BANQUE. Souvent mises en cause pour restreindre l’octroi de prêts, tout spécialement aux PME, les banques affrontent régulièrement des frondes de chefs d’entreprise.
Non sans raison dans certains cas.
Chiffres à l’appui, la Caisse d’Epargne Bourgogne Franche-Comté, banque coopérative propriété de ses 250 000 sociétaires, prouve le contraire.
Pour renforcer la démonstration, Jean-Pierre Deramecourt, président du directoire de l’établissement financier, s’est adjoint les services de François Pérol, qui préside aux destinées du groupe Banque Populaire Caisse d’Epargne (BPCE).
Nous les avons rencontré mardi dernier, 26 juin, à Beaune (Côte-d'Or) chez le négociant en vins Louis Latour.
Verbatims des deux dirigeants et explications chiffrées.
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Restrictions du crédit aux PME.
La réponse de Jean-Pierre Deramecourt, président du directoire de la Caisse d’Epargne Bourgogne Franche-Comté :
«Je m’inscris en faux contre cette affirmation, du moins en qui nous concerne. Depuis 2007, c’est-à-dire avant les deux grandes crises financières, les encours de crédit de la Caisse d’Epargne Bourgogne Franche-Comté ont été multipliés par trois et le nombre d’entreprises clientes a augmenté de plus de 70%.
Une PME sur quatre fait appel à nos services et, une sur trois pour les entreprises des deux régions dont le chiffre d’affaires dépasse les 50 millions d’€. Nous finançons l’économie régionale car nous sommes avant tout une banque de proximité.
Je rajoute toutefois qu’appartenant à nos sociétaires bourguignons et franc-comtois, nous ne pouvons pas faire n’importe quoi et mettre ainsi en danger l’épargne qui nous est confiée.
Les crédits accordés à une entreprise passent par une étude précise du risque : le nôtre, mais aussi celui que prend le dirigeant. Ce travail se fait en partenariat et un bon dossier reçoit toujours notre accord.
En cas de refus, que nous motivons, nous essayons toujours de trouver une solution. Elle peut passer par une modification du projet présenté ou un simple différé du prêt. Le rôle d’un banquier est à mes yeux celui d’un conseiller, parfois d’un guide, mais toujours d’un allié».
Quelques chiffres :
La Caisse d’Epargne de Bourgogne Franche-Comté a réalisé en 2011, 307 millions d’€ de chiffre d’affaires (produit net bancaire).
La taille de son bilan atteint les 15 milliards d’€. Elle dispose d’1,4 milliard de fonds propres et affiche un taux de solvabilité supérieur à 16%.
L’établissement dispose de 227 agences, emploie 1 700 personnes et accueille 1,2 million de clients.
Financement de l’économie nationale
Les explications de François Pérol, président du directoire de la BPCE :
«Notre groupe financier, créé en 2009, fédère 17 caisses d’épargne et 19 banques populaires et représente le second groupe bancaire français. Avec nos filiales : Natixis (nddlr : cotée en bourse), Crédit Foncier, Banque Palatine, Coface…, nous contribuons à 20% du financement de l’économie nationale.
Une TPE sur deux est cliente chez nous et nous accordons 4 milliards de prêts aux collectivités locales. C’est dire notre engagement qui se traduit par une progression constante de nos parts de marché. Deux seuls chiffres : le total des crédits accordés par BPCE est passé de 277 milliards d’euros en 2009 à 326 milliards.
Nous sommes devenus la première banque des PME et la seconde pour les particuliers ainsi que pour les professionnels et les entrepreneurs individuels. Ceci nous oblige, mais pas à sens unique. Travailler avec nous impose de s’inscrire dans la durée, d’établir une relation de confiance qui passe par une information régulière.
Et en cas de problème, nous proposons une offre de produits et de services parmi les plus complètes de notre secteur. En conclusion, je dirai que notre bonne santé découle toujours de celle de nos clients et que nous faisons vraiment un métier de banquier».
Qui est le Bourguignon François Pérol (source Wikipédia)
François Pérol est né le 6 novembre 1963 au Creusot (Saône-et-Loire). Il est le fils d'un pneumologue de l'Hôtel-Dieu du Creusot qui rompt la tradition familiale ne choisissant pas, au contraire du reste de sa fratrie, des études médicales.
Diplômé d’HEC et de l'IEP Paris, il est ancien élève de l'École nationale d'administration (promotion Jean-Monnet) dont il sort major en 1990, ce qui lui permet d'intégrer l'Inspection générale des finances.
En 1994, il devient rapporteur puis secrétaire général adjoint du Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri).
Chef du bureau des marchés financiers à la direction du Trésor, de 1996 à 1999, puis secrétaire général du Club de Paris, il est promu, en 2001, sous-directeur du financement et du développement des entreprises au Trésor.
En 2002, il devient directeur adjoint du cabinet de Francis Mer, puis de Nicolas Sarkozy, au Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie. De 2005 à 2007, il est associé-gérant de la banque Rothschild & Cie.
En mai 2007, il est nommé secrétaire général adjoint de la présidence de la République française, où il devient le «grand architecte du programme économique de Nicolas Sarkozy», accueillant dans son bureau les grands patrons français.
Spécialiste des montages financiers et industriels, il travaille à ce poste, à la simplification de l'organigramme d'EADS, dessine le processus de fusion de Suez et GDF, s'opposant à l'avis d'Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, qui préférait une fusion entre GDF et EDF. Il soutient le rachat de 20 % de Thales par Dassault Aviation. Il gère également le dossier Areva, avec le retrait de Siemens, et la potentielle entrée de Bouygues et Alstom.
Il est également chargé de finaliser la fusion orchestrée sur fond de crise financière par l'Élysée entre les Caisses d'Épargne et Banques Populaires, alors que l'État devrait y injecter 4 à 5 milliards d’€ et prendre environ 20 % du capital du nouveau groupe.
Les rumeurs qui précèdent son arrivée à la direction du nouveau groupe bancaire, engendrent fin février 2009 des suspicions de conflit d'intérêt du fait de son intervention dans cette fusion.
Les élus de gauche et du centre, parmi lesquels Benoît Hamon, François Bayrou et Jean Arthuis, dénonçent le manque de déontologie et l'illégalité d'une telle décision, alors que d'autres, parmi lesquels les socialistes Jean-Louis Bianco et Michel Charasse la saluent.
Les 24 et 26 février 2009, la Caisse d'Épargne et la Banque Populaire approuvent les principes du rapprochement des deux organes centraux, devant conduire à la naissance du deuxième groupe bancaire français, et entérinent le 26 février l'arrivée de François Pérol à leur tête, celui-ci quittant le jour même ses fonctions à l'Élysée.
Il prend ses fonctions le 2 mars 2009, et devient président du conseil de surveillance de Natixis le 6 mars suivant.
Selon Les Echos, la Cour de cassation vient de donner son feu vert à l'ouverture d'une information judiciaire sur les conditions de sa nomination.
Crédit photo: Caisse d’Epargne