Idéale pour un week-end ou deux jours durant de cette semaine de vacances commune à nos deux régions Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est, la randonnée Avallon-Vézelay-Avallon emprunte le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle et les sentiers du Parc Naturel Régional du Morvan. Découverte de la ville d’Avallon par la vallée du Cousin, et de Vézelay, haut-lieu de l’histoire, classé au Patrimoine Mondial par l’Unesco. Ce circuit débute à la gare SNCF d'Avallon.
Vézelay, la colline éternelle, du haut de ses 302 mètres, se mérite. Surtout les deux derniers kilomètres de son ascension quand on a déjà 20 km dans les jambes pour avoir choisi de faire, en deux jours, la boucle Avallon-Vézelay-Avallon (*), un classique des randonneurs. Pas besoin d’un grand entraînement, simplement de bonnes chaussures, un moral au beau fixe, des compagnons de marche agréables. Et… un logis à l’arrivée pour envisager dans de bonnes conditions, morales et physiques, le retour sur Avallon, le lendemain.
Vézelay est à la croisée des sentiers de randonnée, point de départ ou d’arrivée du chemin de Compostelle et sur le GR 13. Sa basilique, au sommet de la colline, se voit à des kilomètres à la ronde. C’est peut-être pour cela que les derniers kilomètres semblent interminables. Toute proche, elle est pourtant encore si inaccessible.
Près de sept heures plus tôt (pour des marcheurs moyens), rendez-vous était donné à la gare d’Avallon, à une soixantaine de kilomètres d’Auxerre. La prometteuse virée par la vallée du Cousin commence par une bonne mise en jambe à la sortie de la ville en descendant les traverses le long des jardins-terrasses qui ceinturent la ville fortifiée depuis le Moyen-Age. Puis, on longe la rivière en escaladant les rochers parfois glissants, et les racines recouvertes de mousse d’un sous-bois sauvage. On y croise, de l’autre côté de la rive, l'ancien moulin des Ruats devenu un hôtel-restaurant de charme.

Les flots de la rivière ont un bon rythme de croisière, hors saison estivale, jusqu’à Pontaubert, village plus charmant quand on le découvre à pied plutôt qu’en voiture. Il est la porte d’entrée du plateau qui forme un pallier avant la ligne d’arrivée à travers des prairies, des petits bois et des villages, comme Vault-de-Lugny et Domecy-sur-Le-Vaux. Les endroits ne manquent pas pour improviser un pique-nique ou faire une halte désaltérante. Nous y croisons à deux reprises trois jeunes parisiennes en mal d’air pur.

Asquins à 3 km de Vézelay par la route, apparaît après cette longue marche en pleine nature. Résister si près de l’arrivée, à la terrasse du café-tabac-brasserie Les Hirondelles, préférer une bouteille d’eau fraîche à la supérette. Ou la fraîcheur de l’église Saint-Jacques-le-Majeur (si elle est ouverte), inscrite sur la liste du patrimoine mondial tout comme sa plus connue voisine, la basilique Marie-Madeleine de Vézelay. Elle a bénéficié de cette distinction pour avoir été au Moyen-Age, le point de départ de l'une des quatre grandes voies du chemin de Compostelle.

Le Chemin de la Cordelle conduit au but, en frôlant la chapelle Sainte-Croix, ermitage franciscain créé par des compagnons de Saint-François-d’Assise au 13e siècle et qu’occupe aujourd’hui quelques moines qui accueillent volontiers les pèlerins pour une retraite ou une messe. C’est essoufflés que l’on arrive sur la petite place, sur le flanc nord, qui ouvre la vue sur la basilique Sainte-Marie-Madeleine. Ses bancs laissent le temps de goûter à cette superbe récompense. Tout immaculé par la réfection récente de ses façades, le monument a toujours ses portes ouvertes.


La visite de la basilique fait partie du relâchement nécessaire avant une douche salvatrice. Edifiée au 12e siècle, cette ancienne église abbatiale accueille les pélerins venus vénérer les reliques de Sainte-Marie Madeleine. Restaurée au 19e, elle fait partie des chefs d'oeuvre de l'art médiéval occidental appartenant au patrimoine mondial de l'Unesco. Puis un petit verre de blanc, de Vézelay bien entendu. Le vignoble ressuscité dans les années 1970 produit sur 70 ha une AOC toute récente (2017) Bourgogne Vézelay en chardonnay et quelques hectares sont plantés en pinot noir et melon, sans AOC.
Pour ceux qui aiment flâner, la grande rue de Vézelay, en pente, est jalonnée de charmantes boutiques d’artisans, de produits régionaux et de librairies-cadeaux. On peut aussi prendre le temps de visiter le musée Zervos installé dans la Maison de l’écrivain nivernais Romain Rolland qui abrite les plus belles pièces de la collection léguée à la ville de Vézelay par Christian Zervos, critique et éditeur d'art.

La cité est très animée les week-end de la belle saison, nous dit-on. Effectivement, un mariage faisait afficher complets tous les hôtels et chambres d’hôte et un défilé de voitures anciennes créait un embouteillage le jour de cette randonnée effectuée en septembre dernier. Chaque année, Vézelay accueille un million de visiteurs.
A défaut d’hôtel, l’hébergement chez les sœurs des Fraternités monastiques de Jérusalem dans l’une de leurs maisons, Saint-Bernard (**) sied bien à l’esprit des lieux. Les chambres sont spartiates mais reposantes. Il suffit de ne pas rechigner à faire et défaire les lits et donner un coup de balai en pensant aux occupants de la nuit suivante. Le petit déjeuner est servi sur réservation, sinon le café Le Vézelien, à deux pas, sait faire un bon déjeuner avec les croissants achetés à la boulangerie, un peu plus bas.

Le retour sur Avallon, par un autre itinéraire, réserve de belles surprises, sitôt la descente vers la vallée de la Cure. Le pied léger foule les premiers coteaux viticoles avec vue sur la basilique. Vézelay est l’une des quatre communes avec Asquins, Saint-Père et Tharoiseau (que le chemin de randonnée frôle quelques kilomètres plus loin) dont la vingtaine de vignerons eut la reconnaissance de la profession en accueillant en 2019, la Saint-Vincent tournante des vins de Bourgogne. Un chemin creux conduit quelques kilomètres plus bas, à la moins connue mais tout aussi majestueuse église de Saint-Père.

Du haut des ses 50 mètres (avec la flèche), elle n’a pas l’avantage de dominer une colline mais l’inconvénient d’être étriquée dans le bâti du village. Son fronton, raconte un écriteau à l’intérieur, a pu servir de modèle à celui de la basilique de Vézelay avec ses statues de plusieurs saints. La nef, comme chez sa voisine, est d’une sobriété « qui est un repos pour les yeux et ne peut qu’aider au recueillement », poursuit l’écriteau.
Chemin faisant, à travers le vignoble, les prairies, les champs cultivés, l’approche d’Avallon se signale par ses remparts au loin. L’entrée dans la ville, pour un rafraîchissement bien mérité, après une visite de la collégiale Saint-Lazard et la tour de l’Horloge, symbole touristique de la ville.

Au total, parce que la lecture sans erreur d’une carte IGN n’appartient qu’aux randonneurs chevronnés, que les marquages sur les sentiers peuvent être masqués par un feuillage, qu’un agriculteur peut faire du zèle en fermant un chemin avec un portail, les deux journées de randonnée ont affiché 37 km au compteur. Mais quels beaux souvenirs !





(*) L’itinéraire est décrit par plusieurs applications de randonnées sur Internet.
(**) Les Maisons d’accueil de Vézelay ont un site Internet de reservation, sinon trouver la soeur hospitalière dans les environs de la basilique n’est pas si compliqué. Le Centre-Sainte-Madeleine, dans la rue principale, est réservé aux Pélerins possesseurs du fameux carnet de route). Les maisons Saint-Bernard et Bethanie affichent des prix entre une vingtaine et une trentaine d'€ l’une selon la taille de la chambre.