MÉTALLURGIE/VOSGES. Le fabricant de moules pour l’injection plastique Spimeca implanté à La Bresse (Vosges), peut envisager le cap de ses trente ans sereinement. La PME de 18 personnes reprise en février dernier par un pool d’anciens salariés affiche des carnets de commandes au beau fixe. L’outilleur a bénéficié d’un triple accompagnement des anciens dirigeants, du réseau Entreprendre Lorraine et de la région Grand-Est.

Tous les voyants sont au vert pour les quatre repreneurs de la pépite de l’outillage industriel Spimeca à La Bresse (Vosges). Ce pool d’anciens salariés a repris l’entreprise spécialisée dans la fabrication/maintenance de moules d’injection plastique en février 2018 à la famille Andrzejczak. La bonne santé de la société couplée à un marché porteur leur permet d’envisager sereinement le cap des 30 ans qui sera franchi en 2019.
Depuis deux ans, la PME de 18 salariés qui a réalisé un chiffre d’affaires de 1,5 million d’€ en 2017, bénéficie d’un double effet de levier : « Le nombre de moulistes s’est considérablement réduit en France, tandis que les donneurs d’ordre reviennent sur le marché hexagonal », analyse Ludovic Claudel, responsable du bureau d’études.
Mais la conjoncture ne fait pas tout. Le processus de transmission a aussi bénéficié d’un accompagnement sur-mesure. Tout d’abord celui de Ghislaine Andrzejczak, ancienne présidente de Spimeca, restée salariée de l’entreprise pour quelques mois. « Nous sommes une petite équipe avec un faible turn-over. C’est grâce à l’ensemble des salariés que l’entreprise a maintenu ses carnets de commandes », pointe Ghislaine Andrzejczak.
Le Réseau Entreprendre Lorraine, par l’intermédiaire de son antenne d’Épinal, a également joué un rôle de catalyseur. Son système de parrainage entre chefs d’entreprises a assuré la formation des repreneurs au métier de dirigeant. Enfin la Région Grand-Est a soutenu financièrement le projet.
Les nouveaux patrons peuvent désormais se concentrer sur la fabrication et la maintenance de moules d’injection plastique, caoutchouc, et zamak (un alliage de zinc, d'aluminium, de magnésium et de cuivre). Une vingtaine de moules neufs entre 25 kg et 2,5 tonnes sur la balance, en sortent chaque année.
Cette activité représente 60% du chiffre d’affaires, tandis que la réparation et la maintenance génèrent les 40% restants. « Nos carnets de commandes en moules neufs sont remplis jusqu’à début 2019. C’est assez exceptionnel dans l’histoire de l’entreprise », se félicite Ludovic Claudel.
Un bureau d’études de 4 personnes

Les clients, sous-traitants automobiles, industriels du bâtiment, de l’électronique ou laboratoires cosmétiques sont majoritairement implantés dans le Grand-Est, mais aussi en Suisse, en Algérie et en Roumanie. Ils transmettent au bureau d’études de 4 salariés leur cahier des charges à partir duquel un technicien conçoit le moule sur logiciel CAO (Conception Assistée par Ordinateur), tandis qu’un second prépare l’usinage sur un logiciel FAO (Fabrication Assistée par Ordinateur). Les moules seront testés chez le client ou sur des bancs d’essais spécialisés.
Dans l’atelier trône un moule complexe, cœur du savoir-faire de Spimeca. Il est capable de produire jusqu’à 32 pièces toutes les dix secondes. Le premier des quatre centres d’usinage travaille en temps masqué pour produire les électrodes en cuivre nécessaires à l’usinage par électroérosion. Elles sont consommées par les deux machines couplées à un robot de l’atelier d’électroérosion.
La technologie permet d’obtenir des empreintes complexes ou des aspects de surface particuliers. Un tour numérique, des machines de découpe fil, des rectifieuses, et des perceuses complètent le parc de l’industriel. Spimeca achète les plaques pré-usinées standard chez des fournisseurs et réalise les empreintes qui sont ensuite placés dans les poches. « Notre cœur de métier réside dans l'usinage des empreintes et dans la réalisation du circuit de régulation de température », résume Ludovic Claudel.
Qui sont les repreneurs de Spimeca ?

« Reprendre une société à plusieurs c’est rassurant », commente Ludovic Claudel. A 43 ans, le responsable du bureau d’études est le benjamin du pool d’anciens salariés aux commandes de Spimeca. Il a relevé le challenge aux côtés de Philippe Pierrel, chef d’atelier et Laurent Poirot, responsable FAO. Cependant, leur projet n’aurait pu se concrétiser sans l’arrivée de son épouse Aurélie Claudel, en charge de la partie administrative, RH et comptabilité.