RECYCLAGE/BOURGOGNE. Géré par Suez Environnement, l’écopôle des Grands Moulins près de Dijon qui abrite l'un des quatre centres de stockage et de revalorisation des déchets dangereux dans l’Est, produit de l'électricité par cogénération et bientôt, espère t-il, grâce à l'énergie solaire.
Ce qui pourrait s'apparenter à une simple opération de greenwashing doit permettre au gestionnaire de la décharge de Drambon (Côte-d'Or) de diversifier ses revenus.
Revue de projets à l’occasion d’une visite sur le terrain, en juillet, avec le député de Côte-d'Or, Rémi Delatte.

Rebaptisée il y a quelques mois Suez Environnement, Sita FD complète l'installation de traitement du biogaz de l’écopôle des Grands Moulins, à Drambon, à une vingtaine de kilomètres de Dijon, par un procédé de traitement des lixiviats.
Ces jus issus de la fermentation des déchets ménagers étaient jusqu’à présent recyclés par un prestataire extérieur. Ils le sont désormais sur place grâce à l’utilisation de la chaleur produite par les moteurs de l’usine de valorisation du biogaz, ce dernier étant le résultat de la fermentation anaérobique des fermentiscibles.

En fonctionnement depuis 2012, cette unité fabrique déjà de l’électricité pour l’équivalent de 6000 habitants.
« Toutes les énergies sont captées et réutilisées par la cogénération ; nous utilisons ainsi l’énergie de refroidissement des moteurs de valorisation électrique du biogaz, qui est classiquement dissipée dans l’atmosphère, pour alimenter l’unité de traitement de lixiviats avec un procédé biologique », expose Nicolas Bequaert, directeur délégué de l’activité déchets dangereux de Suez Environnement.
L’inauguration de cet investissement de près de 3 millions d’€ aura lieu le 2 octobre prochain.

Décharge de classe 2 (ordures ménagères) avec un volume de 72 000 tonnes de déchets ménagers par an, et de classe 1 (déchets dangereux) à hauteur de 52 000 tonnes (résidus industriels, amiante, terres polluées, cendres d’usines d’incinération), l’écopôle des Grands Moulins diversifie son activité de valorisation des déchets.
La réglementation l’y conduit. D’un côté, le volume des ordures ménagères diminue sous l’influence du tri. De l’autre, les industriels, grâce à des installations de dépollution de l’eau et des fumées au sein de leurs usines, se délestent de déchets plus concentrés.
« Plutôt que de stocker les déchets dangereux, l’avenir est au retraitement qui génère une nouvelle activité », indique Benoît Ponsonnaille, responsable du centre de Drambon.
Ferme photovoltaïque

C’est également le but du projet de ferme solaire photovoltaïque au sol sur l’ancienne décharge, lancé avec Engie (ex GDF Suez), dans le cadre l’appel à projets sur la réutilisation de surfaces gelées sur zones réaménagées de la Commission de régulation de l'énergie (CRE).
5594 panneaux fixes occuperont 20 hectares des anciennes décharges, réhabilitées en 2002, situées à cheval sur les communes de Drambon et de Pontailler-sur-Saône.
D’une puissance de 12 mégawatts, le parc aura une capacité de production d’électricité pour environ 6000 foyers.
Compte tenu de la particularité du sous-sol, les poteaux métalliques qui supporteront les panneaux photovoltaïques avec un angle de 36 degrés seront ancrés dans des blocs de béton posés au sol.
« Bien qu’il n’y ait plus de tassement ni biogaz sur la décharge de déchets fermentiscibles et que la décharge de déchets industriels soit stable, la nature du sol a posé des problèmes techniques ainsi résolus », explique Nicolas Bequaert.
L’enquête publique qui a eu lieu en septembre et octobre 2014, a débouché sur un avis favorable du commissaire enquêteur en novembre 2014 et un permis de construire en février 2015.
Réutilisation des terres dépolluées
Reste à obtenir le feu vert de la Commission de régulation de l'énergie, seule à autoriser le raccordement au réseau d’EDF. La concurrence est rude : 128 projets représentant 1270 mégawatts ont été déposés. Mais l'annonce cet été par le président François Hollande d'une augmentation du volume de l'appel d'offres, à 800 mégawatts contre 400 initialement, donne des chances supplémentaires au projet.

Comptant par les quatre centres de stockage et de revalorisation des déchets dangereux dans l’Est (avec Vaivre-et-Montoille en Haute-Saône, Laimont en Meuse et Jeandelaincourt en Meurthe-et-Moselle), l’écopôle des Grands Moulins (25 collaborateurs et 5 sous-traitants) travaille aussi sur les terres polluées, notamment en hydrocarbures.
Alors que la réglementation française est en cours d’évolution pour donner aux terres recyclées un statut de produit plutôt que de déchet, Suez Environnement espère faire aboutir d’ici deux ans son programme de recherche Valtex.
Il consiste à réutiliser localement des terres dépolluées dans les travaux routiers et dans la fabrication du béton, en substitution des matériaux minéraux.

Ces évolutions technologiques devraient aider l’opérateur à gagner ses galons d’industriel, dans un métier qui suscite encore beaucoup de suspicion auprès de l’opinion publique, malgré ses efforts de recyclage.
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