RECYCLAGE. Rattrapée par l’urbanisation environnante sur son site historique à Cernay (Haut-Rhin), l’entreprise familiale de traitement de déchets a inauguré fin mai sa nouvelle installation de 9 hectares.

Un investissement de 7 millions d'€ propice à l’expansion et à la complexification de son métier.

Un nouveau défi pour la 3ème génération aux commandes d’un récupérateur bien connu dans dans le Haut-Rhin et le Nord de la Franche-Comté.

Cliquez sur les photos pour les agrandir.

L’atmosphère de cette inauguration était sympathique, mais un peu classique. Jusqu’au moment où Patrick Girardey, le président du directoire de Cernay Environnement et de sa filiale Alsadis, a appelé un à un les 35 salariés à monter sur scène pour entourer son père Jean, récipiendaire de la médaille du Travail de 40 ans.

L’émotion est devenue alors palpable, authentique. Elle a donné réalité au concept souvent galvaudé d’entreprise formant une «grande famille».

En énumérant les fonctions de chacun, Patrick Girardey a sans doute fait découvrir à plus d’un invité combien la récupération des déchets aujourd’hui ne se résume pas à pousser la benne dans le camion.

Dans les rangs de la PME, on compte des chalumistes, des dépollueurs de voitures (les VHU, véhicules hors d’usage), des opérateurs spécialisés pour actionner une énorme cisaille de métaux ou un broyeur de bois.

«Le déchet était vu habituellement comme une saleté à cacher, il est à présent considéré comme une ressource à exploiter», rappelle Patrick Girardey.

L’entreprise incarne cette métamorphose. Comme tant d’autres toujours en vie ou disparues, elle a commencé en 1956 par le ramassage en carriole, village après village, d’objets en tous genres : peaux de lapin, ferraille, textiles.

Un joyeux désordre que l’Alsacien synthétise dans le terme «alt issa und lump », plus large que «la vieille ferraille et le chiffon», sa traduction littérale.

Collecte dans le Haut-Rhin et le Nord de la Franche-Comté

A l’époque, le grand-père maternel Reiter était aux commandes. Il a fait évoluer l’affaire. Son gendre Jean Girardey l’a reprise en 1976, puis le flambeau a été transmis au début des années 1990 à Patrick.

Depuis, celui-ci mène la barque vers les nouvelles exigences de qualité et de réglementation dans la collecte et le traitement, la traçabilité, l’élimination des déchets industriels banals (rebaptisés Déchets non dangereux, DND) et des déchets industriels spéciaux, les DIS (rebaptisés déchets dangereux) dont s’occupe spécifiquement la filiale Alsadis.

Le récupérateur de Cernay traitait 15 000 tonnes il y a vingt ans. Ces dernières années, il atteint les 40 000 tonnes correspondant à 15 millions d’€ de chiffre d’affaires. Les volumes se décomposent en 40 % de métaux, 40 % d’autres déchets banals (papier, carton, plastique, bois) et 20 % de déchets spéciaux.

Ils sont collectés pour l’essentiel dans le Haut-Rhin et le Nord de la Franche-Comté. Les clients se recensent dans la chimie, la pharmacie (Novartis), la mécanique, le BTP… EDF lui a également confié la gestion sur site des déchets non-nucléaires de la centrale de Fessenheim.

Pour leur nouveau site, Cernay Environnement et Alsadis ont investi 7 millions d’€. Leur installation optimise l’accueil et le traitement des déchets.

Il redonne vie à un terrain laissé à l’abandon il y a six ans par l’équipementier automobile Dalphimétal, même s’il ne compense pas en emplois : 35 créés d’un côté, 190 détruits de l’autre.

Certains pourraient sourire en entendant Patrick Girardey citer la célèbre formule de Lavoisier, «rien se perd, rien ne se crée, tout se transforme», évoquer les «valeurs» et la «vision avant-gardiste du métier de recycleur», en somme parler de son activité comme s’il s’agissait d’une technologie de pointe.

Mais le discours est sincère, il porte une vraie conviction. Avec Cernay Environnement et Alsadis, l’image de l’entreprise de déchets change.

Photos: Christian Robischon et Cernay Environnement.

Commentez !

Combien font "7 plus 4" ?