INNOVATION/MARNE. L’entreprise de Châlons-en-Champagne s’apprête à commercialiser une solution de lavage solide qui se veut un substitut à la solution liquide.

Sa maison mère nord-américaine n’a pas hésité à investir 12 millions d’€ dans une ligne de production flambant neuve qui entrera en service en juin.

Une innovation de rupture.

 

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Le site châlonnais fabrique des détergents et des désinfectants. ©Frédéric Marais / Agence Info

 

Ce nouveau produit destiné à laver la vaisselle en milieu professionnel répond au nom d’Apex. En français comme en anglais, le mot signifie “sommet”. C’est dire si la société Ecolab a placé la barre très haut et si elle fonde de gros espoirs sur le dernier-né de sa gamme de détergents et de désinfectants.

 

On peut parler d’innovation de rupture, puisqu’il s’agit de remplacer la traditionnelle solution liquide par un pain ou un bloc (peu importe le terme) solide et ultradense. « Un bloc de 3 kg remplace 20 l de produit vaisselle », explique le directeur général de l’usine, Xavier Mortas.

 

Les pains sont de forme et de couleur différentes selon leur usage : prétrempage, trempage, rinçage… Il ne s’agit pas uniquement de faire beau : cela empêche l’utilisateur d’introduire un mauvais produit dans le diffuseur qui s’adapte à n’importe quel lave-vaisselle professionnel. Et ce sans formation particulière.

 

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Le bloc Ecolab et le bidon qu’il remplace : la différence de volume est saisissante. ©Frédéric Marais / Agence Info

Déchets divisés par 120

 

Parmi les principaux avantages d’Apex, Xavier Mortas cite les « gains énormes sur le transport, le stockage et la manutention ». « Le bidon est remplacé par un film plastique pesant 7 g, ce qui divise par 120 le poids des déchets. Et on passe d’un déchet industriel à un déchet banal. »

 

Le diffuseur étant relié à un programme de lavage, l’utilisateur contrôle plus facilement ses consommations d’eau et d’énergie. L’appareil est « soit loué, soit vendu, soit prêté ». Ecolab ne cache pas ses objectifs : « Capter une nouvelle clientèle. »

 

Lancé il y a deux ans aux Etats-Unis et fabriqué jusqu’alors uniquement sur le sol américain, Apex est déjà commercialisé en France. C’est son succès croissant en Europe qui a incité l’entreprise basée à Saint Paul, dans le Minnesota, à délocaliser la production.

 

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Si Ecolab a choisi Châlons-en-Champagne (Marne) parmi ses vingt-trois usines implantées sur le vieux continent, c’est parce qu’elle est « la plus grosse et la meilleure d’entre elles, la seule capable de manager un projet d’une telle ampleur ».

 

Au passage, l’établissement marnais  a modifié la technique de fabrication d’Apex, remplaçant l’extrusion par le pressage - via une presse de 40 t - pour gagner en densité.

 

Le premier bloc est sorti le 10 mars mais la fabrication en série démarrera en juin, à la cadence maximale de 3,6 t/h.

 

L’équipe de cinq personnes affectée à la nouvelle ligne est allée se former aux Etats-Unis et elle accueille en retour des techniciens américains pour les derniers réglages.

 

400 matières premières et 2.000 produits différents

 

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Les pains sont de forme et de couleur différentes selon leur usage : prétrempage, trempage, rinçage… ©Frédéric Marais / Agence Info.

 

Très automatisée, la nouvelle ligne, d'un coût de 12 millions d'€, a été installée sur trois niveaux afin d’utiliser la gravité naturelle. L’ancienne production de poudres a été arrêtée il y a deux ans pour faire place nette dans le bâtiment.

 

L’usine de Châlons-en-Champagne a ouvert en 1956 et a été agrandie en 1970. Deux cent vingt-trois personnes, dont 182 permanents, y fabriquent 500 tonnes de produits par jour : de la lessive liquide, du liquide vaisselle et toute une gamme de désinfectants, dont un pour les pis de vache avant et après la traite (gros succès commercial), mais « rien pour se laver les mains ».

 

« Nous entreposons environ 400 matières premières sur ce site de 8,5 ha classé Seveso II seuil haut, précise le directeur général : soude, acides, bases, eau de Javel, eau oxygénée, colorants, parfums… Notre catalogue comprend 567 formulations et 2.000 produits différents. »

 

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223 personnes fabriquent 500 tonnes de produits par jour. ©Frédéric Marais / Agence Info.

 

L’eau oxygénée arrive en train, à raison de cinq wagons par semaine, l’usine étant traversée par une voie de chemin de fer. Le reste est acheminé par la route, au rythme de 15 à 20 camions par jour.

 

Le conditionnement du produit fini va du bidon de 5 l à la citerne entière. Particularité soulignée par Xavier Mortas : « On fabrique des kilos mais on vend des litres. » L’usine dispose d’une quinzaine de mélangeurs, sortes de « grosses Cocotte-Minute » allant de 1,5 à 20 m3 - ou de 1 150 à 20.000 l.

 

Composée uniquement de professionnels et de distributeurs, la clientèle est elle aussi très large : l’industrie agroalimentaire (McCain, Mars, Kronenbourg…), le textile (blanchisseries d’hôpitaux ou d’hôtels, Elis pour les blanchisseries privées…), les restaurants et brasseries (McDonald’s, Buffalo Grill…), ainsi que les agriculteurs (désinfectants pour les outils et les animaux).

 

« Nous exportons à 55 %, essentiellement en Europe, dont 20 % au Benelux et 13 % en Allemagne, mais de plus en plus aussi vers la Russie », signale le directeur.

 

ecolabdirigeantQui est Xavier Mortas ?

 

« Mauvais élève mais bon industriel », comme il se définit lui-même avec humour, le directeur général n’a effectivement “qu’un” DUT en génie mécanique, mais une belle carte de visite.

 

Agé de 43 ans, il a travaillé successivement pour Trèves (automobile), Pinguely Haulotte (nacelles élévatrices), Fichet-Bauche Gunnebo (coffres forts) et Faurecia (automobile), à des postes élevés.

 

Il est entré chez Ecolab en novembre 2015.

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