PAPETERIE/VOSGES. La papeterie vosgienne du groupe italien Lucart recycle les briques alimentaires pour produire des papiers d’hygiène sous la marque EcoNatural.

Si ses produits n’ont pas (encore) rencontré le succès escompté auprès du grand public, l’entreprise de Laval-sur-Vologne compte sur les professionnels qui représentent les deux-tiers de ses clients, pour faire évoluer les mentalités.

 

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Lucart mise sur les professionnels à l’instar du conseil régional de Bretagne pour commercialiser sa gamme EcoNatural. © Philippe Bohlinger.

 

L’important, n'est pas forcément la rose. Le papetier italien Lucart qui emploie 284 personnes à Laval-sur-Vologne (Vosges), livre une interprétation personnelle de la chanson de Gilbert Bécaud. L’industriel fabrique notamment sur son site vosgien un papier toilette de couleur marron clair commercialisé sous la marque EcoNatural. Cette teinte, plutôt iconoclaste sur ce segment, est également déclinée en essuie-main, essuie-tout et mouchoirs. Elle s’explique par la matière première employée : une pulpe de cellulose issue du recyclage des briques alimentaires Tetra Pak n’ayant subi aucun blanchiment chimique.


Sur les 10.000 tonnes de briques collectées chaque année dans un rayon de 500 kilomètres, l’usine Lucart récupère 74% de fibres. Ces fibres sont séparées du polyéthylène (22%) et de l’aluminium (4%) dans un pulpeur, une sorte de mixeur géant. Ce procédé lancé en 2011 s’inscrit dans une stratégie de sécurisation des approvisionnements. En effet, le site appuie l’essentiel de sa production sur les “vieux-papiers”, autrement-dit des produits issus du recyclage.

 

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« La numérisation suscite un déclin de notre gisement. Auparavant, nous recyclions par exemple les immenses listings papiers des hôpitaux. Dans ce contexte, l’emploi des briques alimentaires a été une manière de sécuriser notre ressource », analyse Frédéric Gennerat, responsable marketing de Lucart. Si le site vosgien a lourdement investi dans le traitement des briques alimentaires, il récupère gratuitement cette matière première, hors transport. Ce n’est pas le cas des vieux-papiers de catégorie plutôt noble (peu encrés, pas cartonnés, etc.) essentiellement collectés auprès des industriels et soumis à des fluctuations de prix, le marché des vieux papiers demeurant extrêmement spéculatif.


Professionnels ou commerces spécialisés

 

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Le polyéthylène et l’aluminium extraits des briques Tetra Pak est recyclé dans du mobilier urbain. © Philippe Bohlinger.

 

Sur le plan commercial, la gamme EcoNatural peine toutefois à séduire le grand public, reconnait-on chez Lucart. La société qui réalise un tiers de sa production pour les marques de distributeurs, et deux-tiers auprès des professionnels, a mené un essai en partenariat avec la marque Carrefour EcoPlanet. Mais il n’a pas rencontré le succès commercial escompté. Seuls les distributeurs spécialisés Biocoop, La Vie Claire ou encore La Vie Saine distribuent sa gamme. « Les consommateurs ne semblent pas prêts pour le moment. En attendant, nous devons communiquer et faire preuve de pédagogie en ciblant dans un premier temps les professionnels », livre Philippe Desmartin, responsable qualité. Le conseil régional de Bretagne a notamment adopté la fameuse gamme. Quant à savoir ce que deviennent le polyéthylène et l’aluminium extraits des briques… L’usine vosgienne le recycle dans du mobilier urbain en partenariat avec la société Urban’Ext (Vienne).

 

 

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En Italie, Lucart commercialise depuis le début 2018 des distributeurs d’essuie-mains, de savon et des poubelles fabriquées à partir de ce mélange : Si le gain financier demeure négligeable - ces produits sont habituellement offerts aux clients professionnels - ils pèsent en termes d’image dans un contexte de vigilance accrue aux enjeux de l’économie circulaire et de concurrence exacerbée sur le marché. « Entre 2013 et 2016, le groupe Lucart a recyclé 2,8 millions de briques alimentaires, ce qui correspond à 72.000 tonnes de CO2 non émises », énumère Romain Mathieu, chef de produit chez Lucart à Laval-sur-Vologne.

 

Laval-sur-Vologne, un site industriel dédié à la ouate de cellulose

 

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La papeterie vosgienne recycle notamment les briques alimentaires composées à 74% de fibres cellulosiques. © Philippe Bohlinger.

 

La société Lucart à Laval-sur-Vologne (Vosges) prospère sur le segment de la ouate de cellulose, le seul marché papetier actuellement en croissance avec celui du carton. Ses deux machines à papier d’une capacité de 58.000 tonnes par an sont quasi saturées. Elles fabriquent les bobines-mères nécessaires à neuf lignes de transformation pour la production de papiers d’hygiène ou à usage unique.
Depuis son rachat en 2008 par l’italien Lucart (1.450 personnes et 415 millions d’€ de chiffre d’affaires), l’usine a recruté 58 salariés dans les Vosges. Son site industriel est entouré du spécialiste des papiers minces Papeterie des Vosges (Bolloré Thin Papers) qui emploie 116 salariés et BB Distribe (40 personnes), un fabricant de couches.
Les trois entreprises découlent de la cession des entités du groupe Novacare, une papeterie vosgienne fondée en 1876 sous le nom de Papeterie Mougenot.




1 commentaire(s) pour cet article
  1. Guyarddit :

    Bravo, encore un industriel performant. Pour conquérir le grand public, il devrait communiquer sur les propriétés essentielles de son produit: solidité, absorbance qui sont les seules importantes pour des applications d'essuyage. Combien de produits vendus sur la couleur, le parfum et qui ne tiennent pas sur les propriétés essentielles.

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