Le constructeur de scooters électriques à Nancy (Meurthe-et-Moselle) annonce la livraison pour cette fin d’année des premières unités de son ModelE développé pour les particuliers. La start-up de 50 salariés s’est lancée en 2015 en concevant un deux-roues adapté à la livraison à domicile, un marché en pleine explosion.
« Lors de la ruée vers l'or, ce ne sont pas les chercheurs d’or qui se sont le plus enrichis, mais les vendeurs de pelles et de pioches ! » Valentin Dillenschneider, président du constructeur de scooters électriques RED Electric à Nancy (Meurthe-et-Moselle), aime manier les citations. L’image est parlante. Sa gamme professionnelle Pro50 outille en effet un secteur en pleine explosion, celui de la livraison à domicile : coursiers des plateformes Uber Eats et autres Deliveroo, restaurateurs proposant la livraison chez soi ou encore livreurs express de courses.
D’ici trois ans, les commandes apportées à domicile représenteront en France un chiffre d'affaires de 10,3 milliards d'€, selon une étude de Food Service Vision. De là à s’imaginer en Elon Musk du deux-roues électrique, il y a un pas que le cofondateur avc Etienne Mao de cette start-up de 50 personnes ne franchit pas !
Le trentenaire a mis au point une fusée à trois étages, non pas pour atterrir sur Mars comme le fondateur de Tesla et SpaceX, mais avec l’objectif de commercialiser 20.000 scooters électriques par an d’ici 2026. RED Electric est déterminée. La PME s’est lancée en 2015 avec un premier modèle robuste, charpenté pour les professionnels (60 km d’autonomie), intégrant un renfort de châssis et une place arrière capable d’emporter un « top-case » de 209 litres.
Plus de 3000 exemplaires du Pro50 sont en circulation en France et en Belgique, indique l’entreprise. RED Electric cherche maintenant à élargir le rayonnement de cette gamme en ciblant les flottes de collectivités territoriales ou de loueurs de véhicules.

président-fondateur
de RED Electric.
La société qui ne communique pas son chiffre d’affaires (*), franchit un cap supplémentaire en 2021. Les premières livraisons de sa gamme grand-public (ModelE) sont attendues en cette fin d’année. « La notoriété acquise dans le B to B (commerce à destination des professionnels) nous autorise aujourd’hui à cibler le marché du particulier avec une solide ambition, celle d’être le prochain Piaggio ou Peugeot », poursuit le dirigeant.
Le partenariat noué avec Fnac-Darty permet au scooter nancéien d’être présent dans une cinquantaine de magasins du groupe, avec un potentiel de 800 points de vente. Il faut reconnaître que la transition écologique joue en faveur du bolide décliné en trois versions offrant jusqu’à 120 km/h en vitesse maximum et 200 km en autonomie. La Ville de Paris rendra payant le stationnement des deux-roues motorisés thermiques à partir 2022. Tous les scooters mis en circulation depuis le 1er janvier dernier dans l’Union européenne doivent également répondre à des exigences plus élevées en matière de pollution (norme Euro 5).
Assemblage en France à l’étude

Troisième étage de la fusée, le scooter trois roues électrique présenté en 2019 au CES de Las Vegas, la grand-messe mondiale de la tech. Ses deux roues arrières fixes intègrent une technologie gyroscopique à mouvement pendulaire destinée à permettre la prise des virages.
Valentin Dillenschneider explique que « cette gamme se glisse entre le vélo cargo et un véhicule de livraison pour répondre à un besoin concret : Plus de 80% des tournées en milieu urbain emportent aujourd’hui moins d’un 1 m3 de marchandises. Ces tournées non optimisées occasionnent des problèmes de rentabilité et une pollution importante ». Les premiers tests réalisés avec un chargement de 700 litres permettent à l’entreprise d’envisager une commercialisation à l’horizon 2023.
L’entreprise ne se considère pas comme un simple « assembleur » de composants. Elle développe en effet ses propres technologies de gestion de la chaîne de traction. De même, sa conquête commerciale s’accompagne d’une réflexion sur le « made in France ». Le virage d’un assemblage en Chine vers un assemblage dans l’Hexagone est en cours de négociation. Le changement impliquerait un basculement de fournisseurs de composants asiatiques vers des fournisseurs européens, ce qui n’effraie pas le dirigeant outre mesure, au regard de la hausse des prix des transports par conteneurs maritimes.
Les 10 millions d’€ levés en début d’année auprès des sociétés d’investissement A-Venture et Celeste Management donnent des moyens supplémentaires à RED Electric. Tout comme le recrutement depuis un an d’anciens ingénieurs de chez Renault et de Thalès ou encore de cadres expérimentés venant de sociétés industrielles comme Shell et Piaggio. Un solide appui pour continuer à développer l’entreprise qui parie sur la qualité. Ses batteries sont d’ailleurs fabriquées à partir de cellules Samsung « identiques à la Model 3 de Tesla » pointe le dirigeant. Difficile d’éviter les références au néo-constructeur automobile américain !
(*) Près 1,1 million d'€ d'activité en 2019.