MAROQUINERIE/BAS-RHIN. Indépendante, familiale, complète dans son process, héritière de plus de 150 ans de tradition : pas de doute, Degermann est la gardienne du temple de son domaine. Et celui-ci est la tannerie.
La PME est la dernière travailleuse du cuir à Barr, la coquette bourgade du Bas-Rhin au pied du vignoble qui fut un temps la petite capitale du genre.

Derrière des murs qui évoquent l’ancien corps de ferme alsacienne, les 38 salariés de la tannerie Degermann prolongent l’histoire née en 1832 de la transformation des peaux de veaux.
Mais la PME de Barr (Bas-Rhin) ne se fige pas dans le marbre de la tradition. On s’en douterait un peu : si elle a survécu, c’est qu’elle a su s’adapter.
« Comme tous nos confrères des environs, nous fournissions la population locale en produits basiques, les chaussures et les sacs de tous les jours. Depuis les années 1980, nous nous sommes complètement réorientés vers l’industrie du luxe, en France et dans le monde entier », décrit le président Nicolas Degermann.
Dans ce secteur qui cultive le secret jusqu’à en sourire, le dirigeant ne peut jeter de nom sur la place publique, mais chacun saura mettre une marque derrière l’appellation… car aucune grande ne manque à l’appel de la liste de clients.

La PME livre l’industrie manufacturière dans l’Hexagone, puis en Italie, son premier débouché étranger, aux Etats-Unis, en Suisse et son célèbre secteur horloger, et depuis plus récemment en Chine ou en Corée.
L’export représente un peu plus de 50 % du chiffre d’affaires, situé à 8 millions d’€ l’an dernier. « Sa part a tendance à augmenter. Nous sommes ouverts à tout marché, dès lors que la chaîne de transformation en aval de nous fasse la preuve de sa qualité ». Un critère essentiel qui, jusqu’à présent, a exclu la Russie par exemple.
Le prix final permet de relativiser celui du transport. « Le cuir est un produit qui voyage bien », reconnaît Nicolas Degermann.
Un trophée export des CCI d’Alsace

Cette capacité à se développer au-delà des frontières nationales a valu fin 2014 à la PME l’un de ses rares coups de projecteur, un trophée export des CCI d’Alsace en catégorie « coup de cœur du jury ». Elle marque un retour de l’histoire : le créateur, Gustave Degermann, avait débuté en vendant le cuir de ses confrères tanneurs de Barr en Amérique du Sud, avant de se mettre à le fabriquer lui-même.
Ce produit final, quel est-il aujourd’hui ? Chaussure, maroquinerie, selles d’équitation, bracelets de montres, habillage d’autres pièces d’horlogerie, de meubles et objets de décoration sont la destinée des peaux qui sortent des vénérables ateliers.
Auparavant, elles auront suivi un processus de traitement aussi rigoureux et immuable que complet. « De plus en plus de tanneries dans le monde commencent à la teinture des peaux, mais nous, nous faisons tout, à l’instar des autres tanneries françaises ». Elles sont encore cinq dans l’Hexagone, Degermann étant la seule complètement indépendante.
Labellisée « entreprise du patrimoine vivant », l’entreprise travaille les peaux de veaux, « français uniquement », d’un poids bien déterminé : entre 17 et 20 kilos. Dans l’univers bien codifié du luxe, il correspond à des caractéristiques d’épaisseur de produits établis, pour l’essentiel entre 1 et 2 millimètres.

Récupérées à la sortie des abattoirs, les peaux sont salées, triées, teintées, étirées… bref, elles sont travaillées et retravaillées pour être rendues toujours un peu plus lisses, un peu plus impeccables.
En sortie de process, l’adaptation au temps a aussi impliqué de rendre à la rivière locale des eaux usées plus propres, grâce à un déchromage qui est systématisé depuis un quart de siècle.
Autres photos fournies par l'entreprise.
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