MAROQUINERIE/MONTBÉLIARD. En plein développement dans le Pays de Montbéliard avec Hermès qui prépare l'ouverture d'un 3ème atelier sur Technoland, la filière cuir attire des petites entreprises comme la sellerie Duret qu’a créé Mickaël Benarroch à Paris, puis déménagé il y a deux ans à Bart.
Son concept : l'objet de sellerie fait main et sur-mesure qu’il entend vendre par internet, un mode de diffusion dont le luxe n’est pas coutumier.

Mickaël Benarroch parle souvent de passion lorsqu'il évoque son métier : les matières travaillées, le design, le détail qui tend à la perfection, l'amour du beau. Il définit son entreprise, Duret Paris, comme un sellier sur-mesure. Il l'a créée en 2006 dans la capitale, mais a déménagé ses ateliers en 2015 dans le nord Franche-Comté, attiré par la filière cuir nouvellement structurée dans la région. Ils sont installés à Bart, à deux pas de Montbéliard.
S’appuyant sur l'École Boudard à Bethoncourt et le lycée des Huisselets à Montbéliard qui forment des maroquiniers, l'emblématique et discret sellier Hermès a donné au pays de l’automobile (avec Peugeot Sochaux), une seconde spécialité, le travail du cuir.
Installé depuis longtemps à Seloncourt (Doubs) - en 1996- , le groupe de luxe a implanté un second atelier en 2016, à Héricourt (Haute-Saône). Un troisième, sur la zone d’activités de Technoland II, dans le Pays de Montbéliard, doit ouvrir d’ici le printemps prochain. Avec les 280 personnes qu’il devrait à terme embaucher, la filière cuir comptera près de 800 personnes.
Duret se situe dans une autre écurie. De plus petite taille, l’atelier évolue néanmoins dans le même univers du luxe. Les ceintures, portefeuilles, porte-cartes, caves à cigares, bracelets, étuis à lunettes qu’il fabrique sont réalisées à l’unité et personnalisées avec la gravure des initiales, des coutures en fil de lin ou de soie, des aménagements intérieurs, etc. Les matières utilisées sont précieuses : box (cuir de veau tanné au chrome), veau velours, crocodile, alligator, éléphant, autruche…
« La culture Duret, c’est de mettre au service des amoureux des belles choses une parfaite connaissance des peausseries et une maîtrise de leur travail » explique la présentation de l'entreprise.
Mickaël Benarroch explicite : « Ce type de produit s'adresse à des passionnés, des gens atypiques, des fans de belles choses, et qui ne sont pas dans l'urgence ».

Autrement dit, qui acceptent de patienter entre le moment où ils ont choisi leur objet, sa matière, sa patine et celui où ils l'auront entre les mains : le temps de la fabrication « cousu-main ». « Nous recherchons des matières exceptionnelles. Nous faisons de la bijouterie en maroquinerie. »
L’avenir de son entreprise, Mickaël Benarroch le voit dans l’innovation pour continuer à croître dans un univers, celui du luxe, très concurrentiel, parfois féroce. « Un milieu où la notoriété est nécessaire pour asseoir sa crédibilité vis-à-vis des clients comme des fournisseurs ».
La vente du luxe par internet

A Bart, Mickaël Benarroch dispose de 250 m². Formé par les compagnons, il entend valoriser les gens par leurs compétences. Il se prépare à accueillir des élèves de l'école Boudard et du lycée des Huisselets : « Nous avons monté un vrai partenariat », explique-t-il : l'accueil de stagiaires puis la création de postes à la clé.
D'ici trois à cinq ans, Mickaël Benarroch espère atteindre un effectif de vingt à trente salariés. Ce qui nécessitera une structuration de l’encadrement. Car pour l’instant il est seul à la barre.
Duret réalise la moitié de son chiffre d'affaires en France, l’autre hors des frontières. Un des objectifs du nouveau site internet est d'élargir l'exportation à tous les pays du monde où le « made in France » demeure un vrai label.
« Nous allons casser les mentalités dans le domaine, promet le dirigeant, mettre en ligne le luxe et les commandes spéciales. Le site va fonctionner comme un configurateur de voiture, mais appliqué à la maroquinerie, avec le choix dans le détail : les matières, le fil, la grosseur du point. »
Mickaël Benarroch espère inventer le luxe 2.0, internet n'étant pas à ce jour le mode de diffusion de prédilection dans ce domaine.