La biotech basée à Illkirch-Graffenstaden compte parmi les acteurs mondiaux de la thérapie cellulaire. Afin de poursuivre sa croissance, elle a investi 12 millions d’€ dans un nouveau bâtiment, toujours à Illkirch où elle finit de s'installer en octobre. Et envisage des opérations de croissance externe aux Etats-Unis ou en Asie.


Ce n’est pas de la science fiction, mais simplement la médecine du futur ! Polyplus-Transfection à Illkirch, près de Strasbourg, est reconnue mondialement dans le domaine de la transfection : c’est le processus qui permet d’amener l’ADN dans les cellules pour moduler l’expression d’un gène. Les gènes sont remplacés, inactivés ou introduits dans les cellules afin de traiter une maladie. On appelle cela la thérapie génique ou cellulaire.

Polyplus-Transfection évolue sur ce marché très prometteur mais encore très jeune. Aujourd’hui, seule une dizaine de médicaments de ce type sont autorisés sur le marché. Dont le médicament le plus cher du monde, le Zolgensma de Novartis, à 2 millions de dollars la dose ! Un prix qui s’explique par des procédés de fabrication très coûteux.


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La biotech travaille justement à réduire ces coûts de production « Grâce à nos innovations, nous sommes capables d’augmenter le rendement de la transfection. Nos agents de transfection permettent d’augmenter la productivité par deux et donc diviser le coût de fabrication du médicament d’autant », assure Mario Philips, PDG.
Le repreneur en novembre 2020 de la société née vingt ans plus tôt dans les laboratoires de l’Université de Strasbourg, est confiant. Selon lui, 40 milliards de dollars ont été investis durant les trois dernières années dans le domaine des thérapies géniques, 300 molécules sont en cours de développement, et 5 à 10 nouveaux médicaments devraient entrer sur le marché dans les 10 à 15 prochaines années.

Aujourd’hui, la biotech alsacienne fait la course en tête. « Nous sommes le leader mondial dans le domaine des thérapies géniques avec plus de 60% de parts de marché », affirme le PDG. Pour conserver cette première place, Polyplus-Transfection a investi 12 millions d’€ dans un nouveau bâtiment de 3.600 m2 (contre moins de 1.000 m2 actuellement), toujours à Illkirch-Graffenstaden, dans le Parc d’innovation. Les fonctions administratives et financières de l’entreprise y ont déjà emménagé cet été, la production et les laboratoires déménageront en octobre.



Poursuivre le développement à l’international

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© Shutterstock

 

L’objectif est d’accroître les capacités de la R&D et de la production de 300 % et continuer à embaucher des nouveaux talents. En 2019, Polyplus-Transfection comptait une cinquantaine de salariés et d’ici la fin de l’année, l’effectif devrait s’élever à 130 collaborateurs. Elle ne communique pas son chiffre d’affaires, seulement la part à l’export hors Europe qui représente 70%.

La biotech veut aussi poursuivre son développement à l'international. Elle possède une structure commerciale et logistique aux Etats-Unis et en Chine depuis le rachat en mars 2021 de Biowire. Cette société basée à Hong Kong, qui travaillait avec Polyplus-Transfection depuis dix ans, possède des bureaux à Shanghai, Pékin, Tokyo, Kobe, Séoul et Kuala Lumpur. 
Polyplus qui appartient aux fonds d’investissement Warburg Pincus et ArchiMed souhaite poursuivre son expansion à l’international par d’autres opérations de croissance externe. Selon le PDG, ces projets pourraient concerner des sociétés américaines ou asiatiques. « Les Etats-Unis sont aujourd’hui le plus grand marché des thérapies géniques », indique-t-il.

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L’autre ambition de la biotech est de développer ses capacités industrielles et ses volumes de production, une fois que les nouveaux traitements géniques obtiendront leur autorisation de mise sur le marché.
« Toutes les industries pharmaceutiques travaillent pour que leurs médicaments géniques soient proposés à un prix acceptable et pouvant être remboursés par les systèmes de soins. Il y aura de grandes avancées dans les cinq ans à venir », annonce Mario Philips.

Les thérapies géniques peuvent être utilisées pour traiter des maladies génétiques, des maladies rares mais pourraient aussi être très utiles pour lutter contre le cancer, le diabète et les maladies neurodégénératives comme Parkinson ou Alzheimer.

 

Qui est Mario Philips ?

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Diplômé de l’université de sciences appliquées de Gent et de l’Université internationale de Louvain (Belgique) en marketing, Mario Philips a démarré sa carrière chez Ankersmit en Belgique, puis a exercé des postes à responsabilité auprès de sociétés travaillant pour les industries pharmaceutiques et biopharmaceutiques, notamment ATMI LifeSciences et
Danaher Corporation, en Belgique, en Chine et aux Etats-Unis.
En 2019, il devient président du conseil d’administration du fonds d’investissement français ArchiMed spécialisé dans les industries de la santé. En novembre 2020, il prend la direction de Polyplus-Transfection, suite au départ à la retraite de l’ancien PDG. La biotech était née en 2001 au sein de l’Université de Strasbourg.
Photo fournie par l'entreprise

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