Les usines Claas France de Woippy (Moselle) ne pouvaient trop tarder à reprendre la production de ramasseuses-presses utilisées pour former les fameuses balles rondes ou carrées actuellement visibles dans les champs. Les mesures strictes anti-Covid-19 mises en place en bonne intelligence avec les représentants des salariés, ont permis une reprise sereine sur le site qui emploie 345 salariés et 101 intérimaires.
Sur le parking des usines Claas France à Woippy, dans l’agglomération de Metz, un opérateur enfile méticuleusement le bleu de travail sorti du coffre de son véhicule avant de prendre la direction de son poste. Cette scène plutôt inhabituelle illustre l’obligation faite aux 345 salariés et 101 intérimaires de ce fabricant de machines agricoles d’intégrer les mesures barrières anti-coronavirus.
La fermeture des vestiaires n’est pas l’unique aspect. Impossible en effet de pénétrer à l’intérieur des locaux sans passer par un local en vue d’une prise de température, d’une désinfection des mains et de la remise de deux masques antiprojections pour la journée.
Quelques mètres plus loin, une remorque frigorifique stocke des bouteilles d’eau minérale que les personnels emportent à leur poste, car certaines zones de pause sont inaccessibles et les fontaines à eau sont condamnées. A l’entrée des 33.000 m² d’ateliers, la pointeuse est barrée de rubans rouges et blancs, remplacée par un contrôle de présence par les personnels d’encadrement.
A l’intérieur, les opérateurs des deux chaînes de montage ne se croiseront pas. Des décalages ont été organisés entre les prises de poste. Pour la pause déjeuner, les personnels sont autorisés à manger à leur poste de travail à titre exceptionnel, en raison de la fermeture du restaurant d’entreprise. Et ils ont la possibilité de commander des paniers pique-nique.
Les usines Claas France de Woippy (103 millions d’€ de chiffre d’affaires) se sont réorganisées de A à Z pendant ses six semaines d’arrêt, afin de permettre une reprise le 27 avril dans des conditions optimales, puis une montée en charge au cours du mois de mai. Sa production de ramasseuses-presses ou « botteleuses » destinées à un marché mondial ne pouvait souffrir d’une trop longue interruption.

Les lignes de cette entité quasi autonome du groupe allemand Claas (11.400 salariés) tournent uniquement du mois d’octobre à la mi-juillet pour répondre à la demande d’un marché très saisonnier. « Covid ou pas Covid, la saison des moissons avait démarré et il apparaissait essentiel pour nos clients de pouvoir nourrir le bétail en vue d’assurer l’alimentation des populations », détaille Cédric Zimoch, le directeur industriel du site de Woippy.
Pendant l’arrêt de la production, Claas a bien évidemment eu recours au télétravail et au chômage partiel. Toutefois, sept salariés ont été maintenus en activité sur la base du volontariat, afin d’assurer les parties retouches et expéditions. Résultat, 455 machines ont pu être livrées pendant la période de confinement.
Direction et partenaires sociaux main dans la main

La reprise a été pilotée en bonne intelligence avec les partenaires sociaux. « Direction et partenaires sociaux se sont serrés les coudes ! Nous avons créé un groupe de discussion Whatsapp avec nos trois délégués syndicaux afin de faire quotidiennement le point sur la situation. Une visite d’usine a également été organisée en leur présence en vue d’assurer une reprise en toute sécurité », insiste Alexandre Lang, le responsable RH. L’envoi aux salariés, par l’ingénieur sécurité, d’un courriel accompagné d’un lien vers une vidéo expliquant les mesures barrière a permis de lever les inquiétudes sur les conditions de retour.
Les salariés ont été majortairement au rendez-vous. Le taux d’absentéisme lié aux personnes vulnérables et aux arrêts pour garde d’enfants avoisine 13%, un chiffre qualifié de « correct » par la direction. « Pendant les trois premières semaines de reprise, nous avons accepté d’abaisser notre rythme de fabrication de 10 à 8 presses à balles par jour pour laisser le temps aux opérateurs de se familiariser avec les nouvelles mesures sanitaires. Depuis mai, nous sommes à 12 machines par jour. Par ailleurs, nous maintenons un niveau de productivité dégradé dans la mesure où deux opérateurs supplémentaires ont été positionnés sur chacune de nos deux lignes d’assemblage. L’enjeu est aussi de garantir une qualité irréprochable », poursuit le responsable des ressources humaines.
Afin de préparer le redémarrage, la direction avait négocié dès l’arrêt de l’usine, le 17 mars, un accord sur le temps de travail avec les représentants des salariés. Outre l’obligation de poser des jours de congés ou de RTT pendant la période de fermeture, cet accord a entériné la possibilité de travailler 8 samedis supplémentaires à la reprise.
Selon les produits et les marchés, Claas anticipe une baisse de 5 à 10% de son volume annuel global pour l’exercice 2019-2020 qui se clôture fin septembre.