TEXTILE/FRANCHE-COMTÉ. A son apogée, World Tricot, à Lure en Haute-Saône, a employé jusqu'à 100 salariés. Le procès intenté à Chanel pour contrefaçon a eu raison de ce succès.

Carmen Colle tente de revivre l'aventure avec World Tricot Création SAS, mais elle cherche une solution pour acquérir l'atelier qui l'abrite.

 

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World Tricot a créé sa propre marque de prêt-à-porter.

 

« C'est très difficile », concède Carmen Colle, la fondatrice de World Tricot, devenue World Tricot Création après la liquidation judiciaire prononcée en 2010. Difficile au point qu'elle évite de préciser le chiffre d'affaires de la SAS relancée en 2012, avec le soutien de huit industriels de Bourgogne, membres du réseau Bourgogne Angels entrés au capital à hauteur de 50%.

 

World Tricot, née à Lure (Haute-Saône) au début des années quatre-vingt-dix, a compté, au faîte de son existence, jusqu'à 100 salariés (en 2000) et un chiffre d'affaires de 2 millions d'€ (en 2005). Le procès intenté et gagné contre Chanel (lire ici l'article de Traces Ecrites News) pour contrefaçon a eu raison de la bonne santé de la société.

 

« Incident de parcours », indique sobrement le site Web de la nouvelle entreprise. Car Carmen Colle n'est pas femme à baisser les bras. Ne s'est-elle pas lancée dans l'aventure poussée par l'indignation : celle de voir les femmes exclues du monde du travail et subir l'appauvrissement ?

 

Des marchés de niche

 

World Tricot s'est développée sur le savoir-faire ancestral de ces femmes en tricot et en maille. Mais en le mettant au service de la création et de l'imagination des grands couturiers. « On a toujours détourné la matière première », expliquait-elle aux responsables d'entreprises lors du dernier déjeuner du Club Affaires de l'Aire urbaine Belfort-Montbéliard, vendredi 27 mars.

 

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Carmen Colle, la fondatrice de World Tricot. ©Pierre-Yves Ratti

 

Carmen Colle tente de relancer la société sur les mêmes principes. Elle espère décrocher à nouveau des contrats de sous-traitance, mais la solidarité entre donneurs d'ordre du luxe semble solide. Aussi, a t-elle lancé sa propre marque, Angèle Batist : une marque de prêt à porter haut de gamme, 100% française. Et un made in France qui n'est pas galvaudé : la qualité du matériau et le savoir-faire des ouvrières luronnes sont là pour le garantir.

 

Parallèlement, elle explore des marchés de niche, comme le secteur médical ou les vêtements pour handicapés. « La maille offre plus de résistance que les autres tissus et cela ouvre des possibilités », explique-t-elle.

 

Jamais dépourvue de projets, la chef d'entreprise a toujours à chœur de lancer un centre de formation interne qui pourrait aboutir prochainement, grâce à des contacts avec une école de Lausanne. « Nous disposons d'une base de données unique sur la maille. C'est un patrimoine inestimable sur lequel nous devons nous appuyer. »

 

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Dans l'atelier de Lure.

 

L'écueil que doit aujourd'hui éviter Carmen Colle est celui de l'immobilier. Que ce soit avec l'aide des collectivités ou d'un investisseur, il lui faut trouver 520 000 € pour acquérir l'atelier qui lui permettrait d'assurer durablement le développement de la société.

 

Une étape sine qua non sur laquelle Carmen Colle revient sans cesse : « Le secteur reste porteur, mais il nous faut franchir cette étape. » Mais elle reste optimiste : « J'ai commencé avec rien », rappelle-t-elle.

4 commentaire(s) pour cet article
  1. Sylvaine Royedit :

    Madame, Originaire du territoire de Belfort, j'ai souvent traversé Lure. J'ai admiré votre travail dans un récent reportage, et je voudrais vous adresser une modeste contribution (30 euros). mais surtout pas sur Internet. Pouvez-vous me donner une adresse pour que je puisse vous l'envoyer par chèque. Bon courage Madame, je vous souhaite de tout coeur de réussir...

  2. murielledit :

    Lors du reportage, j'ai pu admirer vos créations et j aimerais savoir si vous vendez en ligne ou dans quels magasins peut-on les acheter.

  3. PANFIdit :

    J'ai vu votre reportage avec JP.PERNAULT CE JOUR et je souhaiterais savoir si vous allez faire un site Internet car vos créations m'ont parues très belles mais ou peut on les trouver?

  4. Liliane Vandueledit :

    J'ai vu un reportage il y quelques années, une belle réussite auprès de grands couturiers, mon rêve, des personnes compétentes, de la belle création. J'adore regarder les créations de tricots ou crochets, des filles d'Ukraine c'est fabuleux. Je ne pensais pas que c'était aussi important ! j'ai lu des articles dans les journaux, d'orgue aussi à Auch. Enfin je suis sans le vouloir ce beau parcours , mais comment aider ? C'est énorme je ne peux qu'offrir une Passap E6000... maigre non ? j'ai un magasin de laines, j'essaie de trouver de beaux produits et créer aussi humblement des vêtements, pas facile, bon aurai-je une réponse ? Ce projet doit devenir une réalité, vraiment je le souhaite. "Les mains d'or" doivent continuer !

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