Rebaptisé économie circulaire par les économistes, le réemploi des matières premières et des rebuts de production dans l’industrie est plus que jamais d’actualité au point d’avoir alimenté, pour la première fois fin 2018 à Besançon, un salon, Pro Objectif D (pour déchets). L’organisateur, le Sybert, syndicat de traitement des déchets de Besançon et sa région, vient d’en publier les actes. Quelques initiatives.

Le scientifique Antoine Lavoisier le disait déjà en 1789 : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » La société de consommation étant passée par là, deux siècles plus tard, l’économie de la réparation et de la récupération, qui battait son plein dans la première moitié du 20ème siècle, a quasiment disparu. La voilà cependant qui renaît sous l’effet de la rareté et la cherté de la matière première et de l’impact de l’activité économique sur l’environnement. 

Rebaptisé économie circulaire par les économistes, le sujet du réemploi des matières premières et des produits finis est plus que jamais d’actualité au point d’en avoir fait pour la première fois, fin 2018 à Besançon, l’objet d’un salon Pro Objectif D (pour déchets). L’organisateur, le Sybert, Syndicat de traitement des déchets de Besançon et sa région, vient d’en publier les actes.
La production de déchets a reposé jusqu’à présent sur leur recyclage : la matière usagée est transformée pour retourner dans le cycle de production avec de la matière vierge. Cependant, « le recyclage a ses limites ; la technique ne permet pas de tout recycler et les matières ne se recyclent pas à l’infini », affirme l’Ademe dont la mission est de  promouvoir des solutions alternatives au modèle de production actuel. Elles consistent à la fois à introduire davantage de matières recyclées dans le cycle de la production (l’économie circulaire) et privilégier les matières recyclées dans la fabrication de produits finis (ce que l’on appelle l’écoconception).


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Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

En Bourgogne-Franche-Comté, constate l’Ademe, le volume des déchets de l’activité économique est quasi équivalent à celui des déchets ménagers : 1,35 million de tonnes par an (1,378 millions pour les déchets ménagers, chiffres 2015). Ce sont les chutes de production, les emballages, les déchets dangereux. 
Toutefois les déchets du BTP (8,17 millions de tonnes annuelles en Bourgogne-Franche-Comté) et de l’agriculture ainsi que ceux des  commerces, des activités de bureau et des administrations (en grande partie du papier) ne sont pas comptés dans les déchets de l’activité économique car ils sont collectés avec les déchets ménagers. Les déchets générés par l’activité économique sont donc beaucoup plus importants que ne le disent les chiffres.


• Une cartographie locale des emballages pour un échange inter-entreprises

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Le carton jeté par une entreprise peut être réutilisé par une autre : c'est l'idée de la "bourse d'échange" de CCI Actif.

L’idée d’un recensement des emballages jetés après utilisation par les industriels et les commerçants vient d’un constat simple, raconte Solène Guillet, chargée de mission à la CCI Bourgogne-Franche-Comté : « toutes les entreprises achètent et reçoivent des emballages, cartons, éléments de calage, mousses, polystyrène etc… et toutes en jettent ! ». Certes, ils partent le plus souvent à la déchetterie pour recyclage, mais ne pourraient-ils pas être réutilisés par le voisin ?
Le première expérimentation a eu lieu en 2017 dans les zones d’activités de l’ouest de Besançon (La Fayette, Châteaufarine, Hauts de Chazal) et les premiers trocs d’emballages propres ont pris forme entre une quinzaine d’entreprises. Gérés par la plateforme nationale des chambres consulaires CCI Actif, les flux sont désormais identifiés par matières et volumes, et géolocalisés avec des précisions sur les modalités de mise à disposition (à emporter, livrés, coût du transport…).
Élargie désormais à toute la région Bourgogne-Franche-Comté grâce à un « correspondant » dans chaque CCI locale chargé de recenser les gisements, la cartographie des emballages devrait déboucher maintenant sur une sorte de bourse d’échanges entre entreprises d’un même territoire. Progressivement, les CCI souhaiteraient que les entreprises prennent la main sur cet outil et qu’elles l’alimentent elles-mêmes de leurs besoins et demandes.

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• Du PVC au métal, quand les rebuts font du neuf

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Renolit Ondex, dans l'agglomération de Dijon, a notamment supprimé le cadnium dans son PVC. © Traces Écrites.

Le plasturgiste Renolit Ondex, à Chevigny-Saint-Sauveur dans l’agglomération de Dijon, s’est penché sur l’analyse du cycle de vie, de la conception jusqu’à l’élimination, de ses produits en PVC  (polychlorure de vinyle) – des plaques ondulées pour les couvertures, – pour réduire leur impact environnemental. Plusieurs solutions techniques ont été trouvées, notamment la suppression des stabilisants au plomb et au cadmium (polluants et rendant le recyclage difficile) et l’incorporation de matières recyclées dans les produits neufs.  L’industriel cite des barrières de palissage de chantier réalisées avec 3 couches de PVC dont une interne réalisée avec du PVC recyclé.

Fabricant d’emballages métalliques, Massilly,en Saône-et-Loire a constaté suite à un diagnostic réalisé dans le cadre du programme « Lean and Green » de l’Ademe, que 14% de ses coûts de production servaient à fabriquer des déchets. Des interventions sur le parc machines pour éviter que les feuilles métalliques ne s’abîment et une optimisation de la découpe des formes a conduit à réduire le taux de pertes de 1,7%, ce qui représente une économie de 260 tonnes de matières chiffrée à 455.000 €/an.

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• Plastigray incorpore des fibres textiles dans le plastique

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Pour visionner la vidéo de la fabrication de raquettes de ping-pong avec des matières textiles recyclées, chez Plastigray, cliquez sur l'image. © AER.

Ce fut l’un des trophées 2018 de l’éco-conception (Éco-Innovez), concours organisé par l’AER, la Région Bourgogne-Franche-Comté et l’Ademe. 
Le spécialiste de l’injection plastique Plastigray en Haute-Saône a incorporé 20% de fibres de coton et de polyester usagées dans un compound destiné à fabriquer des raquettes de ping-pong. La raquette est réalisée à partir d’un assemblage de deux matières :  thermoplastique rigide 100% recyclée (polypropylène recyclé et fibres textiles recyclées) pour la palette, et thermoplastique souple (un élastomère) pour une meilleure adhérence.
La commande provient du spécialiste des équipements sportifs Cornilleau et découle d’un partenariat avec le fabricant de vêtements Armor Lux qui cherchait à recycler ses chutes de productions et anciennes collections.
 Sur un rythme de 100.000  raquettes par an, Armor Lux estime pouvoir recycler 15 tonnes de vêtements par an. Le plasturgiste chiffre, lui, à 30% l’économie d’énergie dans le process de fabrication.

Pour la seconde fois en 2018, l’Ademe a lancé en Bourgogne-Franche-Comté à l’attention des entreprises industrielles, un appel à projet « Lean and Green » dont on attend les lauréats ces prochains mois. Les entreprises bénéficieront de formations collectives et d’un accompagnement individuel subventionné.
Le Sybert organise lui-même sur son territoire, dans le Doubs, des ateliers – l’un d’eux concerne le recyclage des déchets de bois, activité en chute libre en raison d’une stagnation des débouchés (panneaux de particules, énergie)  – pour inciter les entreprises à trouver localement des marchés de réemploi.


labelpalette• 150 artisans Répar’Acteurs en Franche-Comté

La démarche est à mettre à l’actif de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Interdépartementale de Franche-Comté qui s’est associée  à l’Ademe et la Région Bourgogne-Franche-Comté pour promouvoir les métiers de la réparation auprès du grand public.
En Franche-Comté, 150 artisans sont estampillés Répar’Acteur, rapporte Manuela Mangedino, administratrice. Parmi ces nouveaux acteurs, à Lons-le-Saunier, Oh La Bâche réutilise les bâches publicitaires et événementielles pour fabriquer sacs et accessoires.

« Ces bâches en PVC sont souvent remisées après une seule utilisation, elles ne peuvent ni être recyclées ni incinérées et sont généralement enfouies », souligne Béatrice Weidenmann.

Connu dans les environs de Besançon depuis une dizaine d’années, pour ses services de dépannage et de réparation en vitrerie, menuiserie, serrurerie etc… , Le P’tit Dépanneur Comtois ajoute depuis peu une nouvelle activité : la fabrication de mobilier à partir de palettes de bois.

Photo Traces Ecrites News.

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