
MÉTALLURGIE. Un nouveau four de réchauffage entre en service fin mars à l’usine de transformation d’aluminium Constellium (plus connue sous le nom de Rhénalu) à Neuf-Brisach, dans le Haut-Rhin.
Les 13 millions d’€ d’investissements visent une hausse de la production sur ses deux principaux marchés, la boîte-boisson et les tôles pour l’automobile.
Le groupe contrôlé par le fonds américain Apollo devrait bientôt se séparer de l’usine de Saint-Florentin dans l’Yonne. Il a annoncé début mars avoir reçu une offre ferme du fonds d’investissement OpenGate Capital.
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Dans ce monde d’industrie lourde qu’est la métallurgie, on raisonne en décennies. Le nouveau four électrique de réchauffage des plaques d’aluminium « a vocation à durer 20 à 30 ans », souligne Raphaël Thévenin, directeur commercial de Constellium.
L'entreprise de Neuf-Brisach (Haut-Rhin) y a consacré 13 millions d'€ d’investissements. L’objectif est double : optimiser la - grosse - consommation d’énergie et participer à l’objectif d’augmenter la capacité de production. L’usine se fixe l’horizon de 450 000 tonnes dans les trois à quatre ans.
Actuellement, sa production tourne d’une année à l’autre, autour des 400 000 tonnes de bobines d’aluminium. Ce fut parfaitement le cas en 2012, avec 403 000 tonnes au compteur au 31 décembre. En 2011, le site avait atteint un record de 420 000 tonnes.
De la baisse, il ne faut pas tirer de conclusion inquiétante, souligne Raphaël Thévenin. « Elle résulte avant tout de répartitions de charges de travail entre différentes usines du groupe. Nos deux principaux marchés, la boîte-boisson et les tôles pour l’automobile, restent porteurs. ».
La boîte-boisson continue de progresser en Europe, même si la saison d’été 2012 a été moins euphorique que ne le laissait présager la succession de deux événements sportifs majeurs, l’Euro de foot et les JO de Londres, qu’on sait propices à la consommation de canettes. Au contenu pas toujours formé de jus de fruit ou d’eau gazeuse…
Les professionnels de l’emballage métallique (aluminium et acier) tablent sur une croissance de 4 à 5 % cette année sur le Vieux continent. Avec une pointe en particulier pour les boissons énergétiques, dont la consommation augmente de 10 % par an.
« Au niveau géographique, l’Europe de l’’Est qui nous avait boostés en 2011 a été plus calme l’an dernier. La Russie, notamment, a adopté une règlementation plus stricte sur la bière. Mais nous avons trouvé un relais de croissance en Scandinavie, où s’observe un transfert du verre vers la boîte alu », relate le directeur commercial.
Le métal grignote le verre et le PET
Le marché allemand recule un peu, mais la France connaît une hausse de 1,7 %.
« Dans l’Hexagone, le métal grignote des parts respectivement à la bouteille en verre pour la bière et au PET pour les sodas. Même s’il est vrai que cette évolution bénéficie en premier lieu à l’acier », poursuit le manager de Constellium.
Quant aux tôles pour l’automobile, on pourrait penser qu’elles pâtissent du marasme du marché. Tel n’est pas le cas. « L’aluminium équipe les modèles haut de gamme, en premier lieu ceux des constructeurs allemands. Or ce segment n’est pas affecté par la crise », rappelle Raphaël Thévenin.
Dans ce contexte, le site stabilise ses effectifs à 1 400 salariés permanents.
Pour produire ces 400 000 tonnes, il utilise de la matière aluminium vierge, ses propres rebuts et fait appel à l’aluminium recyclé pour un total de 300 000 tonnes annuelles en provenance de deux grandes origines : les chutes de production de clients et les canettes usagées triées à partir de la collecte sélective des ménages.
Ces volumes de sources externes sont appelés à monter. D’abord parce que la production finale du site devrait augmenter. Mais ce n’est pas la seule raison. L’usine travaille aussi à réduire au maximum ses rebuts. Et elle veut prendre sa pleine part à l’objectif européen de faire passer de 67 à 80 % le taux de recyclage des vieilles canettes en 2020.
Après avoir changé plusieurs fois de propriétaire en quelques années, l’usine anciennement dénommée Rhénalu semble avoir stabilisé son actionnariat.

Depuis deux ans, le groupe Constellium est contrôlé à 51 % par le fonds américain Apollo, le solde de capital se répartit entre le groupe minier Rio Tinto, son ancien propriétaire (39 %) et le FSI (Fonds stratégique d’investissement) entré à hauteur de 10 % pour peser sur l’avenir de cet acteur industriel venu de Pechiney.
Constellium emploie 9 000 salariés pour un chiffre d’affaires 2011 (dernière publication à ce jour) de 3,6 milliards d’€.
Parmi ses actifs se trouve l’usine de Saint-Florentin dans l’Yonne, mais plus pour longtemps : il a annoncé début mars avoir reçu une offre ferme du fonds d’investissement OpenGate Capital pour son rachat en même temps que le site de Ham, dans la Somme.
Photos : Constellium.