Spécialisée dans la création de présentoirs de luxe, l’entreprise familiale a anticipé la baisse de commandes liée au coronavirus en se lançant dans un nouveau produit : le claustra de séparation pour établissements recevant du public mais également pour les ateliers industriels.
Jean-Charles Monnin, le dirigeant de Plastiglas, une PME familiale de Chalezeule, dans le Grand Besançon (Doubs), avait senti le vent tourner. Une dizaine de jours avant l’annonce du confinement par le président de la République, il avait prospecté pour évaluer la pertinence de son projet : utiliser son outil de production de découpe, pliage et assemblage de plexiglas ou polycarbonate pour présentoirs de luxe afin de répondre au besoin du moment et fabriquer des claustras destinés à protéger les personnes des commerces et administrations de la contamination au covid-19.
Des claustras qu’il avait dessinés en différentes tailles de façon à intéresser supermarchés, pharmacies, banques et plus largement tous les établissements continuant à recevoir du public en ces temps de confinement, car « utiles à la nation », selon le président.
« À partir de là, c’est allé très vite. On a été rapidement submergés de demandes », explique le dirigeant. « Habituellement nous sommes 14, aujourd’hui nous ne sommes plus que 6, certains étant en télétravail, mais nous pouvons encore absorber de la charge. Actuellement, nous avons une commande de 300 claustras mais le transport devient compliqué. Nous avons une capacité de 600 à 900 pièces en trois jours si besoin. Je pense que lorsque le confinement sera terminé, les lieux publics devront prendre leurs précautions pour éviter les poches résiduelles post-confinement. L’enjeu sera alors d’apporter une réponde rapide et adaptée à ce nouveau besoin, nous sommes dans l’anticipation », insiste Jean-Charles Monnin.
Isoler les opérateurs dans le cadre de postes en ligne

© Franck Lallemand
La fabrication des claustras a pris le relais des commandes des marques de luxe, en chute libre chez Plastiglas comme partout ailleurs. Ses premiers clients sont la ville de Besançon, pour l’accueil et le service état-civil, des supermarchés ou encore le groupement national de pompes funèbres OGF qui lui a justement passé cette commande de 300 pièces. Et pendant que son équipe découpe, assemble et conditionne ces paravents, le dirigeant développe une nouvelle version pour les entreprises manufacturières, dans le but d'isoler les opérateurs dans le cadre de postes en ligne. « Un produit modulable et ergonomique », assure-t-il.
Jean-Charles Monnin espère pouvoir lancer son produit dès mi-avril. D’ici là, il l’aura testé dans des PME en termes de matériaux, de taille, de maniabilité. « On doit par exemple éviter les matériaux opaques et privilégier la transparence. Il faut également qu’ils soient à la fois robustes et légers, pour être manipulables. Le polycarbonate pourrait être une bonne solution, mais on pense aussi à des tôles composites en aluminium, ou à des panneaux de carton. » Quant à la taille de ces claustras, elle pourrait varier selon l’utilisation, sur le poste de travail ou sur le sol, en autoportant. Des solutions à trouver vite. « Il s’agit de développements éclairs, rapidement productibles, c’est tout l’enjeu », assure le dirigeant.
Chaudronnerie, inclusion acrylique, veille matière et technologies… Le métier de Plastiglas, entreprise familiale de Chalezeule, relie ces trois savoir-faire pour fabriquer toutes sortes de matériels de merchandising : présentoirs d’horlogerie, de cosmétiques, de parfumerie, pour vitrines ou comptoirs et en différents matériaux.
« Nos fabrications sont made in France et tout est intégré », assure Jean-Charles Monnin, le fils de Jean-Marie Monnin qui avait lancé l’activité en 1999. La PME emploie aujourd’hui 14 personnes, réalise 1,2 million d’€ de chiffre d’affaires (dont « 30 à 40% à l’export, essentiellement vers la Suisse ») et dispose d’un joli parc de machines à commandes numériques, lasers de découpe et de gravure, plieuses…
L’activité luxe, pour l’horlogerie notamment, représente 50 à 60% de l’activité, selon le dirigeant, le reste est réparti entre communication et industriel. Arrivé aux commandes en 2007, Jean-Charles Monnin s’était attaché à diversifier l’activité, une stratégie qui a « nettement » amélioré le résultat en 2019, selon lui. « Nous avons élargi notre savoir-faire et proposé des solutions esthétiques et techniques permettant de rationaliser les prix et les délais, comme l’inclusion plexiglas, par exemple. »
Dans la mesure du possible, Plastiglas travaille en direct avec les donneurs d’ordre. « Nous sommes designers fabricants, nous évitons de passer par des agences de communication qui peuvent perturber la relation. Pour la création, c’est toujours mieux d’être en direct », ajoute-t-il. L’entreprise fait aussi de l’édition d’œuvres d’art comme celle du sculpteur Hubert Duprat.