Athéo Ingénierie entre dans le groupe OCI pour concrétiser sa stratégie d’expansion : conforter physiquement sa présence au-delà de l’Alsace, notamment en Bourgogne-Franche-Comté où l'entreprise a déjà une agence à Besançon et OCI, une à Dijon.
Deux Strasbourgeois du monde de l’informatique se marient. Au-delà de ces dénominateurs communs, leurs profils se complètent, plus qu’ils ne s’entrechoquent. Le racheté, Athéo Ingénierie (70 salariés, chiffre d'affaires de 23 millions d’€ en 2020) est « davantage un spécialiste qu’un médecin généraliste », compare son directeur général Dorian Nicoletti.
Il développe une expertise particulière dans la sécurisation des données (cybersécurité, stockage, maintenance…) qui lui a ouvert la clientèle du secteur public (hôpitaux, collectivités…) en sus de celle de l’industrie et du privé en général qui représente les deux-tiers de son activité.
L’acquéreur, OCI, est plus gros : il totalise 105 millions d’€ de chiffre d’affaires l’an dernier pour 720 salariés. Il déploie une offre globale dans le digital et le cloud, principalement orientée vers le segment des PME « que nous-mêmes ne savons que peu aborder » selon Dorian Nicoletti. Et il a essaimé dans pratiquement toute la France en tissant un réseau de 25 agences. Cette dernière caractéristique correspond à l’un des objectifs que s’était fixé Athéo, à savoir s’implanter physiquement au-delà de l’Alsace. L'entreprise est déjà présente en Bourgogne-Franche-Comté avec une agence à Besançon et le groupe OCI, une à Dijon. Cette localisation constitue aussi une tête de pont pour l'Ile-de-France.
Plus généralement, le fait de devenir filiale à 100 % du groupe OCI – la vente a été signée mercredi dernier 20 octobre pour un montant non communiqué – donne à Athéo Ingénierie l’occasion de concrétiser sa stratégie d’expansion sans devoir y consacrer les lourds moyens qu’elle envisageait, comme de la croissance externe ou la création de sociétés dédiées à certaines spécialités ou segments de clientèle.
« Dans notre univers, la différence entre l’avant et l’après-Covid est encore plus marquée que dans d’autres. Nous avons fait face à une augmentation exponentielle des demandes, pour la sécurisation des données en particulier. En conséquence, nous avons presque doublé nos effectifs, en passant de 40 à 70 collaborateurs en un an », relate Dorian Nicoletti.
Pourtant, intégrer un groupe ne faisait pas partie des perspectives à court terme des cinq associés cadres-dirigeants d’Athéo. « Quand une banque d’affaires est venue nous proposer de nous mettre en vente, nous n’étions pas intéressés », assure Dorian Nicoletti. Mais la rencontre avec OCI a bouleversé les plans. Les dirigeants des deux sociétés se connaissaient et « rapidement, on a fait le constat qu’on partageait un même ADN », rapporte celui d’Athéo Ingénierie.

Dorian Nicoletti, 47 ans, raconte avoir été gagné dès l’adolescence par le virus de la vente, s’étant livré déjà à ce moment à de l’import/export. Après un CAP en arts graphiques, il a rejoint une filière générale jusqu’à bac + 2 puis est entré dans l’univers de l’informatique. Il s’y est « formé à deux écoles », dit-il : Microsoft, puis la société alsacienne RBS comme directeur commercial pendant dix ans. En 2013, il est passé du côté de l’entrepreneuriat, en co-fondant Athéo Ingénierie.
Athéo conserve son nom, et Dorian Nicoletti prend une fonction de directeur général adjoint du groupe OCI, dont il intègre également le comité exécutif. Elle vise 15 à 20 recrutements supplémentaires et une forte croissance du chiffre d’affaires, qui pourrait aller jusqu’à un doublement en deux ans. Elle entend bien conserver également sa « souplesse » qui fait sa force selon elle, outre sa maîtrise technologique : « quand un client nous appelle le vendredi à minuit, on est chez lui le samedi à 7 heures pour rétablir ses données », assure le dirigeant.
Fondée à quatre en 2013, Athéo Ingénierie a rapidement grandi, sous l’effet stimulant d’industriels alsaciens. « Ils nous ont challengé, nous ont fait confiance et nous ont apporté ainsi la crédibilité », salue Dorian Nicoletti. Parmi eux figure le groupe de solutions énergétiques Socomec, dont la filiale E’nergys a été actionnaire minoritaire d’Athéo, jusqu’au rachat de la semaine dernière.
OCI, un poids lourd français. Né en Alsace, le groupe OCI conserve son siège et une base de développement à Mundolsheim, au nord de Strasbourg (Bas-Rhin). Un autre de ces fiefs se situe à Grenoble (Isère), où l’acte de rachat d’Athéo a été conclu. Il appartient depuis deux ans à un « family office ». Il se présente comme un champion français de la transformation numérique des entreprises et des organisations, notamment pour leur entrée dans le monde du cloud.
Il avait déjà grandi par croissance externe en 2019 en intégrant Scriba, un éditeur de solutions. Avec l’intégration d’Atheo Ingenierie, il atteint une taille de plus de 800 salariés et 130 millions d’€ de chiffre d’affaires.