CONNECTIQUE/FRANCHE-COMTÉ. Spécialisée dans les switches pour différents marchés mais aussi dans les connecteurs pour l’aérospatial, l’entreprise de Dole (Jura), leader européenne dans cette famille de produits, vient d’être homologuée par la Nasa.
L'entreprise, aujourd'hui propriété du fonds Little John, commence à prospecter le vaste marché d’outre-Atlantique : ses nouveaux produits pour satellites devraient lui faciliter la tâche.
A Dole (Jura), où elle est redevenue une entreprise indépendante en 2007 (voir encadré), l’entreprise C&K Components conçoit et produit 500 millions de switches par an, pour les marchés de l’automobile, du médical, de l’avionique, de l’électricité ou de l’industrie.
Dans les vastes ateliers de la zone industrielle Nord, une trentaine de machines d’assemblage totalement automatisées assurent la fabrication de ces boutons tactiles qui iront équiper les tableaux de bord de l’Airbus A320, A340 ou A380, les clés de voiture, lève-vitres, commandes de climatisation ou encore boutons de coffres des voitures allemandes.
« Nous travaillons avec les donneurs d’ordres mais pas avec les clients finaux, et nous ne savons pas toujours exactement où se trouvent nos 500 millions de switches », explique en souriant Rémi Antoine, chef de produit. « Mais dans l’avionique, nous sommes vraiment reconnus pour notre PBA, qui signifie “push button avionic” ».
Parallèlement à cette activité industrielle totalement intégrée - composants, outillages, machines et traitement de surface par galvanoplastie sont réalisés en interne -, qui représente 80% de l’activité, la PME doloise est spécialisée dans les lecteurs de cartes à puce et développe aussi son autre produit historique, celui des connecteurs pour les satellites.
Ce marché du spatial, C&K Components l’a hérité d’ITT, le groupe américain auquel l’entreprise a appartenu entre 1974 et 2007. Pendant la période ITT, l’usine de Dole fut la seule unité dédiée au marché des connecteurs spatiaux, un secteur d’activité aujourd’hui prometteur pour cette entreprise qui, depuis la crise de 2008, tient plus que jamais à exister sur plusieurs marchés parallèle.
C’est d’ailleurs cette stratégie de diversification qui permet à C&K d’afficher un chiffre d’affaires stable, à 133 millions d’€ (dont plus de 70% à l’export).
L’activité connecteurs, une sorte d’usine dans l’usine

Dans la petite ville jurassienne, son siège, l’entreprise emploie 450 personnes, auxquelles s’ajoute le millier de salariés de Huizhou, en Chine, le second site de production C&K depuis 4 ans qui dessert aussi le marché mondial.
« Comme celui de Dole, celui d'Huizhou est totalement intégré avec design, fabrication de produits et moyens de production », explique Philippe Duchâtel, directeur marketing. C&K dispose aussi d’un bureau d’études et de vente aux Etats-Unis, pour le développement du marché américain, et d’un bureau commercial en Chine.
L’aérospatial représente aujourd’hui 8% du chiffre d’affaires mais C&K, qui occupe une place de leader européen dans la famille de produits des connecteurs pour satellites, estime avoir une belle marge de progression. Ses connecteurs permettent aux caméras, antennes ou batteries embarquées de communiquer entre elles et équipent la plupart des satellites européens : Galiléo, Gaia, Philae et demain Iridium, Exomars et les satellites météo de troisième génération.
A Dole, l’activité connecteurs est une sorte d’usine dans l’usine, estime Philippe Duchâtel. « Les moyens R&D et la logistique sont communs aux deux activités, switches et connecteurs, mais elles disposent chacune d’équipes dédiées. » Ici sont fabriqués 50 000 connecteurs par an et l’activité, essentiellement manuelle, est appelée à se développer.
C&K Components, qui est certifiée ESA (aérospatial européen) depuis 1981, s’est vue reconnaître la certification américaine de la Nasa début 2015. Le marché américain pourrait bien s’ouvrir à la PME doloise, qui vient de lancer la commercialisation d’un nouveau produit, le « space splice » (épissure spatiale), lequel doit permettre aux opérateurs spatiaux de gagner un temps précieux.
Un nouveau produit pour lequel elle n’a pas de concurrent et qu’elle aimerait voir devenir un standard. Une autre innovation devrait suivre, en cours de qualification ESA : un connecteur à encliquetage, baptisé Fast locking. A suivre…

De Jeanrenaud à C&K Components
Créée à Dole en 1928, l’entreprise Jeanrenaud s’était dès le départ spécialisée dans les commutateurs électromécaniques, les premiers switches, ou boutons tactiles. Dès le départ aussi, Jeanrenaud a fabriqué des connecteurs.
L’entreprise fut rachetée en 1974 par le groupe américain ITT, qui reprit ensuite C&K Components, en 2000, une autre entreprise américaine fondée en 1957. Mais en 2007, ITT décida de se séparer de la division switches, basée à Dole, qui redevint alors une entreprise indépendante et choisit de reprendre le nom de C&K Components.
En 2011, le fonds Little John rachetait Comax Industrial Co. Ltd., à Huizhou (Chine), devenu C&K Components Asia où sont fabriqués exclusivement des switches et sous-ensembles, « pour des produits à prix compétitif », indique Rémi Antoine.
Photos fournies par C&K Components.