Pendant la trève des confiseurs, et la pause de la rédaction, nous vous proposons de retrouver quelques entreprises qui ont fait l'actualité depuis la rentrée 2021. En quelque sorte, un Best Of, comme nous avions l'habitude, avant Covid, de réaliser une fois l'an sous forme d'un magazine. Aujourd'hui, Hampiaux à Nancy, le dernier fabricant français de matériel de soudage au gaz bénéficie de l’impulsion d’Alexandrine Charonnat, sa jeune directrice générale, qui a fait découvrir un de ses chalumeaux cet été à l’Elysée.
ARTICLE DÉJÀ PUBLIÉ LE 1ER SEPTEMBRE 2021. Un chalumeau coupeur de la marque « Le Lorrain », utilisé par l'armée, a brillé sous les ors du palais de l’Elysée l'été dernier, à la deuxième édition de La Grande Exposition du Fabriqué en France. Utilisé par l’Armée, cet outil de haute précision est fabriqué par la société Hampiaux à Nancy (Meurthe-et-Moselle). « Fabriqué en France, c’est encore possible, mais cela suppose d’être innovant, d’apporter du service et de l’expertise » résume Alexandrine Charonnat, directrice générale de Hampiaux.
La visibilité offerte par cet événement de portée nationale vient récompenser l’engagement de cette entrepreneure de 37 ans. Elle a pris les rênes de l’entreprise acquise dans les premières heures de la pandémie par son père Thierry Chapusot, le président de la coopérative de pharmaciens Welcoop à Nancy. Dix-huit mois plus tard, tous les voyants sont au vert pour celle qui estime avoir vécu « une intégration accélérée » du fait de la situation sanitaire.
La PME de 34 salariés, dernier fabricant français de matériel de soudage au gaz, a bouclé son dernier bilan au 30 juin dernier avec un chiffre d’affaires à 9 millions d’€, en hausse de près d’un tiers. Le premier confinement avait à peine affecté son exercice précédent (-5%).
Mini chalumeaux en joaillerie, maxi en déconstruction

Chez Hampiaux, l’enthousiasme des salariés à faire découvrir leurs savoir-faire n’a d’équivalent que l’ambition d’Alexandrine Charonnat de doubler l’activité d’ici à cinq ans. Les opérateurs fabriquent chalumeaux, raccords rapides et systèmes de détente et de distribution du gaz de A à Z ; exception faite des opérations d’assemblage sous-traitées dans l’agglomération de Nancy. Entre leurs mains passent aussi bien des mini chalumeaux utilisés en joaillerie que des modèles XXL employés sur les chantiers de déconstruction.
Le nouveau plan stratégique de la société est fondé sur deux piliers, la diversification et l’export. Il vise à renforcer ses positions en Europe, cibler l’Afrique du nord et l’Afrique subsaharienne, mais également le Canada. A côté de ses marchés traditionnels (métallurgie-sidérurgie et chantiers navals), l’entreprise détentrice de quatre brevets veut également se diversifier dans le secteur du chauffage-ventilation-climatisation, voire de l’œnologie ou encore du médical. « Partout où il y a du gaz conditionné, il y a besoin de détendeurs », pointe la directrice générale. Les connexions de la famille Chapusot dans la santé – via la coopérative de pharmaciens Welcoop – pourraient lui ouvrir des portes.
Pour Alexandrine Charonnat, le seul frein au développement demeure la hausse des matières premières, mais elle avait pris les devants dès septembre 2020, détectant une hausse du cours du cuivre qui entre à 60% dans la composition du laiton. « Nous sommes avantagés par le fait d’acheter les barres de laiton sans intermédiaire et d’avoir anticipé en acquérant des lots de 24 tonnes, contre 4 tonnes auparavant. » La directrice générale table cependant sur cinq années de tension sur les prix. « Car la demande en cuivre augmente avec la montée en puissance de la mobilité électrique », précise t-elle.

Diplômée en relations internationales et marketing, la directrice générale de Hampiaux a travaillé pendant dix ans chez Pharmagest Interactive, une société cotée du groupe Welcoop que préside son père dans l’agglomération nancéienne. Elle y a notamment occupé le poste de directrice du programme e-santé. « Notre famille est animée par la volonté d’entreprendre. L’idée de reprendre une société familiale et de faire perdurer un savoir-faire à Nancy m’a séduite. Au fond, la gestion d’une PME industrielle n’est pas si différente de celle d’un programme d’innovation : Il est important de cultiver un regard neuf et de ne pas se mettre de barrières », détaille Alexandrine Charonnat.
La nouvelle dirigeante trentenaire s’est prise de passion pour le soudage au gaz, qui « contrairement au soudage à l’arc ne nécessite pas d’alimentation électrique », aime-t-elle à rappeler.