de contrôler les lignes pour préparer les chantiers. Nous avons un doctorant, chez nous, qui travaille sur le contrôle automatique des défauts, et l’appareil embarque des modèles numériques d’éléments de ligne. Les essais faits à Lure (Haute-Saône) par Enedis ont montré des défauts invisibles à l’œil nu, c’est très prometteur », confie encore le dirigeant.


Un drone d’intervention en milieu périlleux

 

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Le prototype fonctionnel du drone de contrôle des lignes haute tension fera son 1er vol à l'automne en Franche Comté.

 

Créée sous forme de SAS en février 2015, CM Drones détient deux marques : Photocoptere, pour la prise de vue aérienne (une activité lancée en 2011) et Skyrobot, pour la construction de drones. Il y a aussi Photocoptere Océan Indien, sur l’île de La Réunion, dont l’épouse de Jean-Philippe Culas est originaire.

 

« Là-bas, j’ai formé quelqu’un qui développe la partie prise de vue, et nous travaillons sur un projet de surveillance des pistes d’aéroports. Le cahier des charges est en cours, et l’aéroport local pourrait servir de test pour d’autres. »

 

En attendant, en France, Jean-Philippe Culas s’apprête à signer un contrat très important pour un drone de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux, le Drimp (clin d’œil au Grimp), pour lequel il a déposé un brevet international en juin, juste avant sa présentation à Eurosatory, à Paris.

 

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« Et là, nous avons fait un carton avec la maquette », explique Jean-Michel Culas, qui entrevoit un très gros potentiel. « Le grappin intégré avec bobine de fil largable, ça n’existait pas. L’idée m’en était venue pendant la prise d’otages de Dammartin-en-Goële, en janvier, quand j’ai vu que les lieux n’étaient pas accessibles à un hélicoptère. »

 

CM Drones fait l’objet de nombreuses demandes de documentation sur ce produit aux brevets hyper verrouillés. Constitué seulement de prestations de services en cette phase de R&D, le chiffre d’affaires n’est pas encore significatif mais le dirigeant vise 1,5 million d’€ pour 2017 et 20 millions pour 2020.


Déjà, il envisage une nouvelle levée de fonds de 2 millions d’€ pour lancer la phase fabrication et s’étendre à l’international.


fondateurQui est Jean-Philippe Culas ?

 

Le fondateur de CM Drones a quitté l’école à quinze ans et demi, « par choix », explique-t-il. « Je n’y étais pas à mon aise, je ne pensais qu’à faire quelque chose de mes dix doigts. »

Né à Versailles, arrivé à Montbéliard à l’âge de 9 ans et, de ce fait, considéré comme un « parisien » et « fils de flic », de surcroît, Jean-Philippe Culas a passé une partie de son adolescence dans sa chambre à s’intéresser à l’électronique en général et à la radio (CB) en particulier.
« Mon frère était dans la marine nationale, mon père avait été policier, et pour moi il n’y avait pas besoin de faire de longues études pour faire carrière. J’ai été autodidacte pour tout, j’ai tout appris tout seul et j’ai toujours été passionné d’aviation », explique-t-il en guise de CV.
A 16 ans, Jean-Philippe Culas devient pompier volontaire, avant de faire son service militaire dans la gendarmerie puis de se faire engager à la caserne de Montbéliard, jusqu’en 1996.
Il créé cette année-là sa première société, à Etupes, spécialisée dans le conseil et la vente de matériel électrique puis, en 2000, se fait embaucher par l’un de ses clients comme responsable commercial.
Après une parenthèse de deux ans, suite à un grave accident de voiture, il lance Photocoptere à Pugey, à côté de Besançon, en 2011, sous le statut d’autoentrepreneur, et se spécialise dans la prise de vue aérienne.
« C’est là que j’ai fait mes propres drônes. La législation n’existait pas encore sur ces produits. On a parlé de moi dans un article de Macommune.info et ensuite tout s’est accéléré. J’ai signé des contrats de recherche avec Femto-ST et, petit à petit, je suis entré dans le vif du sujet. »

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