La PME lorraine vient de déposer un brevet sur un équipement de séparation magnétique capable d’extraire des métaux non-ferreux dans de fines granulométries. Ses électroaimants historiquement utilisés pour soulever de lourdes charges, trouvent un nouveau marché dans le recyclage des déchets, mais aussi l’agro-alimentaire et l’industrie chimique.


Les pénuries en matières premières donnent un coup de projecteur sur les solutions de Raoul Lenoir. Ce spécialiste du magnétisme industriel basé à Cosnes-et-Romain (Meurthe-et-Moselle) développe un équipement innovant capable d’extraire des métaux non-ferreux (aluminium, cuivre, inox, etc.) dans de fines granulométries. Dans son viseur notamment, les sous-produits du traitement des déchets, la plupart du temps envoyés en centre d’enfouissement. La PME de 28 personnes, filiale du français Delachaux (3.800 salariés, chiffre d’affaires de 840 millions d’€) vient de déposer un brevet en ce sens.

Cette machine de séparation à courant de Foucault intéresse le constructeur de broyeurs MTB Recycling (Isère), une société partenaire de l’entreprise lorraine. Elle a mis au point des lignes modulaires utilisées dans le recyclage des câbles, mais aussi des batteries.


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Cette innovation montre combien l’entreprise fondée en 1946 pour répondre notamment aux besoins des mines de fer, a su évoluer avec son temps. « Nos outils sont en mesure de soulever des poutrelles d’acier de 40 tonnes, mais aussi d’extraire des impuretés de l’ordre du micromètre dans un environnement de salle blanche », éclaire Grégory Durand, le responsable commercial France de Raoul Lenoir.

Ses électroaimants ont accompagné l’essor sidérurgie lorraine, assurant le convoyage de bobines d’acier, rails et autres ronds à béton. Si ce marché ne représente aujourd’hui plus que 20% du chiffre d’affaires de 7,8 millions d’€ en 2021, Raoul Lenoir continue d’y innover. L’entreprise est ainsi passée maîtresse dans le transport de pièces d’acier à haute température – jusqu’à 600°C – un secteur dans lequel sa renommée porte jusqu’en Inde. « En dehors de cette spécialité, nous ne nous positionnons pas au grand export, pour des questions de compétitivité », tempère le responsable commercial.

L’an dernier, Raoul Lenoir a également développé un automate capable de gérer le « facteur de marche » de ses électroaimants, autrement dit le temps pendant lequel ceux-ci peuvent rester alimentés électriquement et donc produire un champ magnétique sans risque d’endommagement.

 

Des filtres magnétiques auto-nettoyants

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Les électroaimants de Raoul Lenoir sont historiquement employés pour convoyer des pièces d’acier. © Raoul Lenoir


« Nos équipements bénéficient d’un facteur de marche de 60%. Mais à l’usage, il n’est pas toujours respecté. Les électroaimants peuvent être beaucoup sollicités pendant deux heures, puis laissés inactifs. Il arrive que les opérateurs oublient de désaimanter le système de levage pendant leur pause déjeuner… », constate le responsable commercial. L’automate signale alors directement à l’opérateur, via son pupitre, qu’il dépasse la durée de mise sous tension et un compteur indique le temps d’attente nécessaire avant de remonter une charge sans risquer d’endommager l’installation.

Lorsque ses clients sont équipés de systèmes de pesage, l’automate de Raoul Lenoir récupère l’information et alimente l’électroaimant en fonction de la charge, ce qui permet de moduler l’intensité électrique et de limiter les risques de surchauffe.


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Suivant l’évolution des besoins industriels en France, Raoul Lenoir réalise les trois-quarts de son chiffre d’affaires dans la séparation magnétique d’éléments métalliques dans le cadre du recyclage des déchets, du tri du verre ou du bois. Les objectifs de la politique nationale de prévention et de gestion des déchets (2021-2027) soufflent un vent favorable. Tout comme les nombreux projets de réaménagement de centres de tri avec mise en place de mécanisation.

L’agroalimentaire et la chimie apparaissent également comme de nouveaux débouchés (5% du chiffre d’affaires). Les sucreries utilisent des séparateurs magnétiques (« overbands ») en entrée de process pour extraire les déchets métalliques dans les betteraves (barbelés, obus, etc.), les campagnes du nord-est étant encore encombrées de résidus de la Grande guerre, etc.

A l’issue de plusieurs centaines de mètres de process, des filtres magnétiques auto-nettoyants (séparateurs à filtres néodymes– un métal du groupe des terres rares –) séparent les impuretés métalliques de la taille d’un grain de poivre, le sucre s’avérant particulièrement abrasif dans le process. Une démonstration des nombreux champs d’intervention de ce spécialiste du magnétisme.

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