Cave du premier domaine bourguignon de Vincent Sauvestre à Monthelie (Côte de Beaune), où tout a commencé.
Cave du premier domaine bourguignon de Vincent Sauvestre à Monthelie (Côte de Beaune), où tout a commencé.

VIN. D’une petite société familiale de négoce en vins, Vincent Sauvestre a bâti en un quart de siècle un groupe viticole qui rayonne sur tous les terroirs bourguignons.

Homme d’affaires avisé, ce "vigneron" exploite aujourd’hui 200 hectares, de Chablis à Mâcon, finalise un programme d’investissement de 13 millions d’€ dans l’un de ses outils de vinification et lance une ambitieuse stratégie à l’exportation.

Regard sur une étonnante réussite bachique.

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Il aura fallu patienter dix longues années avant de pouvoir enfin rencontrer Vincent Sauvestre, le P-DG vigneron de Béjot Vins et Terroirs (160 personnes, 45 millions d’€ de chiffre d’affaires), implanté à Meursault, en Côte-d’Or. Dix longues années avant que cet homme d’une grande discrétion explique son modèle économique.

« Il me fallait être légitime, peser un certain poids et atteindre une qualité de production optimum avant de céder aux sirènes de l’information », confesse-t-il. C’est aujourd’hui chose faite.

Tout commence il y a 25 ans par l’achat et la location de terres viticoles. Déjà à Chablis, puis au gré des opportunités, en Côte de Beaune et de Nuits, en Côte chalonnaise et dans le Mâconnais.

Sans compter l’acquisition des maisons de négoce côte-d’oriennes : Moingeon (crémant), Chartron et Trébuchet ou encore Moillard.

Siège de l'entreprise et ses façades de verre qui se reflètent sur le vignoble de Meursault.
Siège de l'entreprise et ses façades de verre qui se reflètent sur le vignoble de Meursault.

Les pieds ancrés dans les vignes

«  Nous exploitons en propre, avec nos 60 vignerons salariés, 200 hectares qui représentent un tiers de nos ventes et pour le reste, nous nous approvisionnons auprès de viticulteurs sous contrat », explique Vincent Sauvestre.

Il lui fallait bien tout cela pour s'ancrer les pieds dans les vignes, et comme c’est la tradition en Bourgogne, être accepté et reconnu de ses pairs.

Certaines vieilles familles beaunoises à la généalogie longue comme le bras rechignent toutefois à intégrer ces « après-guerre (*) » qu’elles considèrent comme des parvenus, des faiseurs, presque des « arrivistes (**) ».

S’il le regrette sans l’avouer, cet homme de 52 ans n’en a cure et prépare surtout l’avenir. Il boucle un investissement de 13 millions d’€ à Meursault, siège du groupe et principale unité de vinification (***) réservée aux vins de négoce.

11 000 nouveaux m2 portent la capacité à 55 000 hectolitres et bénéficie progressivement d’un outil industriel dernier cri. Une boutique ouvrira même en mars pour capter l’important flux touristique printanier et estival.

cave50% du marché des bourgognes au Danemark

Vincent Sauvestre regarde aussi au-delà des frontières. Contrairement à beaucoup de ses confrères, il commercialise principalement ses vins en France (65% des ventes), mais se taille tout de même la part du lion dans certains pays étrangers.

Au Danemark, la moitié des vins de bourgogne importés porte sa marque et au Japon, ses Chablis plaisent de plus en plus aux consommateurs.

« Ce n’est toutefois pas suffisant, aussi je recrute un nouveau commercial pour l’Angleterre et nous voulons embaucher quelqu’un aux Etats-Unis pour nous fédèrer un vrai réseau de distribution », souligne le dirigeant.

Virginie Valcauda, sa dernière recrue, responsable du marketing et de la communication, est là pour l’épauler dans cette nouvelle conquête. « Nous mettons au point avec nos quatre oenologues une gamme premium courte de 10 à 15 appellations qui sera notre signature à l’international », argumente la jeune femme.

D’ici à cinq ans, Béjot Vins et Terroirs escompte réaliser 50% de son activité à l’exportation.

(*) Après la seconde guerre mondiale.

(**) « Qu'est-ce qu'un arriviste? Un futur arrivé. » Jules Renard.

(***) Béjot Vins et Terroirs en exploite cinq autres en Bourgogne et une dans le midi de la France pour produire des vins bio.

Vincent Sauvestre, P-DG de Béjot Vins et Terroirs.
Vincent Sauvestre, P-DG de Béjot Vins et Terroirs.

Qui est Vincent Sauvestre ?

Un Bourguignon pur jus de la vigne. D’ailleurs, la carte de visite de cet homme de 52 ans ne porte qu’une seule qualité : vigneron.

Petit-fils de caviste, fils de négociant et époux d’une fille de viticulteur, il est aussi un redoutable négociateur.

C’est à la force du poignet que ce grand gaillard, titulaire d’une maîtrise de gestion et d’un DESS en droit du vin et de la vigne, a monté un groupe viticole florissant, possédant 25 millions d’€ de fonds propres et affichant un résultat net annuel qui frise les 5%.

La bonne santé de son affaire doit aussi beaucoup au style de management qu’il insuffle. Proche de ses collaborateurs, direct dans ses remarques, « juste dans ses reproches », Vincent Sauvestre tient lui-même à faire passer tous les entretiens annuels d’évaluation.

En Bourgogne, comme dans les Côtes du Rhône et en Provence, où cet infatigable développeur s’est offert peu à peu un domaine de 300 hectares. Une grosse poire pour sa large soif !

Crédit photos : JB Avril.

1 commentaire(s) pour cet article
  1. Vincent Clausdit :

    Belle réussite de cet homme qui a su s’entourer et driver ses recrues avec toute la ténacité et le pragmatisme qu’on lui confère. La France manque d’entrepreneurs de ce gabarit, et pourtant sans passer par la case EM ou HEC mais une maîtrise de gestion. Bel exemple

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