NETTOYAGE INDUSTRIEL/BELFORT. Petite entreprise de la région belfortaine, Cryoservice a doublé son chiffre d’affaires en dix ans. Sa technologie lui permet de satisfaire aux exigences environnementales des entreprises industrielles : la cryogénie ne produit pas de rejets.
Pour poursuivre ses investissements, elle a récemment fait un prêt participatif auprès de la plateforme spécialisée Unilend.

Quand Béatrice Cuenin a créé Cryoserv'ice à Eloie, près de Belfort, en 2005, le marché était presque inexistant. Une seule entreprise de nettoyage industriel par cryogénie existait en France : à Clermont-Ferrand.
La chef d’entreprise a acquis son expérience chez Hydroservice, où elle testait à l’époque le nettoyage par cryogénie. L’entreprise connaissant quelques difficultés, elle profite d'un licenciement économique pour se lancer dans l'aventure.
« J'ai dit, je prends la structure de nettoyage en cryogénie, et j'y vais. J'étais sûre que c'était le moment. Il y avait une vraie préoccupation des chefs d'entreprise pour la qualité et l'environnement. » Elle est aujourd'hui installée dans les anciens locaux de l'entreprise familiale, à Eloie, près de Belfort.
L'avantage du nettoyage par cryogénie repose sur le fait qu'il ne génère pas d'autres déchets que ceux dont sont débarrassées les pièces et les outillages ainsi nettoyés, et notamment pas d'eau souillée.
Il en résulte de la matière sèche, plus facile à traiter ensuite. Concrètement, la technique consiste à projeter, sur un objet à décaper, des fragments de CO² (que l’on appelle pellets) à moins 80° que Cryoserv'ice fabrique elle-même : sous le choc thermique, les résidus se fragilisent et se rétractent puis retournent à l'état de gaz en se réchauffant.

Idéal pour respecter les normes environnementales. Sans compter que le procédé ne dégrade pas les surfaces traitées, contrairement au sablage, explique la dirigeante. Le CO² lui-même est récupéré par les gaziers pour l'industrie chimique, fortement consommatrice.
Pourtant pour une entreprise, l'investissement dans un équipement de cryogénie n’est pas forcément rentable : il ne servira que quelques fois par an. D’où l’idée de Béatrice Cuenin de créer un service. « J'ai suivi la règle qui veut que l'on externalise les compétences que l'on n'a pas et que l'on fait bien ce que l'on sait faire. »
La difficulté a consisté à faire connaître la technologie. Pour cela, la dirigeante privilégie la pédagogie à travers la démonstration : dans les salons, en se déplaçant dans les entreprises pour des tests, ou tout simplement par une vidéo sur le site Internet de l'entreprise.
Les différents types de buses utilisés permettent une grande précision dans le traitement des surfaces. Béatrice Cuenin explique que cela permet de traiter des équipements électriques et électroniques sans altération des capteurs. Tous les outils de production industrielle sont concernés : automobile, agroalimentaire, aéronautique etc., pour en enlever dépôts et divers résidus (ciment, goudron, peinture, huile, bitume, encre, vernis, caoutchouc).

« Tout le monde a un problème de salissures » souligne Béatrice Cuenin. Elle cite ainsi l'exemple du chocolat, auquel il ne faut pas ajouter d'eau pour le nettoyer. La cryogénie permet de s'affranchir de cet obstacle pour nettoyer les équipements des chocolatiers.
Lors de sa première année d'exercice, Cryosrv'ice a réalisé un chiffre d'affaires d'environ 200 000 €. Il est aujourd’hui du double, de l'ordre de 400 000 €, et l’entreprise dégage un résultat d'environ 20 000 €.
Elle emploie quatre personnes en équivalent temps plein, avec plusieurs jeunes à temps partiel. Et est référencée auprès de PSA, GE, Alstom, EDF, en tout 25 à 30 clients fidèles dans le Grand Est, mais aussi au-delà, à travers la France.
Le crowdfunding pour consolider le BFR
Depuis son lancement, Cryoserv'ice, épaulé par l'agence ADN-FC, a consenti des investissements en équipements de l'ordre de 195 000 €. « Je n'ai pas été forcément suivie par les banques », précise la dirigeante. Aussi a-t-elle tenté le crowdfunding fin 2015, avec la plateforme Unilend qui permet à des particuliers de prêter de l’argent à des PME. Son besoin de 15.000 € a été satisfait par 126 financeurs qui ont proposé des taux allant jusqu'à 9%.
La plateforme a sélectionné les meilleures propositions, pour un taux finalement ramené à 4,5% et des remboursements mensuels sur 24 mois. De quoi apporter le besoin en fonds de roulement (BFR) de l'entreprise .
En terme de développement, Béatrice Cuenin espère conquérir deux à trois clients supplémentaires de façon à proposer plus de travail à ses temps partiels. Et elle reste à l’affût de nouveautés : « On n'a pas fini de chercher et de tout voir ».

Qui est Béatrice Cuenin ?
Après des études en Sciences Eco à Strasbourg, Béatrice Cuenin intègre l'entreprise familiale de décolletage, de 1989 à 2001.
C'est là quelle se familiarise avec le dessin industriel (utile pour préparer des devis) et à la démarche qualité, qui se développe alors fortement dans l'automobile.
Elle intègre ensuite Hydroservices, société aujourd'hui installée à Etupes (Doubs), où elle entend parler pour la première fois de la technique de la cryogénie.
Elle crée Cryoserv'ice en 2005, persuadée qu'un marché est en train de naître.
Autres photos fournies par l'entreprise.